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La Périchole (Critique)

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la-perichole-saint-cereOpéra-bouffe de Jacques Offen­bach, sur un livret de Ludovic Halévy et Hen­ri Meil­hac inspiré d’une comédie de Pros­per Mérimée : Le Car­rosse du Saint-Sacrement.

Mise en scène : Ben­jamin Moreau
Mise en scène : Olivi­er Desbordes
Direc­tion musi­cale : Dominique Trottein
Cos­tumes : Jean-Michel Angays
Décors : Elsa Belenguier

La Péri­c­hole : Sarah Laulan
Piquil­lo : Pierre-Emmanuel Roubet
Le Vice-Roi : Christophe Lacassagne
Don Andrès de Ribeira : Eric Vignau
Don Miguel de Panatel­las : Yas­sine Benameur
Cou­sine : Sarah Lazerges
Cou­sine : Dalila Khatir
Cou­sine : Flo­re Boixel
Tara­pote : Antoine Baillet-Devallez

Résumé : La Périchole est inspirée de la comédienne péruvienne Micaela Vil­le­gas, surnommée « la per­ra chola » (« chi­enne de métisse ») — en rai­son de la mésalliance de sa mère avec un chanteur des rues — qui devint la maîtresse du Vice-Roi du Pérou. Offen­bach, accom­pa­gné de Meil­hac et Halévy, n’a pas choisi le sujet par hasard. La sit­u­a­tion de cette chanteuse des rues « capturée » par les puis­sants pour leur « bon plaisir » était idéale pour per­me­t­tre aux auteurs de pour­suiv­re leur satire du pou­voir. Dans cet entrelacs de petits mar­quis qui con­spirent pour approcher le « palais », notre Périchole va résister pour garder son iden­tité, ses valeurs et sa lib­erté d’artiste ! Elle fini­ra par choisir de rester avec son amoureux Piquil­lo qui, lui, est un artiste libre !
Opérette sur la ser­vilité, opérette sur le pou­voir, opérette qui par­le de liberté…
C’est dans ce sens que nous avons demandé au scénographe et au cos­tu­mi­er de tra­vailler : con­fronta­tion de mon­des con­tem­po­rains qui ne se com­pren­nent pas, inso­lence des pou­voirs qui per­dent pied avec la réalité et vivent au rythme des infos en con­tinu et des mag­a­zines peo­ple…! Le pre­mier chœur de La Périchole dit : « Amu­sons-nous, on nous a payés pour ça ! » C’est en résumé le sort des artistes, d’amuser… de se moquer !
Amu­sons-nous, moquons-nous, ce n’est pas encore la révolution dans une Amérique du Sud d’opérette, Piquil­lo n’est pas Che Gue­vara… Périchole n’est pas Eva Perón… Le Vice-Roi n’existe pas… Sûrement pas ! A voir ?

Notre avis : Fig­u­rant par­mi les œuvres les plus pop­u­laires et les plus sou­vent jouées d’Of­fen­bach, La Péri­c­hole rav­it les publics depuis sa créa­tion en 1868. Avec son lot d’airs entê­tants dont Offen­bach avait le secret, située dans un Pérou… d’opérette, cette œuvre légère et loufoque porte néan­moins un regard acerbe sur le pou­voir (un Vice-roi jette son dévolu sur une chanteuse des rues et use de son influ­ence pour la réqui­si­tion­ner) et sur le tri­om­phe de l’amour et de l’art (la dite chanteuse fera tout pour garder — plus ou moins — lib­erté, intégrité et fidél­ité). Olivi­er Des­bor­des et Ben­jamin More­au à la mise en scène pro­posent une ver­sion mêlant joyeuse­ment les épo­ques, où les références visuelles et cul­turelles se télés­copent allè­gre­ment, des années soix­ante à nos jours. Le Vice-roi se trav­es­tit en rappeur, les chantres du pou­voir ressem­blent à Karl Lager­feld, le duo de nobles ne dépareillerait pas dans une ver­sion lati­no de La Cage aux Folles, les bas­kets Nike se por­tent flu­os tan­dis que le peu­ple affiche des couleurs déli­cieuse­ment vintage.

C’est donc dans cette atmo­sphère joyeuse et bon enfant que se déroule l’in­trigue, portée avec mal­ice, tem­péra­ment et voix par Sarah Laulan (la Péri­c­hole) et Pierre-Emmanuel Rou­bet (Piquil­lo) qui mènent une troupe fort homogène.
Sous la baguette de Dominique Trot­tein dirigeant le Choeur et l’Orchestre de l’Opéra Éclaté, la par­ti­tion d’Of­fen­bach s’en­v­ole gaiement et les mélodies réson­nent encore longtemps dans la tête après la fin du spectacle.