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La mort de Krishna

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Texte de Jean-claude Car­rière et Marie-Hélène Estienne
Mise en espace par Peter Brook
Musique : Sharmi­la Roy
Avec : Mau­rice Bénichou

Deux morceaux de bois qui flottent
se ren­con­trent sur l’océan
et l’in­stant d’après se séparent.
De même ta mère et toi, ton frère et toi,
ta femme et toi, ton fils et toi.
tu l’ap­pelles ta femme, ton père, ton ami,
mais ce n’est qu’une ren­con­tre sur le chemin.
Rien ne dure.
Plaisir, douleur, tout est fixé par le destin.

Extrait de : Le Mahab­hara­ta de Jean-claude Car­rière. Ed Belfond

Comme un rêve éveillé…
Mau­rice Béni­chou est un acteur indis­pens­able. Com­ment ne pas être frap­pé par la justesse avec laque­lle il abor­de ses dif­férents rôles ? Dans ce mono­logue extrait du Mahab­hara­ta, long poème épique san­skrit traduit par Jean-Claude Car­rière et Marie-Hélène Esti­enne, il se révèle une fois encore sai­sis­sant. Avec la com­plic­ité musi­cale de la for­mi­da­ble et dis­crète Sharmi­la Roy, c’est un bon­heur de plonger dans le réc­it des divinités chères à la cul­ture indi­enne. On ressort de ce spec­ta­cle dans un déli­cieux état, comme apaisé mal­gré les réc­its par­fois ter­ri­bles qui nous ont été con­tés. La mise en espace de Peter Brook reste fidèle aux principes de ce met­teur en scène. Un espace orange gar­ni de coussins, bou­gies, instru­ments de musique, un livre et le masque de Shi­va délim­ite l’ère de jeu. Espace sacré capa­ble de se trans­former en champ de bataille, salon privé d’un opu­lent palais ou forêt mag­ique. Le seul reproche à for­muler serait le manque de lis­i­bil­ité, pour qui n’est pas fam­i­li­er du con­te, qui ne per­met pas de se rac­crocher à un sché­ma clair. De plus, les noms peu fam­i­liers des per­son­nages con­courent à per­dre un peu le spec­ta­teur. Mais le but est net­te­ment ailleurs, il faut accepter de se laiss­er trans­porter par la voix et la présence de cet acteur essen­tiel, bercé par les mélopées chan­tées avec grâce. Se rep­longer dans cet univers donne une envie impérieuse de revoir le Mahab­hara­ta