
Opéra-bouffe en deux actes de Jacques Offenbach (musique) et de Meilhac et Halévy (livret)
Création
Le 6 octobre 1868 à Paris au Théâtre des Variétés (avec Hortense Schneider dans le rôle-titre)
Airs principaux
Complainte de l’Espagnol et la jeune Indienne, La lettre de la Périchole, Les femmes il n’y a que ça, Ah ! que les hommes sont bêtes
Synopsis
Sur une place de Lima, dans un Pérou d’opérette, le bon peuple péruvien chante les louanges du vice-roi, Don Andrès, qui circule incognito. Deux chanteurs de rue viennent animer la fête mais ne remportent qu’un faible succès : la Périchole et Piquillo. Le vice-roi trouve fort à son goût la belle vagabonde et lui offre de devenir sa favorite. La Périchole ne veut pas trahir Piquillo mais elle a tellement faim…
Le gouverneur de Lima, qui recherche un « mari de paille » pour la future favorite du vice-roi, propose à Piquillo — qui accepte — de tenir ce rôle… sans qu’il sache qu’on lui destine en fait la Périchole ! Le soir des noces blanches, bien arrosées cela va sans dire, les deux amoureux ne se reconnaissent pas et Piquillo fait un esclandre qui le conduit droit en prison. La Périchole tente de le libérer mais se retrouve à son tour dans les geôles du vice-roi. Après bien des péripéties, les deux amants parviendront à s’enfuir avant d’être grâciés par Don Andrès et de pouvoir se marier. Tout est bien qui finit bien dans cette bonne ville de Lima.
Le thème
Comme souvent chez Offenbach, derrière le côté enjoué de l’oeuvre musicale emblématique du Second Empire, on sent poindre la distance. Le régime politique se délite et ce n’est pas un hasard si La Périchole raconte l’histoire d’un état décadent dont le vice-roi passe plus de temps à assurer sa propre jouissance qu’à assurer le bien-être de son peuple, à moins qu’il ne s’agisse de jolies filles ! Quant au célèbre « On sait aimer quand on est espagnol ! » (La complainte de l’Espagnol), il s’agit bien évidemment d’une allusion aux origines ibériques de l’impératrice Eugénie.
L’histoire derrière l’histoire
Après le triomphe de La grande duchesse de Gerolstein avec la muse habituelle d’Offenbach, Hortense Schneider, le compositeur réunit une nouvelle fois les ingrédients du succès pour faire triompher un nouvel ouvrage sur la scène du Théâtre des Variétés. C’est Offenbach lui-même qui dirige l’orchestre lors de la création, ce qu’il ne faisait que très rarement.
Le sujet est inspiré d’une nouvelle de Prosper Mérimée, Le carosse du Saint-Sacrement, mettant en scène une comédienne populaire de Lima qui a réellement existé. Le livret de Meilhac et Halévy est à leur habitude assez éloigné de l’histoire originale.
Le nom de la Périchole viendrait d’une insulte proférée par le vice-roi à son encontre après une vraie « scène de ménage » : « perra chola » qu’on pourrait traduire par « chienne d’indigène » ou « fille des rues ».
La nouvelle version de La Périchole présentée à Chaillot risque de suprendre les amateurs de lyrique par ses arrangements très… salsa qui devraient la rapprocher plus de la comédie musicale que de l’opéra-bouffe ! D’ailleurs, l’ouvrage est présenté sous un nouveau titre : La Périchole, la chanteuse et le dictateur.
Version de référence
Par de délire salsa pour faire connaissance avec La Périchole : nous vous proposons de commencer avec une version tout ce qu’il y a de plus classique, celle enregistrée par Alain Lombard en 1976 avec l’Opéra du Rhin. Alain Vanzo et Jules Bastin entourent une Régine Crespin très en forme dans le rôle-titre. Disponible en double CD ou en CD simple (Opéra Collection, à prix économique) chez Erato.