Le Bal des vampires (Critique)

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bal-des-vampiresUn musi­cal de Jim Stein­man et Michael Kunze.
Mise en scène de Roman Polanski.

Avec David Alex­is (Pro­fesseur Abron­sius), Sinan Bertrand (Her­bert Von Krolock), Moniek Boers­ma (Mag­da), Daniele Car­ta Mantiglia (Alfred), Rafaëlle Cohen (Sarah), Stéphane Métro (Comte Von Krolock), Guil­laume Geof­froy (Koukol), Solange Mil­haud (Rebec­ca), Pierre Samuel (Cha­gal, dou­blure Pro­fesseur Abronsius).

L’ensem­ble : Bart Aerts, Alexan­dre Bernot, Ludi­vine Bigéni, Christophe Borie, Pas­cale Brud­er­er Moe, Pierre-Antoine Brunet, Hélène Buan­nic, Fab­rice Caza­ux, Luna Chi­querille, Flo­ri­an Cléret, Emmanuelle Guélin, Costan­ti­no Imper­a­tore, Ana Ka, Alyzeé Lalande, Elsa Le Foresti­er, Joana Mendil, Mar­cel­la Morel­li, San­dra Peri­cou, Romain Rach­line, Mat­teo Reg­girori, Olivi­er Rey, San­drine Seu­bille, Manon Taris, Stoy­an Zmar­z­lik, Kir­ill Zoly­gin, Mike Zubi.

Résumé : Pour la pre­mière fois en France et en français, Stage Enter­tain­ment France, la société de pro­duc­tion qui a per­mis au pub­lic français de décou­vrir les adap­ta­tions à suc­cès des musi­cals de Broad­way comme Cabaret, Le Roi Lion, Zor­ro, Mam­ma Mia!, Sis­ter Act ou récem­ment La Belle et la Bête, présen­tera, en col­lab­o­ra­tion avec Vere­inigte Büh­nen Wien (VBW), le musi­cal Le Bal des vam­pires, en adap­ta­tion scénique du film culte éponyme de Roman Polanski.

Entouré de l’auteur à suc­cès Michael Kun­ze pour le livret et du géant du Rock Jim Stein­man pour la musique, Roman Polan­s­ki signe un Le Bal des vam­pires exubérant et décalé où humour et hor­reur se con­juguent pour l’éternité ! Bal­lades rock, humour ren­ver­sant, choré­gra­phies, décors et cos­tumes éblouis­sants traduisent sur scène l’atmosphère si par­ti­c­ulière et le car­ac­tère unique du film et invi­tent à mor­dre à pleine dents dans la légende qui fascine des généra­tions, celle des vampires.

Pen­dant près de deux heures et demie, les spec­ta­teurs accom­pa­g­nent les péripéties du pro­fesseur Abron­sius et de son jeune assis­tant Alfred par­tis en voy­age dans la mys­térieuse con­trée de Tran­syl­vanie, per­suadés que les vam­pires exis­tent. Arrivés dans un petit vil­lage, ils font la con­nais­sance des habi­tants qui sem­blent ter­ri­fiés par une étrange présence. Bien­tôt, la fille de l’auber­giste, Sarah, est enlevée par un vam­pire. Abron­sius et Alfred, tran­si d’amour devant la belle jeune fille, par­tent à sa recherche. Elle est retenue au château du ter­ri­fi­ant comte von Krolock. Les deux voyageurs retrou­vent vite la trace des buveurs de sang…

