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La Belle Hélène (Critique)

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La Belle Helene OYA KEPHALE-A4Chœur et Orchestre Oya Kephale
Direc­tion musi­cale : Laeti­tia Trouvé
Mise en scène : Mathilde Lecar­pen­tier, Laeti­tia Trou­vé, Sébastien Del­prat

Avec
Hélène : Cécile Thi­ol­let
Pâris : Joseph Kauz­man
Oreste : Céline Gremelle

La troupe de chanteurs ama­teurs Oya Kephale fête ses vingt ans d’existence et célèbre Offenbach.

Célébr­er la musique et soutenir des œuvres human­i­taires : voilà l’état d’esprit d’Oya Kephale. Née en 1995, l’association de pas­sion­nés se pré­pare à souf­fler ses vingt bou­gies avec le même ent­hou­si­asme qu’à ses débuts. Le même objec­tif aus­si : mon­ter une opérette d’Offenbach et revers­er l’intégralité des béné­fices à des asso­ci­a­tions caritatives.
Après les Brig­ands l’an dernier, le chœur et l’orchestre présen­teront ce print­emps 2015 une nou­velle pro­duc­tion de l’incontournable Belle Hélène et apporteront leur sou­tien aux asso­ci­a­tions « Vis de Joie » et le « Cours Alexan­dre Dumas ».
Les trente cho­ristes et autant de musi­ciens seront dirigés par Laeti­tia Trou­vé, chef pro­fes­sion­nel. Bénév­oles, tous assurent eux-mêmes l’adaptation du livret, la mise en scène, ain­si que la majeure par­tie des cos­tumes et décors.

Vénus a promis à Pâris, prince de Troie, l’amour de la plus belle femme du monde. Cette femme, c’est la belle Hélène, l’épouse de Ménélas, roi de Sparte. Les dieux ne ména­gent pas les hommes en leur deman­dant de con­cili­er l’honneur d’un mari et leurs volon­tés extrav­a­gantes ! Pour arriv­er à ses fins, Pâris utilis­era-t-il l’amour, la vio­lence ou la ruse ?

 http://www.oyakephale.com

Notre avis :

A l’occasion de ses vingt ans, Oya Kephale, troupe com­posée unique­ment d’amateurs (solistes, chœur et orchestre) qui se spé­cialise depuis sa créa­tion dans le réper­toire d’Offenbach reprend le spec­ta­cle par lequel tout à com­mencé en 1995 : La Belle Hélène. Le pre­mier acte est une réus­site totale. Les décors sont sim­ples et beaux et les cos­tumes très réus­sis. François Nol­lé, d’une très grande élé­gance dans son habit de grand augure, est excel­lent en Clachas, il allie fan­taisie et intel­li­gence et tient l’intrigue de bout en bout. Cécile Thi­ol­let (Hélène) dévoile une voix mag­nifique et une palette de jeu très large, son « homme à la pomme » est excep­tion­nel, exé­cuté avec une évo­lu­tion pleine de subtilité.
Céline Gremelle déploie toute l’énergie et la voix néces­saires pour inter­préter Oreste sans tomber dans l’hystérie ni la caricature.
La deux­ième par­tie s’essouffle un peu. Un grand voile à l’avant-scène du sec­ond acte prend beau­coup de place, attire le regard et dérange. La plage de Nau­plie est exces­sive­ment sage et le final est totale­ment raté : Pâris en grand augure n’étant ni déguisé ni masqué, il ne sur­prend per­son­ne en dévoilant sa véri­ta­ble iden­tité. Joseph Kauz­man (Pâris) qui avait bril­lam­ment chan­té son air du pre­mier acte accuse quelques prob­lèmes de justesse et manque de con­vic­tion dans son jeu. Le chœur, d’une grande qual­ité musi­cale, repro­duit des choré­gra­phies qui sem­blent tou­jours un peu les mêmes et qui le privent de toute vie. Les cho­ristes évolu­ent comme des robots en illus­trant l’action sans y pren­dre part. On décou­vre cepen­dant quelques très bonnes idées comme cette scène du jeu de l’oie avec son jeu minia­ture impec­ca­ble­ment exé­cutée par des solistes très investis. On s’étonnera d’un duo du rêve qui se ter­mine quelques mesures seule­ment après avoir com­mencé et surtout de l’absence du trio patri­o­tique dans le troisième acte.
De manière générale, l’absence de mise en scène est com­pen­sée par un excès d’esthétisme dans les décors, les cos­tumes et les choré­gra­phies. La pro­duc­tion est de qual­ité : le texte est respec­té, l’intrigue est bien trans­mise et la direc­tion musi­cale de Laëti­tia Trou­vé est pro­pre. On regret­tera juste un manque de relief de l’orchestre et un par­ti pris scénique trop sage et trop sérieux qui en oublie de s’amuser.