Après quatre ans de violoncelle au Conservatoire de musique d’Anvers, j’ai obtenu la « médaille d’or du gouvernement ». Après l’examen, on a rejoué le même concert chez moi mais de façon très drôle en changeant tous les thèmes et les notes. J’ai toujours eu dans les gènes cette envie de m’amuser avec la musique. Un jour, c’était quatre heures du matin, on était en train de préparer notre premier spectacle et le pianiste me dit « mais on n’a pas de nom », alors j’ai répondu « La Framboise Frivole » ! Ca m’est venu comme ça, je ne sais pas pourquoi et depuis c’est resté.
Parlez-nous de votre spectacle actuel Con Moto. Quel en a été le point de départ ?
Depuis six ans que nous venons en France, on a toujours été bien accueillis et ça a bien marché. Alors pour notre deuxième spectacle ici, je voulais créer quelque chose spécialement pour la France. L’idée de base c’était de trouver une chanson que tout le monde connaît. Et là, grâce à notre producteur Dominique Dumont de Polyfolies, on a trouvé « La mère Michel qui a perdu son chat » ! Moi qui suis d’Anvers, je ne la connaissais pas du tout. A partir de là, tout a commencé.
Pourquoi avoir pris Salieri comme « héros » récurrent de votre spectacle ?
Parce que c’est lui qui a inventé le riz dans les salières ! (rires). En fait, j’ai pensé à Salieri parce que c’est un compositeur pas connu qui a quand même écrit de jolies musiques. Comme personne le connaît, je dis que c’est un acteur qui jouait le méchant dans le film Amadeus. Ca, tout le monde l’a vu ! Et puis comme on avait déjà « La mère Michel » et qu’on cherchait un fil rouge pour relier les différentes pièces de musique du spectacle, j’ai eu l’idée de cette histoire de Salieri qui a perdu son chat et qui en a fait une oeuvre !
A ce propos, comment avez-vous choisi ces différents morceaux de musique ?
Ce n’est pas vraiment un choix. On peut avoir des idées en restant derrière un bureau comme par exemple le medley des « Ave Maria » que j’avais depuis longtemps en tête, mais c’est très dur. Je préfère prendre des partitions, commencer à les jouer et puis trouver comme ça un autre thème ou un autre arrangement qui va bien avec et ainsi de suite. Quand on trouve un truc qui nous fait rire, on sait que ça va marcher avec le public aussi. C’est en jouant la musique que viennent les idées, c’est beaucoup plus vivant et agréable de travailler comme ça.
Dans votre spectacle, vous mélangez tous les styles de musique, du classique au hard rock en passant par Julio Iglesias.
Oui, c’est ça l’idée de La Framboise Frivole. Moi j’ai d’abord fait des études classiques, chant et violoncelle, et puis après j’ai eu envie de passer au jazz et à la variété parce que ça m’intéressait beaucoup. Pour David (Laisné), c’est la même chose, après ses études classiques il s’est spécialisé dans le jazz et la salsa. On aime tous les styles, la musique c’est de la musique, quand ça donne de l’énergie c’est bien. Même Julio Iglesias, surtout quand on le fait chanter « Quand Margot dégrafait son corsage pour donner la gougoutte à son chat… » !
Y’a t’il des « puristes » qui vous reprochent ce mélange des genres et de toucher ainsi au caractère sacré de la musique classique ?
Ils doivent sans doute exister mais l’avantage c’est qu’on ne les rencontre jamais ! Nous, on s’amuse vraiment en jouant de la musique…même classique. Nos plus grands fans sont comme nous, ce sont de vrais musiciens classiques qui ne se prennent pas au sérieux. Il y en a tellement qui se prennent plus au sérieux que la musique qu’ils jouent pour se prouver qu’ils sont des génies ! C’est les mêmes qui disent « Le public aujourd’hui était nul mais moi j’ai fait un effort énorme ».
Vous, au contraire, vous jouez beaucoup avec le public, vous le faites participer très activement au spectacle.
Oui et c’est un vrai plaisir. J’ai besoin de sentir les réactions dans la salle. Il y a un véritable échange entre nous. Les gens viennent au spectacle pour sortir de leur vie quotidienne et à la fin ils se parlent, ils repartent plus heureux. Mais tous leurs problèmes qu’ils laissent en partant ne restent pas dans la salle, nous on les reçoit et on les ramène à la maison. Il n’y a pas que les applaudissements, il faut aussi savoir prendre les émotions du public.
Que nous réserve La Framboise Frivole pour le futur ?
Nous sommes en pleine préparation d’un nouveau spectacle pour la Belgique en octobre. Cette fois, on s’attaque à Carmina Burana ! C’est un morceau fabuleux qui donne beaucoup d’idées et de possibilités de variations. On peut y rajouter plein d’autres thèmes. Et puis j’aimerais bien un jour qu’on joue toutes les sonates pour violoncelle seul de Bach mais…version Big Band !