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Le bilan des Musicals 2006 — Les Musicals, deuxième !

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Les Musicals 2006 © Alfrédo Lopez
Les Musi­cals 2006 © Alfré­do Lopez
Les Musi­cals, deux­ième ! Après avoir fait ses pre­miers pas l’an dernier, Les Musi­cals, fes­ti­val dédié au théâtre musi­cal, pour­suit sa route avec assur­ance et en matière de pro­gres­sion, autant par­ler de « bond » plutôt que de « pas ». La pre­mière édi­tion était mémorable de par sa con­vivi­al­ité mais souf­frait d’une fréquen­ta­tion lim­itée. La deux­ième a su garder cette atmo­sphère chaleureuse tout en aug­men­tant con­sid­érable­ment le nom­bre de par­tic­i­pants. En un an, la famille s’est agrandie ! S’est donc retrou­vé à Béziers le milieu du théâtre musi­cal français : les pro­fes­sion­nels parisiens étaient certes en grande majorité mais les régions étaient égale­ment présentes par le biais de plusieurs com­pag­nies ou associations.

Une pro­gram­ma­tion éclectique
La pro­gram­ma­tion 2006 pro­po­sait une sélec­tion par­ti­c­ulière­ment éclec­tique, pas­sant aisé­ment du rire aux larmes, avec pour dénom­i­na­teur com­mun une grande qual­ité générale. Le drame intimiste Camille C. de Jonathan Kerr a ouvert le bal, le sur­prenant Bat­te­ments de coeur pour duo de cordes a con­quis le pub­lic, les religieuses de Non­nesens ont apporté une bouf­fée de folie, Musi­cal Sus­pect a ren­du hom­mage à la comédie musi­cale et à ceux qui la défendaient. Enfin, La sor­cière éphémère a réu­ni jeune et moins jeune public.

Les décou­vertes de l’an­née dernière ont pu pren­dre corps lors de cette édi­tion. Cyra­no de Berg­er­ac, d’Alexan­dre Ail­laud, Jean-Jacques Otta­viani, Frédéric Pog­gi et Francky de Peretti, d’après l’oeu­vre de Ros­tand, avait reçu le Prix Décou­verte en 2005. Les spec­ta­teurs ont pu le décou­vrir sur scène dans une ver­sion show case. Le vain­queur du Prix SACD 2005 (pour le meilleur livret) avait été attribué à Stéphane Laporte pour Panique à Bord. Les fes­ti­va­liers ont pu en savour­er une lec­ture pétil­lante et décou­vrir à cette occa­sion la par­ti­tion alerte de Patrick Laviosa. Servi par une dis­tri­b­u­tion de pre­mier choix (Vicent Heden, Ari­ane Pirie, Chris­tine Bon­nard, Jacques Verzi­er, Gilles Vajou, Angélique Rivoux) fut un des grands moments de bonne humeur du festival.
Enfin, pour clô­tur­er le tout, Les Musi­cals pro­po­sait une ini­tia­tive très orig­i­nale : présen­ter des « Mini-musi­cals », comédies musi­cales cour­tes. Deux mini-musi­cals promet­teurs et très dif­férents ont ain­si fait leurs débuts à Béziers : L’his­toire de Sal­ly Mac Lau­reen de Chris­tine Kan­del et le loufoque Hôtel des Zoizos de Hervé Devolder.

Deux tables ron­des et une mas­ter class
En marge de ces man­i­fes­ta­tions des tables ron­des étaient organ­isées. La pre­mière a rassem­blé nom­bre d’ac­teurs essen­tiels du théâtre musi­cal en France. Le mes­sage général : se ser­rer les coudes et con­tin­uer d’a­vancer ensem­ble. Les pro­jets ne man­quent pas, les bonnes idées se doivent d’être soutenues. Les récents suc­cès prou­vent que la comédie musi­cale peut rap­porter de l’ar­gent en séduisant un pub­lic large et que l’im­pact de la télévi­sion comme out­il pro­mo­tion­nel est non nég­lige­able, mais pas essen­tiel. Le bouche à oreille fonc­tionne, encore faut-il lui laiss­er le temps de fonc­tion­ner. Une sec­onde table ronde s’in­téres­sait plus spé­ci­fique­ment au ciné­ma musi­cal. Si l’âge d’or est à jamais révolu, il n’en est pas de même du genre en tant que tel. La sélec­tion très var­iée de courts métrages musi­caux en est une preuve fla­grante. La plu­part de leurs auteurs ont par­ticipé à cette dis­cus­sion, cha­cun d’en­tre eux ayant des pro­jets musi­caux plein la tête. Si la par­tic­i­pa­tion du pub­lic était moin­dre pour le ciné­ma, gageons que cet art saura s’im­pos­er dans les futures édi­tions. Enfin, le same­di matin, les lève tôt ont pu assis­ter à une mas­ter class ani­mée par Mag­a­li Dieux et Richard Cross, plus spé­ci­fique­ment con­sacrée au coach­ing. Com­ment inter­préter un rôle, com­ment se sen­tir bien sur scène de manière à faire pass­er toutes les émo­tions néces­saires ? Autant de ques­tions aux­quelles les deux spé­cial­istes ont répon­du par l’ex­em­ple : plusieurs appren­tis chanteurs étant con­viés à venir sur scène pour béné­fici­er de con­seils personnalisés.

