Une comédie de William Shakespeare
Traduction : Jean-Michel Déprats
Avec : Sara Giraudeau, Arié Elmaleh, Chloé Lambert, Henri Courseaux, Yves Pignot, Yannis Baraban, Jean-Paul Bordes, François Siener, Emilie Cazenave, Thibaud Lacour, Aurore Stauder, Sophie Mercier, Pierre-Alain Leleu.
Mise en scène : Nicolas Briançon
Assistant à la mise en scène : Pierre-Alain Leleu
L’intrigue se déroule en Illyrie où règne le Duc Orsino, amoureux de la belle et riche Comtesse Olivia.
Cette dernière est en deuil et repousse ses avances. Une tempête provoque le naufrage d’un navire venant de Messine qui transporte Viola et son jumeau Sébastien. Les deux jeunes gens survivent au naufrage mais échouent à deux endroits différents de la côte, chacun croyant l’autre mort. Ils se retrouveront cependant à la cour du Duc Orsino où s’ensuivra une série de quiproquos et de rebondissements…
Le théâtre est à la fête dans cette comédie de Shakespeare, menée tambour battant par une troupe irrésistible.
Naviguant entre farce et gravité, burlesque et mélancolie, le texte brillamment traduit par Jean-Michel Déprats est mis en scène avec intelligence et finesse par Nicolas Briançon, qui retrouve la scène du Théâtre Comédia après Pygmalion en 2006.
Créée cet été au Festival d’Anjou (dont Nicolas Briançon est le directeur), La Nuit des Rois s’impose comme un vaudeville joyeux digne de Feydeau.
Ponctuée de gags et de pas de gigue, la pièce est une succession d’intrigues qui s’entremêlent. Il y a celle du Duc Orsino (sobre Yannis Baraban), amoureux éconduit de la belle Comtesse Olivia (subtile Chloé Lambert); celle des jumeaux Viola et Sébastien séparés lors d’un naufrage et dont chacun ignore la survie de l’autre. Pour entrer au service du Duc dont elle est amoureuse, Viola (Sara Giraudeau) prend l’identité d’un garçon, loyal mais malhabile. A ce jeu, l’énergique et pétillante Sara Giraudeau se révèle parfaite et parvient une fois de plus à nous prouver ses talents d’actrice.
Les évènements se compliqueront lorsque la Comtesse Olivia tombera amoureuse de celle qu’elle prend pour un gentilhomme et l’irruption de Sébastien (Thibaud Lacour) son frère jumeau, dans la cour du Duc.
La fantaisie nous vient des personnages secondaires, absolument truculents.
De ces personnages se détache un trio burlesque irrésistible : Yves Pignot (Sir Toby) est magistral, Jean-Paul Bordes (Sir Andrew) est hilarant et Henri Courseaux (Malvolio) tout simplement incroyable.
Emilie Cazenave campe Maria, une fabuleuse dame de compagnie, comploteuse et délurée à souhaits. Avec Sir Toby et Sir Andrew, de joyeux lurons portés sur la boisson, ils vont se venger du puritain et austère intendant Malvolio, en le faisant passer pour un fou.
Bien que l’interprétation du personnage de Feste, le Fou incarné par Arié Elmaleh, silhouette de Chaplin et âme de Pierrot Lunaire, semble parfois en demi-teinte et gagnerait à s’affirmer d’avantage; il s’agit là d’un véritable travail de troupe où chacun trouve sa place dans un équilibre quasi-parfait.
Dans des rôles de moindre importance, citons également François Siener, Pierre-Alain Leleu, Aurore Stauder et Sophie Mercier, adjuvants dévoués à nos personnages principaux.