Accueil Critique Le Porteur d’histoire (Critique)

Le Porteur d’histoire (Critique)

0

D’Alex­is Michalik.
Mise en scène de l’auteur.
Spec­ta­cle créé en col­lab­o­ra­tion avec le Théâtre 13.

Avec
Amau­ry de Crayencour
Eve­lyne El Gar­by Klai
Mag­a­li Genoud
Eric Herson-Macarel
Régis Vallée

Assis­tante à la mise en scène : Camille Blouet.
Lumières & régie générale : Anaïs Souquet.
Cos­tumes : Mar­i­on Rebmann.
Son : Clé­ment Laruelle.
Musique orig­i­nale : Manuel Peskine.

Une quête ver­tig­ineuse à tra­vers l’histoire et les con­ti­nents. Un feuil­leton lit­téraire hale­tant qui nous entraîne dans un périple effréné à tra­vers le temps. Une invi­ta­tion à relire l’histoire, notre Histoire.

Par une nuit plu­vieuse, au fin fond des Ardennes, Mar­tin Mar­tin doit enter­rer son père. Il est alors loin d’imaginer que la décou­verte d’un car­net man­u­scrit va l’entraîner dans une quête ver­tig­ineuse à tra­vers l’histoire et les con­ti­nents. Quinze ans plus tard, au cœur du désert algérien, une mère et sa fille dis­parais­sent mystérieusement.

Le Por­teur d’histoire est un roman, un film, un con­te, une légende, un feuil­leton lit­téraire hale­tant à la Dumas, qui nous entraîne dans une quête effrénée, un périple à tra­vers le temps.

Mêlant per­son­nages célèbres et illus­tres incon­nus, Le Por­teur d’histoire nous invite à relire l’histoire, notre His­toire, à tra­vers celle de Mar­tin Mar­tin, mais aus­si celle d’Alia et de sa fille, d’Alexandre et d’Adélaïde, de Marie-Antoinette ou du Prince de Polignac.

Cinq comé­di­ens endossent les cos­tumes d’une myr­i­ade de per­son­nages. Ils sont là pour nous livr­er un dou­ble héritage: un amas de livres frap­pés d’un étrange cal­ice et un colos­sal tré­sor accu­mulé à tra­vers les âges par une légendaire société secrète.

Notre avis : Après un Shake­speare revis­ité de façon débridée et déjan­tée (La Mégère à peu près apprivoisée), Alex­is Micha­lik s’at­taque cette fois à l’His­toire (celle avec un grand H : la guerre d’Al­gérie, la Peste, la croisade des Tem­pli­ers…) et à l’histoire (la petite : celle de Mar­tin Mar­tin, un homme en plein divorce qui vient de per­dre son père). Très vite, les deux se mêlent dans un réc­it prenant, vif, par­fois retors. Avec peu d’ac­ces­soires, quelques cos­tumes, et un plateau qua­si­ment nu, Micha­lik et sa troupe nous entraî­nent dans un tour­bil­lon d’évène­ments, dans une intrigue à sus­pense et à tiroirs qui nous fera remon­ter d’au­jour­d’hui jusqu’à la nuit des temps (ou presque). Sans répit, les cinq comé­di­ens incar­nent une mul­ti­tude de per­son­nages avec aisance, pas­sant d’une époque à une autre en une inflex­ion de voix, accom­pa­g­nés d’une musique de scène util­isée de façon qua­si ciné­matographique. La mise en scène de Micha­lik est ingénieuse, évo­ca­trice et flu­ide et joue sans com­plexe, d’une façon évi­dente, avec les codes les plus sim­ples du théâtre (la plu­part des acces­soires sont mimés). Si on peut éventuelle­ment rester un peu sur sa faim quant au « fond » du spec­ta­cle, on ne peut qu’être impres­sion­né par cette « forme » éblouis­sante. Micha­lik exploite avec tal­ent la forme « feuil­leton » à la Dumas (auteur large­ment cité puisqu’il est même un per­son­nage cru­cial de la pièce) et le spec­ta­teur se laisse aller au plaisir gour­mand et inno­cent de se laiss­er racon­ter une histoire.