Musique : Julien Salvia
Paroles : Ludovic-Alexandre Vidal
Livret : Anthony Michineau
Orchestrations : Shay Alon
Mise en scène: David Rozen
Décors : Juliette Azzopardi
Avec : Alexandre Faitrouni, Nathalie Lermitte, Gaëlle Gauthier, Thomas Ronzeau, Julien Mior-Lambert, Guillaume Beaujolais, Lilly Caruso, Marlène Connan, Lucie Riedinger
Notre avis:
Ce n’est pas –reconnaissons-le– la plus festive des histoires pour enfants. Alors, sur scène, à première vue, une poignée d’allumettes et une petite fille transie de froid ne sont pas ce qu’il y a de mieux pour captiver un jeune public. Pourtant, en développant l’histoire, en y ajoutant féérie, humour, magie et flocons de neige, les auteurs du spectacle proposé au Théâtre du Palais Royal (Ludovic-Alexandre Vidal et Anthony Michineau) ont fait preuve de beaucoup d’imagination, réussissant à tenir en haleine petits et grands.
Création originale, cette Petite Fille s’inspire évidemment du récit d’Andersen. Mais le conte dramatique devient ici une merveilleuse histoire palpitante, qui sans rien perdre de son message, gagne en intrigue et en fantaisie. Les célèbres allumettes qui projettent toujours des visions à Emma, l’emmènent cette fois vers un monde imaginaire où règne sa grand-mère et où l’on croise pêle-mêle des pirates, un étonnant monstre et une magicienne gentiment déjantée. Grâce à une mise en scène qui ne laisse place à aucun temps mort, la jeune classe est captivée, et leurs ainés –qui redoutent l’issue, se laissent prendre par le suspense. Car, à l’image du livret –qui évite l’écueil de bêtifier–, l’ensemble est d’une grande qualité. Les costumes particulièrement soignés sont superbes, les décors s’enchainent, et des accessoires aux jeux de lumières, aucun détail n’est laissé au hasard.
Sur scène, autour de la jeune Emma –très touchante Lilly Caruso– tous les artistes s’illustrent et donnent vie à une attachante galerie de personnages. Parmi eux, le jeune page Sasha (Alexandre Faitrouni, que l’on ne présente plus) met son talent au service de la raison et de la pédagogie « tu as tout le temps pour grandir », la grand-mère (Nathalie Lermitte) est douce et lumineuse, quand à Gaëlle Gauthier elle est une formidable Madame « OOOOlga » un rien farfelue, que les enfants adorent. L’écriture adaptée à leur insouciance est intelligente, le rythme est soutenu et les mélodies de Julien Salvia, efficaces. L’orchestration ne cède d’ailleurs pas à la facilité, contribuant à enchanter un peu plus ce monde merveilleux.
Drôle, féérique, et plein de tendresse, cette petite fille aux Allumettes est tout simplement un très beau spectacle musical, à consumer sans modération ! Après une heure de rires et de rebondissements, il s’offre même le luxe de respecter la fin originale. Un instant délicat, où la finesse du texte et la poésie de la situation atténuent l’émotion. Le froid de l’hiver a bien eu raison de cette douce petite fille, partie rejoindre sa grand-mère, pour un grand voyage… Mais non, ce n’est rien, j’ai juste une poussière dans l’œil.