Clô­ture en beauté
Comme toutes les bonnes choses ont une fin, les fes­ti­va­liers se sont retrou­vés pour la dernière fois au Théâtre Munic­i­pal pour la soirée de clô­ture. Après un petit dis­cours bilan de Matthieu Gal­lou, créa­teur du fes­ti­val, les trois mem­bres du jury sont mon­tés sur scène pour don­ner leurs impres­sions sur ce qu’ils avaient vu au cours de ces trois jours. « Nous avons vu des spec­ta­cles extra­or­di­naires, je ne pen­sais même pas que c’é­tait pos­si­ble de faire ça en France » s’est félic­ité Claude-Michel Schön­berg, le prési­dent du jury avant de prodiguer quelques bons con­seils, « il faut con­tin­uer dans cette voie et tou­jours se remet­tre en ques­tion, la crédi­bil­ité du fes­ti­val en sor­ti­ra ren­for­cée. Il faut absol­u­ment que ce fes­ti­val soit une sorte de club de ren­con­tres : tra­vailler tous ensem­ble, unir ses efforts en France et à l’in­ter­na­tion­al. Dans la créa­tion d’une comédie musi­cale, on a tou­jours besoin de quelqu’un pour rebondir ». A leur tour, Gérard Chail­lou et Mohamed Dris­si, les deux autres mem­bres du jury, se sont réjouis de la qual­ité des oeu­vres présentées.

Au cours de cette soirée, les cinq chan­sons final­istes con­cour­ant pour le Prix Claude-Michel Schön­berg de la meilleure chan­son de comédie musi­cale ont été inter­prétées par leurs créa­teurs accom­pa­g­nés par l’im­posant orchestre du Con­ser­va­toire Munic­i­pal de Béziers dirigé par François Louche, avec des arrange­ments de Thier­ry Boulanger. Les dif­férents Prix ont été remis entre chaque chan­son, à com­mencer par les Prix décernés par le Jury. Le Prix Décou­verte du meilleur pro­jet de comédie musi­cale en cours de créa­tion a récom­pen­sé Amnésia de Marie et Jean-Claude Bram­ly. Quant au Prix SACD du meilleur pro­jet de comédie musi­cale en cours d’écri­t­ure, il a été remis à Philippe Ron­d­est et Michel Frantz pour Les déli­rantes (qui porte bien son nom !). « On a l’im­pres­sion d’être dans un con­te de fées, c’est la pre­mière fois que nous recevons un prix ! » s’est exclamé Philippe Ron­d­est, « avec ce prix, nous voyons surtout une ouver­ture vers la réal­i­sa­tion défini­tive de l’ou­vrage sur scène, d’ailleurs ce fes­ti­val est une idée for­mi­da­ble pour se ren­con­tr­er les uns les autres et accéder beau­coup plus facile­ment aux décideurs ». Nou­veauté de cette deux­ième édi­tion des Musi­cals, le Prix Ciné-Musi­cals du meilleur court-métrage de comédie musi­cale a récom­pen­sé Bhai Bhai de Olivi­er Klein et un Prix spé­cial a été remis à Nico­las Engel pour Les Voiliers du Lux­em­bourg. C’est la pre­mière fois que mon film est présen­té dans un fes­ti­val, c’est donc très agréable de repar­tir avec ce prix ! Je n’ai pas peur des films de genre, la preuve avec mon court-métrage qui me donne l’en­vie de dévelop­per d’autres pro­jets. J’ai notam­ment un long-métrage entière­ment chan­té en écriture.

