Musiques : Richard Cocciante
Paroles : Elisabeth Anaïs
Mise en scène : Jean-Louis Martinoty
Décors : Hans Schavernoch
Costumes : Jean-Charles de Castelbajac
Avec : Daniel Lavoie, Jeff, Cathaialine Andria, Romain Cortese, Stéphane Neville, Laurent Ban, Nicaud, Sébastien Izambard, Thomas Gerome, Christophe Cerine, Nicolas Saje.
A l’heure où l’on craint un nivellement par le bas des comédies musicales, on ne peut que saluer l’ambition du Petit Prince d’être « différent », comme l’affirmait son producteur Victor Bosch. Premier parti-pris louable : la volonté de jouer cette oeuvre dans un vrai théâtre à dimensions humaines. On n’ose imaginer ce que ce face à face aurait donné dans l’immensité d’un Palais des Sports ou des Congrès. Autre agréable surprise, la place importante faite aux dialogues qu’on croyait éradiqués des comédies musicales françaises et qui sont ?avouons-le- bien pratiques pour faire progresser l’action quand les chansons n’y parviennent pas. Ajoutons à cela une équipe sous la houlette d’un metteur en scène inspiré, Jean-Louis Martinoty, qui donne au spectacle sa cohérence globale et son esthétique dépouillée. Une troupe vocalement impeccable vient compléter l’ensemble.
Tous les ingrédients qui composent le théâtre musical que l’on aime semblent être réunis. Cependant, il manque une certaine alchimie, une part de magie et de légèreté qui fait que le tout manque un peu de fluidité. On comprend aisément quelles sont les contraintes imposées lorsque l’on adapte une oeuvre aussi mythique… et aussi protégée, et on ne peut reprocher à la comédie musicale d’être « trop » fidèle à l’oeuvre originale. Pourtant, la contribution d’un metteur en scène, d’un compositeur ou d’un parolier viennent parfois ajouter un nouveau niveau de lecture qui permettent de transcender l’esprit de cette oeuvre. Ici, on suit à la virgule près le déroulement du texte de Saint-Exupéry, on n’échappera donc pas à certaines longueurs, ni à l’enthousiasme de certains spectateurs ? adultes comme enfants ? trop heureux de pouvoir réciter à l’avance les célèbres répliques apprises en sixième. Malgré ce bémol, Le Petit Prince n’en demeure pas moins une comédie musicale ambitieuse qui, espérons-le, orientera les prochaines vers plus de dramaturgie et de sincérité.