POUR

Après La Belle et la Bête, Stage Enter­tain­ment mise sur un spec­ta­cle inat­ten­du, Le Bal des Vam­pires, grand suc­cès notam­ment à Berlin et Vienne mais assez peu con­nu du pub­lic français. Avec Roman Polan­s­ki à la mise en scène, on s’attend à un spec­ta­cle de grande qual­ité et réglé au mil­limètre… et on n’est pas déçu : l’am­biance, les décors, les cos­tumes et la pré­ci­sion des choré­gra­phies nous empor­tent en Tran­syl­vanie, au roy­aume du comte von Krolock…
Les artistes minu­tieuse­ment choi­sis incar­nent par­faite­ment les rôles. Le comte von Krolock est inter­prété par un Stéphane Métro tout sim­ple­ment magis­tral, dont le charisme et la voix puis­sante col­lent par­faite­ment au rôle ; le pub­lic retient son souf­fle à cha­cune de ses appari­tions. La jeune et jolie Rafaëlle Cohen dans le rôle de Sarah est touchante de sincérité, et on appré­cie égale­ment le jeu et la voix de Daniele Car­ta Mantiglia qui incar­ne le jeune Alfred. David Alex­is n’est pas en reste : son inter­pré­ta­tion du pro­fesseur Abron­sius est épous­tou­flante. Mal­gré un texte très rapi­de à chanter tout au long du spec­ta­cle, il réus­sit la prouesse d’être par­faite­ment com­préhen­si­ble, ce qui mérite d’être souligné.
L’ensem­ble du cast­ing est à la hau­teur de ce grand show et l’investissement de chaque danseur, chanteur et comé­di­en est d’une qual­ité spectaculaire.
L’humour est égale­ment présent, et on rit des répliques de Cha­gal (Pierre Samuel) et la déri­sion de cer­taines scènes fait son effet.
Le Bal des vam­pires est une suc­ces­sion de beaux tableaux chan­tés et dan­sés, les sub­limes décors et pro­jec­tions appor­tent encore plus de pro­fondeur et de beauté à ce spec­ta­cle. Le tra­vail des cos­tumes et du maquil­lage est sans con­teste une très grande réus­site. On applau­dit égale­ment les effets visuels — notam­ment les scènes de miroirs — rien n’est lais­sé au hasard dans cette mise en scène savam­ment orchestrée par Roman Polan­s­ki. On sent l’œil du cinéaste dans chaque geste et chaque inten­tion des artistes.
Le Bal des vam­pires est un des meilleurs spec­ta­cles pro­duits par Stage Enter­tain­ment et donne envie de se faire mor­dre… encore et encore.

(Fany Dias)

CONTRE

On aurait aimé appréci­er Le Bal des vam­pires. Parce que le film éponyme est un clas­sique de la par­o­die. Parce que Roman Polan­s­ki n’a plus à prou­ver son tal­ent et sa créa­tiv­ité. Parce que les spec­ta­cles précé­dents pro­posés par Stage Enter­tain­ment au pub­lic français étaient indé­ni­able­ment de qual­ité, quelle qu’en fut la récep­tion cri­tique ou pop­u­laire. Las, cette dernière propo­si­tion n’est sans doute pas la bonne. On attendait un spec­ta­cle drôle, décalé et des textes incisifs mais force est de con­stater qu’on rit peu. De fait, la qua­si-total­ité des dia­logues est chan­tée et l’on saisit mal les paroles. Quant à l’histoire, elle peine à embar­quer le pub­lic et à faire évoluer des per­son­nages figés. Les scènes imper­ti­nentes qui rail­laient les clichés du ciné­ma de vam­pires ont lais­sé place à des chan­sons de qual­ité iné­gale. Le tube « Total Eclipse of the Heart » – devenu en français « Tu fais s’éclipser mon cœur » – est omniprésent, ce qui comblera les fans… et irrit­era les autres… Les ingré­di­ents qui avaient fait le suc­cès du film orig­inel – humour, par­o­die, irrévérence – ont per­du de leur saveur en se « musi­cal­isant ». Nous avons donc droit à un Bal des vam­pires asep­tisé et on s’ennuie un peu. Le tal­ent des artistes n’est aucune­ment en cause puisqu’on peut affirmer sans réserve qu’ils ser­vent le show avec investisse­ment et con­vic­tion. D’ailleurs, David Alex­is, dans le rôle du Pro­fesseur tire tout à fait son épin­gle du jeu, notam­ment à tra­vers deux chan­sons tech­niques où il effectue des prouess­es grâce à une dic­tion et un débit par­faite­ment maîtrisés. Les applaud­isse­ments qui salu­ent ses per­for­mances sont ample­ment mérités. Il est la vraie révéla­tion de ce Bal. On remar­que égale­ment Sinan Bertrand qui réus­sit à exis­ter mal­gré de rares inter­ven­tions, mais ses appari­tions en vam­pire gay font mouche. Enfin, à l’instar de ses pro­duc­tions précé­dentes, Stage offre un show d’ampleur, surtout au niveau de la scéno­gra­phie, des cos­tumes ou des décors. Et si les vam­pires ont réus­si à séduire l’Autriche ou l’Allemagne, souhaitons égale­ment à leurs homo­logues français de relever le défi.

(Alex­ia Guarinos)