Mise en scène: Giuliano Peparini
Livret : François Chouquet
Avec : Florent Mothe (Arthur), Camille Lou (Guenièvre), David Alexis (Merlin), Zaho (la Fée Morgane), Charlie Boisseau (Lancelot) et Fabien Incardona (Melehagant).
Après Le Roi Soleil, Mozart l’Opéra Rock et 1789, les Amants de la Bastille, Dove Attia présente son nouveau spectacle « La Légende du Roi Arthur », une grande fresque musicale qui raconte une des plus belles histoires d’amour de tous les temps.
Un spectacle grandiose mêlant amour, humour et émotion qui vous plongera dans les décors de la Bretagne antique et les mystères de la féerie celtique.
Notre avis: Combats chevaleresques, drame amoureux, magie et sorcellerie… le blockbuster musical de la rentrée 2015 promettait du grand spectacle. C’est bien le cas. Présentée dans l’incontournable Palais des Congrès, la dernière création de Dove Attia, est cependant en tout point fidèle à ce que l’on pouvait attendre, qui ravira les amateurs et laissera de marbre les allergiques. Le show –puisque c’en est bien un- s’attaque au mythique Roi Arthur, son épouse infidèle, sa teigne de demi-sœur la fée Morgane, et son rival, évidemment jeune, beau et séduisant : Lancelot.
Cascadeurs, danseurs en nombre, effets de lumière, incrustations d’images géantes et tubes en boucle, dans une mise en scène de Giulano Peparini (1789, les amants de la Bastille), tous les éléments traditionnels des grands spectacles français de la dernière décennie sont de la partie. La fresque s’en trouve pourtant inégale, qui parvient certes à innover avec certains tableaux étonnants et originaux mais donne le plus souvent l’impression de tourner en rond, n’abordant la légende que par le biais des intrigues amoureuses. Amours passionnés, trahisons, désirs de vengeance, déclarations secrètes… ce ne sont durant deux heures, que déchirements, transports ou confidences brûlantes chez les personnages. Oublié le Graal, envolée la table ronde (descendue du ciel, l’effet est réussi), enterré le sort de la Bretagne. Même les fameux chevaliers passent largement en second plan, ce qui ne parait pas troubler la salle tout absorbée à suivre ce feuilleton à l’eau de rose des temps anciens et à reprendre les refrains des chansons.
Car sans surprise, les titres sont une succession de tubes, aux paroles faciles et aux sonorités pop-rock, teintées d’accents celtiques. C’est évidemment rythmé et la plupart fonctionne à merveille auprès d’un public qui les connait déjà par cœur. Seuls quelques trop rares morceaux se détachent franchement, rappelant le new-âge mystique « Era », ou laissant émerger les voix des artistes, parfois même à capella. D’autres sont hélas clairement pénibles ou laissent songeur : « wake up, wake up ! » chante ainsi Lancelot… Il est vrai qu’on a connu pire et qu’après tout, l’histoire se déroule outre-Manche…
Une histoire que les auteurs ont eu le mérite de respecter, avec forces dialogues et échanges parlés. Si un réel effort est fait en termes de comédie et de scénographie (l’arrivée en barque de Guenièvre, les conseils de Merlin au clair de lune, l’assaut du château de Léodagan, ou le conte mimé et masqué évoquant Uther), les écueils des grosses productions ne sont –une fois de plus- pas évités malheureusement avec ce Roi Arthur. Claquettes et danse irlandaise émergent d’une dizaine de chorégraphies injustifiées, robes à roulettes et marionnette géante viennent occuper inutilement l’espace, quant aux innombrables costumes des danseurs, tantôt tortues ninja, tantôt hispanisants, ils semblent faire écho à des contrées lointaines, comme l’insolite robe à paillettes de la fée Morgane, digne de Dalida.
Côté distribution, deux artistes sortent incontestablement du lot: Fabien Incardona (Melehagan, le méchant de l’histoire) dont la tessiture de la voix l’emmène vers des aigus surprenants. Il a droit à plusieurs solos face au public et s’avère vocalement le plus performant. Quant à David Alexis, à qui les créateurs ont eu la bonne idée de confier le rôle majeur de Merlin, véritable fil rouge du spectacle, il est –par son expérience et son talent–, le plus à l’aise sur scène. Comédien parfait, artiste reconnu du théâtre musical, il tient le show et lui confère la saveur que l’on cherche en vain chez les héros. Car malgré leur énergie, Camille Lou (1789, les amants de la Bastille), Florent Mothe (Mozart, l’opéra rock), et Charlie Boisseau peinent, de leur côté, à transmettre des émotions. Et c’est bien dommage. Le show s’achève devant une Excalibur géante qui se dresse, Arthur pardonne à Guenièvre, le jeune public se presse au pied de la scène pour chanter. Il finira comme ce happy-end : essoufflé.