Une comédie musicale d’après William Shakespeare.
Mise en scène d’Alexis Michalik.
Avec : Fanny Aubin, Louis Caratini, Olivier Dote Doevi, Leilani Lemmet, Dan Menasche/ Grégory Juppin (en alternance), Alexis Michalik et Régis Vallée.
Quand un spectacle se joue trois ans de suite à guichets fermés au Festival d’Avignon sans promotion particulière c’est qu’il bénéficie d’un bouche-à-oreille très positif. Après avoir vu La Mégère à peu près apprivoisée, on comprend ce succès et on ne peut que se réjouir que ce petit bijou de théâtre musical burlesque soit enfin présenté dans un théâtre parisien. Cette très libre et déjantée adaptation de La Mégère apprivoisée de Shakespeare se savoure avec un délectable plaisir.
Dans un charmant petit décor kitsch évoquant un music-hall à l’ancienne, la bande de joyeux doux dingues talentueux de la Compagnie Los Figaros jouent, dansent et chantent l’histoire de la mégère Katarina (qui ne supporte pas qu’on la surnomme Katy ou Katounette), de son apprivoiseur Petruccio et des autres personnages gravitant autour d’eux. Si le début est un peu poussif, le spectacle démarre vraiment à l’arrivée de Petruccio et de ses Petrucciettes dont une s’appelle Jean-Michel… Le ton est donné. Pendant près d’une heure et demie, ça ne s’arrête pas : gags, situations loufoques, dialogues décalés aux frontières de l’absurde, chansons surréalistes et chorégraphies entre Broadway et les Clodettes. L’esprit potache et iconoclaste fait penser aux débuts de la troupe du Splendid, mais aussi à l’univers de Mel Brooks, des Marx Brothers (la moustache de Groucho est largement utilisée !) et des Monty Python.
Les six jeunes comédiens interprètent avec enthousiasme, fraîcheur et sincérité tous les personnages. Certains passent de l’un à l’autre en quelques secondes, effet comique garanti. Deux d’entre eux sont aussi les musiciens du spectacle, Régis Vallée (co-compositeur) à la guitare et Louis Caratini au piano (dissimulé dans un chariot à glaces) accompagnent les chansons jazz et swing. Certes il y a des faiblesses vocales mais elles renforcent le comique de la situation. Fanny Aubin est parfaite en Katarina, hilarante mégère, teigneuse, bagarreuse, rebelle et indépendante qui, dans cette version, ne se laisse qu’à peu près apprivoiser par Petruccio. C‘est le sémillant Alexis Michalik qui incarne avec jubilation cet irrésistible et grotesque macho, coureur de dot prétentieux et misogyne. Il signe également une mise en scène enlevée et pleine de trouvailles, à l’image de son adaptation de la pièce de Shakespeare. Le délire va crescendo, la fin est un joyeux foutoir où on ne comprend plus grand-chose mais c’est pour mieux en rire.