Comédie musicale de Didier Bailly et Eric Chantelauze
Mise en scène de Didier Bailly
Assisté d’Olivier Boudrand
Direction musicale : Denis Uhalde
Avec Cyril Romoli, Delphine Labey, Lauri Lupi, Stéphanie Labbé, Isabelle Turschwell, Philipp Weissert
Contrebasse : Pierre Badaroux
Accordéon : Lionel Suarez
Piano : Denis Uhalde
Costumes : Alain Blanchot
Lumières : Frédéric Peslier
Décors : Anouk Looten
Son : Olivier Renet
Solange hérite d’une guinguette laissée à l’abandon depuis un drame passionnel ancien. Poussée par son petit ami à vendre les lieux, la jeune femme décide d’ouvrir de nouveau les volets de la guinguette, qui deviendra le point de rendez-vous de tous les amoureux. Le fantôme de Gaspard, victime du drame évoqué plus haut, sera le témoin et l’un des acteurs de cette renaissance.
Didier Bailly et toute sa troupe proposent un spectacle qui n’a d’autre prétention que de divertir. Le pari est largement gagné, et avec quelle élégance. Point important : contrairement à de nombreuses productions, le principe ici n’est pas de s’appuyer sur des chansons existantes, mais d’en mêler certaines à des compositions originales. Cette évocation d’un monde révolu, loin de sombrer dans une nostalgie gnangnan, a plutôt tendance à dynamiser le spectateur. Le recul sur l’histoire passe par un humour constant et par une construction astucieuse de la pièce en train de se jouer, les acteurs n’hésitant pas, par exemple, à revoir leur texte en direct pour une amusante mise en abîme. L’évocation du passé de Gaspard, le fantôme de la guinguette, constitue l’un des moments fort de ce spectacle. Avec une musique originale et des paroles qui ne le sont pas moins, les auteurs content la vie de Gaspard, de sa naissance à sa mort, en s’inspirant avec bonheur du style musical de l’époque. Les mélodies splendides mettent en valeur des paroles qui ne parodient jamais, l’exercice eut été trop facile, mais sont un hommage, rendu avec brio et humilité. Un travail artisanal finement ciselé qui permet de donner une épaisseur à des personnages emblématiques. Le trio musical (piano, contrebasse et accordéon) nimbe de tendresse l’ensemble du spectacle. Quant à la troupe, parfaitement homogène dans sa diversité, l’énergie qu’elle libère est communicative. Un spectacle à plusieurs voix, nourri par la solide culture du théâtre musical de ses auteurs. La route du théâtre musical français de qualité se poursuit, elle passe assurément par cette douce et ravissante guinguette, promise à un brillant avenir. A voir absolument.