Place ensuite aux Prix décernés par les pro­fes­sion­nels accrédités qui ont voté pen­dant le Fes­ti­val. Le Prix de la meilleure comédie musi­cale de créa­tion est revenu à Camille C. de Jonathan Kerr qui s’est déclaré très heureux, « je ne pou­vais pas rêver mieux. Nous avions reçu le Molière alors que Camille C. n’é­tait plus à l’af­fiche. J’e­spère que ce prix va per­me­t­tre de le relancer. C’est bien par­ti car ce fes­ti­val m’a per­mis de ren­con­tr­er un pro­duc­teur qui va nous aider. Nous devri­ons présen­ter Camille C. dans sa ver­sion sym­phonique sous forme de réc­i­tal dans un fes­ti­val ». Le Prix de la meilleure reprise ou adap­ta­tion a récom­pen­sé Le vio­lon sur le toit, incon­testable­ment le grand suc­cès de l’an­née. Pour Serge Tapier­man, l’heureux pro­duc­teur qui n’a pas eu peur de pren­dre des risques, « c’est une belle récom­pense ». Très en verve, il a tenu à faire partager son ent­hou­si­asme « avec Non­nesens, j’avais franchi une pre­mière étape et prou­vé qu’on pou­vait mon­ter une petite comédie musi­cale comme une grande. Quand j’ai voulu mon­ter Le vio­lon sur le toit avec en plus un orchestre de seize musi­ciens sur scène, tout le monde m’a dit que j’é­tais fou ! Aujour­d’hui le résul­tat est là, c’est un grand suc­cès. Cela doit faire réfléchir et don­ner des idées aux autres pro­duc­teurs. D’au­tant que nous avons des artistes tal­entueux en France qui savent jouer la comédie, chanter et danser. Ce prix me rend encore plus opti­miste pour la suite ! ».

Le Prix d’in­ter­pré­ta­tion mas­cu­line a été attribué à Vin­cent Heden (Camille C., Le vio­lon sur le toit, Titan­ic) que les fes­ti­va­liers ont pu appréci­er aus­si dans Musi­cal Sus­pect et Panique à Bord. « Vous êtes sûr que c’est bien pour moi ? » s’est-il éton­né avec humour, « je ne m’y attendais vrai­ment pas, je n’avais même pas voté pour moi ! Je suis très hon­oré. Je partage ce prix avec tous les autres nom­inés et par­ti­c­ulière­ment avec Franck Vin­cent mon parte­naire dans Le vio­lon sur le toit. Un spec­ta­cle est une aven­ture col­lec­tive où cha­cun apporte sa pierre à l’éd­i­fice. J’ai retrou­vé cette sol­i­dar­ité dans ce fes­ti­val, on en repart avec plein d’é­toiles et d’e­spoir ». Quant au Prix d’in­ter­pré­ta­tion fémi­nine, il a été remis à Chris­tine Bon­nard (Non­nesens, Le vio­lon sur le toit), hila­rante égale­ment lors de la lec­ture de Panique à Bord. « Je n’en reviens pas d’avoir obtenu cette récom­pense. Il n’y a que deux ans que j’ai décidé de franchir le pas et de faire de ma pas­sion mon méti­er » a‑t-elle rap­pelé très émue, « je suis d’ailleurs gênée et mal à l’aise vis à vis des autres filles qui étaient nom­inées et que j’ai pu appréci­er sur scène avant d’y être moi-même. J’ai l’im­pres­sion que ça va trop vite, ça me fait même un peu peur mais j’ap­prends à gér­er et aujour­d’hui je suis très heureuse ».

Pour con­clure, par­mi les cinq chan­sons enten­dues au cours de la soirée, Claude-Michel Schön­berg a décidé de remet­tre le Prix qui porte son nom à « Je suis Camille », chan­son d’ou­ver­ture de Camille C., qu’An­nick Cis­aruk est venue inter­préter une deux­ième fois en guise de final de cette dernière soirée de la deux­ième édi­tion des Musicals.

Nous ter­minerons avec le mot de Matthieu Gal­lou, créa­teur du fes­ti­val qui pense déjà aux futures édi­tions : « J’ai créé Les Musi­cals comme un acte de résis­tance. Comme un défi à la bêtise toute puis­sante mar­ketée pour cerveau disponible. En deux édi­tions, ont été régénérées des envies et des ambi­tions qu’on aurait pu croire aban­don­nées. 2005 appa­raît claire­ment comme la pre­mière année du renou­veau de la comédie musi­cale française : suc­cès et couron­nement de Chance, créa­tion et sacre de Camille C., réus­site com­mer­ciale de Non­nesens et d’Un Vio­lon sur le toit. Il exis­tait une attente immense de la pro­fes­sion pour un fes­ti­val de comédies musi­cales que cette édi­tion 2006 a con­fir­mé. J’ai été très impres­sion­né par la fer­veur et le plaisir qu’ont partagé les fes­ti­va­liers pen­dant cinq jours. Je réfléchis désor­mais aux objec­tifs de l’édi­tion 2007 et 2008. Ce que je peux déjà vous dire, c’est que la prochaine édi­tion sera celle de la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle et des jeunes généra­tions. Nous sommes tous con­cernés. Et main­tenant, au boulot ! »