en plateau avec Thomas Pitiot
Une soirée, deux chanteurs : très bonne formule. Laurent Madiot, dont vous avez pu apprécier le talent dans Le petit monde de Georges Brassens, spectacle qu’il a écrit, impose une présence sympathique en entonnant « week-end couette » (également le titre de son album), entouré de ses deux musiciens (contrebasse de Jeff Hallam et guitares de Csaba Palotaï). Si ses textes peuvent être un peu brouillon, ou d’une gentille naïveté (« vivre tue »…), ce jeune chanteur ne ménage pas ses efforts pour séduire le public. Et dans ce tour de chant, un petit bijou : un poème moelleux de Rimbaud qu’il interprète en s’accompagnant à la guitare. Un beau moment de tendresse qui nous fait penser que plus l’auteur travaillera à l’épure dans ses textes, plus il pourra communiquer son talent.
Son comparse Thomas Pitiot, avec sa formation musicale plus importante, joue davantage le lutin malin et complice. Avec sa frimousse coquine, le métissage de sa musique emballe en quelques couplets. L’Afrique y fait pour beaucoup, sans oublier Saint-Denis : la banlieue du chanteur l’inspire fort à propos. Il présente un 93 loin des clichés, toute en malice. Le défaut que, avec un rien de coquetterie, il se reproche : les interludes interminables entre deux chansons. Notre brave Thomas est un peu dur avec lui-même puisque ces interludes sont souvent prétextes à des digressions désopilantes, que ce soit au sujet de ses brefs séjours chez ses parents juste avant de monter sur scène, ou bien les noms des médicaments comme autant de héros de manga sympathiques ou agressifs…
En résumé, deux artistes à suivre de près. Ils sont de cette race qui vous inspirent confiance en l’avenir de la bonne chanson française.