Laurent Viel
Accompagné par Thierry Garcia aux guitares
Spectacle conçu avec la collaboration de Xavier Lacouture
Et si les chansons de Jacques Brel étaient interprétées avec la virulence qu’elles contiennent ? Laurent Viel entreprend cette démarche avec une vigueur dont on sort ébahi et secoué. Et finalement pas mécontent. Accompagné d’un unique guitariste, le chanteur dépeint un personnage situé entre un Don Quichotte misanthrope et Jacques Brel lui-même. Pour ce dernier, l’observation au scalpel des humains était un exercice forcément nauséabond. Par conséquent, le traitement est abrasif et provoque des frissons d’effroi. Au risque de passer pour masochiste, on adhère notamment pour l’humour noir des situations. Avec son regard exorbité et un visage glaçant, l’interprète ne retient ni sa fureur ni un vague sourire en coin. Il secoue littéralement l’auditoire et cette attitude sied aux chansons retenues. L’acuité des chansons de Brel ressort, elle est actualisée à notre société encore plus frileuse et déshumanisée. La référence à Don Quichotte vient de L’homme de La Mancha une comédie musicale que Jacques Brel lui-même avait adaptée sur scène en 1968. L’identification des personnages apparaît de manière évidente. La richesse du matériel et cette lecture à plusieurs niveaux forment une trame habilement exploitée par Laurent Viel. On lui pardonnera volontiers son traitement digne d’une lessiveuse, il en sort aussi épuisé que le public en est ravi.