Laurent Valière — Broadway s’invite sur France Musique chaque dimanche

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Laurent Valière © Radio France / Christophe Abramowitz
Lau­rent Val­ière © Radio France / Christophe Abramowitz

Pourquoi une émis­sion sur la comédie musicale ?
Je suis jour­nal­iste pour Radio France depuis huit ans, j’ai pro­duit des émis­sions pour France Inter et j’avoue que la comédie musi­cale est un peu mon péché mignon. La toute pre­mière émis­sion que j’ai faite, sur une petite radio de la région parisi­enne, était con­sacrée aux comédies musi­cales et musiques de films. Vous m’aviez à l’époque aidé et nous avons pas mal pioché dans votre dis­cothèque ! Je con­nais­sais déjà l’u­nivers du musi­cal grâce à un voy­age en 1986. J’y avais vu ma pre­mière comédie musi­cale à Broad­way : A Cho­rus Line. Elle m’a don­né envie d’en décou­vrir d’autres. Désor­mais, je ne passe plus par New York sans aller voir un spec­ta­cle. J’en ai vu à ce jour une trentaine. Le ciné­ma a égale­ment sa place, avec des films musi­caux, tel Yentl, sans par­ler des films de Dis­ney que l’on voit petit…

J’ai eu égale­ment la chance de ren­con­tr­er Marni Nixon, qui a dou­blé Natal­ie Wood dans West Side Sto­ry et Audrey Hep­burn dans My Fair Lady. Ses pro­pos étaient pas­sion­nants. L’in­ter­view a été dif­fusée en 2000 sur France Cul­ture. Enfin, j’ai vécu une expéri­ence pas­sion­nante l’an dernier en par­tic­i­pant à l’émis­sion de Benoît Duteurtre « Eton­nez-moi Benoît » où je tenais une rubrique sur l’ac­tu­al­ité de la comédie musi­cale en France. C’est sans doute ce qui a décidé France Musique à me pro­pos­er de pro­duire une émis­sion régulière sur ce genre. Et j’en suis ravi, car il existe tout un réper­toire très riche, essen­tielle­ment anglo-sax­on à faire décou­vrir, on ne l’en­tend qua­si­ment jamais à la radio.

Com­ment se décom­pose une émission ?
42ème rue se veut une émis­sion diver­tis­sante. Je ne me prive pas de dif­fuser des bons vieux stan­dards pour le plaisir pour chanter et danser à l’heure du déje­uner le dimanche. Notez que même une chan­son aus­si célèbre que « Singin’in the rain », on ne l’en­tend pas à la radio. Toutes les stars de Broad­way sont con­vo­quées, les cuiv­res, les vio­lons, les grands sen­ti­ments struc­turent l’émis­sion avec une teinte par­ti­c­ulière chaque semaine. En fait je souhaite trans­porter l’au­di­teur à Times Square, évo­quer toutes les façades scin­til­lantes des théâtres. Quand on allume son poste, j’al­lume les pro­jecteurs et en avant ! Pour chaque émis­sion, je choi­sis une grande affiche. Vingt-cinq min­utes con­sacrées à un thème. Cela peut être une oeu­vre, par exem­ple six titres de West Side Sto­ry, mais aus­si une artiste con­nue comme Bar­bra Streisand ou moins con­nue comme Lena Horne. Enfin cela peut être un thème plus général, à l’in­star des élec­tions améri­caines pour l’émis­sion du 2 novem­bre. Deux autres séquences plus cour­tes com­plè­tent le pro­gramme. La voix fan­tôme me tient à coeur. En l’oc­cur­rence il s’ag­it de faire décou­vrir les artistes qui dou­blaient les stars dans les films hol­ly­woo­d­i­ens, comme Marni Nixon que j’évo­quais tout à l’heure. C’est tout un pan de la machine à rêve qui est ain­si évo­qué : on fai­sait croire que les acteurs chan­taient, les dou­blures n’avaient pas le droit d’être créditées au générique du film. Red­if­fuser ces morceaux me per­met de ren­dre à César ce qui lui appar­tient ! Je ter­mine par une séquence d’ac­tu­al­ité sur Lon­dres, Broad­way ou Paris. Les spec­ta­cles à l’af­fiche ne man­quent pas, comme c’est le cas à Paris actuellement.

Après plusieurs semaines, quels retours avez-vous ?
Je vous cit­erai le pre­mier mail que j’ai reçu et qui m’a fait très plaisir. Une auditrice me dit avoir décou­vert l’émis­sion par hasard et que rien ne la prédes­ti­nait à pass­er « une mat­inée aus­si égayée, autant vous dire que je n’ai jamais fait le ménage avec autant d’en­train ! ». Je tiens, pen­dant une heure, à faire pass­er du bon temps aux audi­teurs, sans pré­ten­tion, en apprenant des choses…

Quelle est votre déf­i­ni­tion d’une bonne comédie musicale ?
Il faut que ça claque ! Que ce soit réglé comme de l’hor­logerie. Et même si ce sont des évi­dences, j’at­tends d’un spec­ta­cle qu’il soit joué, mis en scène et choré­graphié avec rigueur et pro­fes­sion­nal­isme. Pour cer­tains des spec­ta­cles à l’af­fiche à Paris depuis la ren­trée, ce n’est pas tou­jours le cas, ce qui con­duit logique­ment à penser qu’en France, nous n’avons décidé­ment pas la cul­ture de cette exi­gence. Il faut qu’il y ait un envol, que l’on soit hap­pé par le show. Toute­fois, ce qu’il y a de très intéres­sant à Paris en ce moment, c’est la diver­sité des comédies musi­cales pro­posées : du grand spec­ta­cle dans des lieux immenses comme Rab­bi Jacob à des oeu­vres plus intimistes comme Epouse-moi que j’ai trou­vé for­mi­da­ble. Je reste curieux de tout, on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise !

Quels thèmes abor­derez-vous dans les émis­sions futures ?
J’ai plein d’idées. Je vais par exem­ple con­sacr­er une grande affiche à Super­man. Avant que le ciné­ma ne s’en empare, Broad­way a adap­té cette bande dess­inée en un spec­ta­cle qui fut un flop mais qui me plaît beau­coup. En fait, le but est d’al­tern­er les spec­ta­cles plus ou moins con­nus de Gen­tle­men Pre­fer Blondes à A Fun­ny Thing Hap­pened On The Way To The Forum, les inter­prètes, stars ou pas stars comme Lena Horne, Elaine Stritch, avec l’en­vie d’élargir aux pro­duc­teurs ? j’ai con­coc­té une grande affiche sur David Mer­rick ? les choré­graphes, les gens qui sont plus dans l’om­bre. Vous trou­verez des grandes affich­es sur le tan­dem génial de scé­nar­istes et paroliers Bet­ty Comen et Adolph Green, une spé­ciale Noël con­sacrée à Dis­ney, dont l’u­nivers musi­cal a influ­encé nom­bre d’a­ma­teur de musi­cals, en atten­dant une spé­ciale Bar­bra Streisand, Julie Andrews. Enfin… leurs par­cours sont telle­ment imposants qu’il faudrait leur con­sacr­er cinq émis­sions cha­cune ! Sans aller jusqu’à dire que le réper­toire de la comédie musi­cale est inépuis­able, force est de con­stater qu’une mul­ti­tude d’oeu­vres exis­tent et méri­tent notre atten­tion. Il existe tout un monde pas­sion­nant à faire décou­vrir au grand public.