Le Goujon Folichon — Cabaret de maison close

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goujon-folichonMise en scène : Car­o­line Loeb.
Lumières : Anne Coudret.
Avec : Julien Fan­thou & Gérald Elliott.

Le Gou­jon Foli­chon, c’est ain­si que se nom­mait cette aimable auberge des bor­ds de Seine où, dès la sec­onde moitié du XIXème siè­cle le cha­land en goguette venait bar­bot­er, pêch­er, siester et se sus­ten­ter de fri­t­ures de gou­jons, bisque de homard et autres mets en vogue ; le tout au son de l’accordéon. Sa pub­lic­ité y figu­ra en bonne place chaque semaine dans le Figaro pen­dant des décen­nies, van­tant son accès facile depuis Paris via « l’autodrome » ou le chemin de fer, ain­si que l’accueil con­vivial et chaleureux. Jean Lor­rain en était un client assidu, ain­si que San Anto­nio bien des années plus tard, à une époque où les serveuses y accueil­laient les clients à draps ouvert. La vail­lante patronne en était mon arrière-grand-mère, Mémère Jea­nine comme on l’appelait dans la famille.

L’interprète lyrique pas­sion­né par les chemins de tra­verse que je suis a voulu ren­dre hom­mage à Mémère Jea­nine en ressus­ci­tant l’âme du lieu par des chan­sons peu­plées de mar­lous, filles de joie, filles per­dues, créa­tures noc­turnes, loufo­ques et interlopes.

Cet héritage de plaisirs m’est devenu une source de joies artis­tiques. Avec Gérald Elliott, incan­des­cent accordéon­iste, com­pos­i­teur et mul­ti-instru­men­tiste, nous avons tra­vail­lé des arrange­ments soignés et inven­tifs. Le duo accordéon et voix est l’idéal pour s’installer dans tous types de lieux. Car la mix­ité sociale qui fréquen­tait ce lieu dis­paru est aus­si celle que nous voulons attein­dre : en ville ou dans les champs, sur une scène, dans un bar, un salon, une cour, une rue… Le Gou­jon fait frétiller l’âme du pub­lic là où il le ren­con­tre, trop heureux de ne plus être séparé du pub­lic par la fos­se d’orchestre des scènes lyriques ! C’est que je suis devenu le Gou­jon Foli­chon, maître de céré­monie accueil­lant les spec­ta­teurs dans ce tout nou­veau « Cabaret de mai­son-close », per­son­nage énig­ma­tique égrenant chan­sons poé­tiques, réal­istes, fan­tai­sistes, retrou­vées ou com­posées sur mesure…

Julien Fan­thou, Sep­tem­bre 2015.