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La Petite Fille aux Allumettes (Critique)

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Musique : Julien Salvia
Paroles : Ludovic-Alexan­dre Vidal
Livret : Antho­ny Michineau
Orches­tra­tions : Shay Alon
Mise en scène: David Rozen
Décors : Juli­ette Azzopar­di

Avec : Alexan­dre Faitrouni, Nathalie Ler­mitte, Gaëlle Gau­thi­er, Thomas Ronzeau, Julien Mior-Lam­bert, Guil­laume Beau­jo­lais, Lil­ly Caru­so, Mar­lène Con­nan, Lucie Riedinger

A Lon­dres, la petite Emma doit ven­dre des allumettes dans la rue. N’y par­venant pas, elle finit par cra­quer l’une d’entre elles pour se réchauf­fer… Et soudain, elle est embar­quée au coeur d’un roy­aume imag­i­naire ! Elle y retrou­ve sa grand-mère, pris­on­nière du cru­el Frago­tov. Elle y croise égale­ment des per­son­nages drôles et attachants, comme Mon­stro Fal­co, de courageux pirates et Olga, une voy­ante déli­rante ! Emma parvien­dra-t-elle à com­bat­tre Frago­tov et à sauver sa grand-mère? Une aven­ture fan­tas­tique pleine de rebondissements !

Notre avis (Cri­tique parue lors des représen­ta­tions du print­emps 2015) :
Ce n’est pas –recon­nais­sons-le– la plus fes­tive des his­toires pour enfants. Alors, sur scène, à pre­mière vue, une poignée d’allumettes et une petite fille tran­sie de froid ne sont pas ce qu’il y a de mieux pour cap­tiv­er un jeune pub­lic. Pour­tant, en dévelop­pant l’histoire, en y ajoutant féérie, humour, magie et flo­cons de neige, les auteurs du spec­ta­cle pro­posé au Théâtre du Palais Roy­al (Ludovic-Alexan­dre Vidal et Antho­ny Michineau) ont fait preuve de beau­coup d’imagination, réus­sis­sant à tenir en haleine petits et grands.

Créa­tion orig­i­nale, cette Petite Fille s’inspire évidem­ment du réc­it d’Andersen. Mais le con­te dra­ma­tique devient ici une mer­veilleuse his­toire pal­pi­tante, qui sans rien per­dre de son mes­sage, gagne en intrigue et en fan­taisie. Les célèbres allumettes qui pro­jet­tent tou­jours des visions à Emma, l’emmènent cette fois vers un monde imag­i­naire où règne sa grand-mère et où l’on croise pêle-mêle des pirates, un éton­nant mon­stre et une magi­ci­enne gen­ti­ment déjan­tée. Grâce à une mise en scène qui ne laisse place à aucun temps mort, la jeune classe est cap­tivée, et leurs ainés –qui red­outent l’issue, se lais­sent pren­dre par le sus­pense. Car, à l’image du livret –qui évite l’écueil de bêti­fi­er–, l’ensemble est d’une grande qual­ité. Les cos­tumes par­ti­c­ulière­ment soignés sont superbes, les décors s’enchainent, et des acces­soires aux jeux de lumières, aucun détail n’est lais­sé au hasard.

Sur scène, autour de la jeune Emma –très touchante Lil­ly Caru­so– tous les artistes s’illustrent et don­nent vie à une attachante galerie de per­son­nages. Par­mi eux, le jeune page Sasha (Alexan­dre Faitrouni, que l’on ne présente plus) met son tal­ent au ser­vice de la rai­son et de la péd­a­gogie « tu as tout le temps pour grandir », la grand-mère (Nathalie Ler­mitte) est douce et lumineuse, quand à Gaëlle Gau­thi­er elle est une for­mi­da­ble Madame « OOOOl­ga » un rien far­felue, que les enfants adorent. L’écriture adap­tée à leur insou­ciance est intel­li­gente, le rythme est soutenu et les mélodies de Julien Salvia, effi­caces. L’orchestration ne cède d’ailleurs pas à la facil­ité, con­tribuant à enchanter un peu plus ce monde merveilleux.

Drôle, féérique, et plein de ten­dresse, cette petite fille aux Allumettes est tout sim­ple­ment un très beau spec­ta­cle musi­cal, à con­sumer sans mod­éra­tion ! Après une heure de rires et de rebondisse­ments, il s’offre même le luxe de respecter la fin orig­i­nale. Un instant déli­cat, où la finesse du texte et la poésie de la sit­u­a­tion atténu­ent l’émotion. Le froid de l’hiver a bien eu rai­son de cette douce petite fille, par­tie rejoin­dre sa grand-mère, pour un grand voy­age… Mais non, ce n’est rien, j’ai juste une pous­sière dans l’œil.