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La Traviata — Mourir d’aimer

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La Traviata ©DR
La Travi­a­ta ©DR

Opéra créé en 1853 par Giuseppe Ver­di (1831–1901). Livret de Francesco Maria Piave d’après La dame aux camélias d’Alexan­dre Dumas fils.

Airs prin­ci­paux
Lib­i­amo ne’ lieti cali­ci; E stra­no ! è stra­no; Sem­pre lib­era deg­g’io; Ah! Dite alla giovine si belle e pura; Noi siamo zin­garelle; Addio del pas­sato; Ah! gran Dio ! Morir si giovine

Syn­op­sis
La cour­tisane Vio­let­ta Valéry donne un fête chez elle et, par­mi les invités, elle remar­que un jeune homme, Alfre­do Ger­mont. Celui-ci lui déclare sa flamme et Vio­let­ta ne reste pas indif­férente. Ils tombent amoureux et bien­tôt vivent ensem­ble. Le père d’Al­fre­do vient s’en­tretenir avec Vio­let­ta : il lui rap­pelle que sa mau­vaise répu­ta­tion rejail­lit néga­tive­ment sur la famille, en par­ti­c­uli­er la jeune soeur à mari­er d’Al­fre­do. Vio­let­ta se sac­ri­fie et aban­donne son amant. Au cours d’une fête, ils se croisent, et sous le coup de la colère, il l’hu­m­i­lie en pub­lic. Vio­let­ta, déjà affaib­lie par la phtisie, voit son état s’ag­graver brusque­ment. Alfre­do apprend par son père pourquoi Vio­let­ta l’a vrai­ment quit­té. Il se pré­cip­ite à son chevet et l’as­siste dans son dernier soupir.

Le thème
La Travi­a­ta est entière­ment cen­tré sur une femme au grand coeur, en butte à l’hypocrisie de la haute-société du 19ème siè­cle. L’ac­cent est mis sur l’op­po­si­tion entre la femme de mau­vaise répu­ta­tion mais fon­da­men­tale­ment généreuse, et la bour­geoisie bien pen­sante mais destruc­trice d’e­spoir. A une époque con­traig­nante pour le sexe dt faible, Vio­let­ta paie injuste­ment sa lib­erté au prix fort. Pour don­ner plus de poids à un thème qui lui est cher, Ver­di situe son opéra, comme la pièce, à sa pro­pre époque.

L’his­toire der­rière l’histoire 
Le titre de cet opéra évoque une femme de mau­vaise vie, qui a aban­don­né l’honor­a­bil­ité pour un « chemin de tra­verse » (travia). En français, on dirait « La dévoyée ».
La Travi­a­ta est le piv­ot de la car­rière de Ver­di. L’opéra vient com­pléter deux indis­cuta­bles suc­cès précé­dents, Rigo­let­to (1851) et Il trova­tore (Le trou­vère - 1853). Avec ce qu’on appellera la trilo­gie pop­u­laire, il devient le pre­mier com­pos­i­teur d’opéra ital­ien et le demeur­era pour la sec­onde moitié du 19ème siè­cle. Out­re son indis­cutable tal­ent, il doit aus­si son ascen­sion au som­met à la femme qui vit à ses cotés, et à laque­lle on a fait les mêmes reproches qu’à la Vio­let­ta de La Travi­a­ta. En effet, Giusep­pina Strep­poni avait notoire­ment été la maîtresse d’une per­son­nal­ité con­nue avant de ren­con­tr­er Ver­di, et nom­breux ont été les reproches de l’en­tourage du cou­ple à son égard. Pour ces raisons, La Travi­a­ta con­stitue à la fois une con­fir­ma­tion artis­tique du com­pos­i­teur et un hom­mage appuyé à celle qui a partagé ses années de galère.

Aus­si éton­nant que cela puisse paraître, La Travi­a­ta a été un échec à la créa­tion. Le pub­lic n’a pas adhéré immé­di­ate­ment. La mise en scène était en effet incon­grue, les cos­tumes ineptes. Et pour couron­ner le tout durant l’acte final, les formes rebondies de la chanteuse inter­pré­tant Vio­let­ta phtisique ont provo­qué plus de rires que de larmes, achevant de faire de l’opéra un four. Heureuse­ment, l’opéra a ensuite trou­vé des inter­prètres excep­tion­nels pour restituer ce des­tin trag­ique à sa juste valeur.

Ver­sions de référence 
La Travi­a­ta com­porte de nom­breuses ver­sions en CD, et quelques unes se dis­putent la palme du meilleur enreg­istrement. On en retient deux : une pour le témoignage d’un très grande chanteuse/actrice La Callas, et l’autre pour la qual­ité de l’équipe réunie:

- Ver­sion dirigée par Car­lo Maria Giuli­ni, avec Maria Callas (Vio­let­ta) et Giuseppe Di Ste­fano (Alfre­do), édité par EMI. Ver­sion à l’o­rig­ine pirate des représen­ta­tions à la Scala de Milan en 1955, les enreg­istrements ont été ensuite rachetés par la mai­son de disque. Mal­gré le défaut de la prise de son, une ver­sion somptueuse, Callas est au som­met de son art.

- Ver­sion dirigée par Car­los Kleiber, avec Ileana Cotrubas (Vio­let­ta) et Placin­do Domin­go (Alfredo),Deutsche Gramophon

- La Travi­a­ta a fait l’ob­jet en 1982 d’une adap­ta­tion ciné­matographique de Fran­co Zef­firelli, avec Tere­sa Stratas et Placido Domin­go. Ce film a beau­coup fait pour ini­ti­er le grand pub­lic à l’opéra, et reste très aisé d’ac­cès pour décou­vrir l’oeu­vre avec des décors fastueux et des inter­prètes mag­nifiques à l’oeil et à l’oreille.