Texte Pierre Guillois
Mise en scène Bernard Menez
Composition musicale François Fouqué
Avec Pierre Vial, Jean-Paul Muel, Guillaume Bouchède, Grégory Gerreboo
en alternance avec Pierre Guillois, Simon-Luca Oldani.
Piano Chris Cody en alternance avec Laurian Daire
Collaboratrice artistique Sophie Cusset
Décors Audrey Vuong
Costumes Axel Aust
Maquillage et perruques : Catherine Saint-Sever
Lumières Jean-Yves Courcoux
Chorégraphie Sophie Tellier
Chef de chant Céline Bothorel
Résumé :
Givrée, barrée, déglinguée, délurée, voici une comédie barge prête à en décoiffer plus d’un.
Un homme qui tombe en cloque, deux tatas irascibles, un bébé qui dégoûte tout le monde, un jeune gars exhibitionniste et un oiseau de malheur forment la brochette d’hurluberlus de cette comédie musicale déjantée.
Hommage au boulevard, sketches visuels, chansons grivoises, dialogues au cordeau, cet ovni théâtral enchaîne les coups de théâtre et s’amuse à saper méchamment nos valeurs les plus sacrées. Derrière le divertissement corrosif, cette pièce parle avec insolence de la perspective de notre déchéance physique et mentale et de nos frustrations face aux canons de beauté qui tiennent le haut du pavé.
Bernard Menez orchestre tout cela. Le sociétaire honoraire de la Comédie Française (Pierre Vial) et l’ancien du Magic Circus (Jean-Paul Muel) s’en donnent à cœur joie pour débiter les pires horreurs sur les vieux, les pauvres, les morts et les plus faibles possibles. Guillaume Bouchède passe du papa enceint au bébé ingrat, Grégory Gerreboo (en alternance avec Pierre Guillois) joue le veuf à la libido inconsolable tandis que Simon-Luca Oldani nous fait la joie d’effeuiller son très joli corps. Le tout accompagné par une mystérieuse pianiste (interprétée par Chris Cody ou Laurian Daire) qui fait danser et chanter cette drôle de bande.
Notre avis : Créée au Festival de Théâtre de Bussang en 2010 (lire notre compte-rendu), reprise à Paris au Théâtre du Rond-Point la saison passée, puis aujourd’hui sur la scène du Comédia, cette opérette barge de Pierre Guillois est un inclassable OVNI comme on en croise ponctuellement. Dès les premières minutes, on sait qu’on n’est pas dans une comédie musicale aseptisée, de celles qui passent à la radio et séduisent les jeunes filles en fleurs. Le pitch ? Un couple gay dont l’un est enceint, reçoit la visite de leurs deux tantes, Tante Chose et Tante Schmurtz, deux femmes tellement odieuses qu’à côté, Tatie Danielle passerait pour une Mary Poppins. De l’aménagement de la chambre du futur bébé à l’accouchement, en passant par une veillée funèbre atypique, le quotidien du couple est bouleversé par ces monstres bigger-than-life.
Définitivement « barge », barré, ce spectacle surprend par son incroyable liberté de ton : souvent à la limite du trash, le texte n’a peur de rien, flirte avec le mauvais goût, appuie là où ça fait mal, ne s’embarrasse pas du politiquement correct ni même d’un réel schéma dramatique. Tout part un peu dans de multiples directions mais la férocité du texte semble n’en ressortir que mieux. Auteur, metteur en scène, comédiens s’en donnent à cœur joie et les deux tantes, jouées par deux hommes, Pierre Vial et Jean-Paul Muel (excellents), rivalisent de méchanceté… Et le public en redemande mais autant dire que le spectacle n’est définitivement pas tout public. Mais les amateurs d’humour noir, décalé, cynique, ceux qui aiment sortir des sentiers battus, se confronter à des œuvres libres de toute contrainte, seront séduits par ce spectacle iconoclaste.