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La 13e Nuit des Molieres, côté coulisses — Instantanés

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Molière
Molière
Quand leurs équiv­a­lents de Broad­way, les Tony Awards, met­tent à égal­ité pièces clas­siques et comédies musi­cales, Les Molières réduisent ces dernières à la por­tion con­grue. Une seule stat­uette en tout et pour tout ! Au moins peut-on se réjouir, cette année, que le choix des nom­inés pour le Meilleur Spec­ta­cle Musi­cal couronne qua­tre spec­ta­cles qui ont tous obtenu un joli suc­cès pub­lic. Nous vous pro­posons quelques instan­ta­nés de la soirée, pris depuis les coulisses.

Viens voir le comédien… 
Comme tou­jours, la céré­monie s’ou­vre sous le signe des « Comé­di­ens » que Charles Aznavour est, cette fois, venu chanter lui-même en même temps que recevoir une récom­pense spé­ciale pour l’ensem­ble de sa car­rière. En couliss­es, il avoue qu’il lui arrive encore d’être trans­porté au théâtre. « Moi qui suis un pro­fes­sion­nel, il n’y a rien que j’aime autant que d’ou­bli­er que je suis pré­cisé­ment un pro­fes­sion­nel pour n’être plus que sim­ple spec­ta­teur. Par exem­ple, j’ai été trans­porté tout récem­ment par Marie Laforêt dans Mas­ter Class ». La voici juste­ment qui passe, reine un brin boudeuse et au regard tou­jours aus­si sou­verain. Elle est inac­ces­si­ble. Le grand Charles, lui, ne l’est pas qui est aus­si fier d’être le seul français en vie à encore rem­plir les salles quand il passe à Broad­way que de savoir que sa chan­son est devenu l’équiv­a­lent français de « There’s No Busi­ness Like Show Busi­ness », un hymne pour la pro­fes­sion… bien qu’il s’en défende. « Non, non, cette chan­son est à la gloire de l’in­dus­trie du show­biz alors que moi, je rends hom­mage aux comé­di­ens, aux ambu­lants, ceux qui peu­plent les beaux théâtres et ceux qui sont sur les tréteaux ». En somme, les artistes plus impor­tants que l’art ? « Ca, c’est le débat entre l’oeuf et le poussin ! », répond le grand Charles dans un sourire qui n’ap­par­tient qu’à lui.

Le Jean-Bap­tiste pour notre Mar­i­anne nationale !
Dans le déroulé d’une soirée comme celle des Molières, il faut bien la vic­toire de L’ul­ti­ma réc­i­tal pour faire bouger un peu le train-train habituel. « C’est la récom­pense suprême, jubile Mar­i­anne James. C’est la con­sécra­tion de la pro­fes­sion alors qu’on avait déjà celle du pub­lic. C’est un vrai con­te de fées ! ». Lui fait-on remar­quer que sa salopette jure un brin avec les robes de soirée des autres divas de la soirée qu’elle répond, radieuse : « C’est vrai, je suis un peu habil­lée en cit­rouille ce soir mais à minu­it, je vais me chang­er en princesse. C’est Cen­drillon à l’en­vers. J’ai tou­jours fait les choses à mon rythme, à ma façon et c’est peut-être pour ça que je suis là ce soir. Je suis très très très fière ».

Après s’être beau­coup occupé de musi­ciens de jazz par­mi les plus grands, Philippe de Viss­ch­er, de Jazz etc., a voulu se lancer dans la pro­duc­tion de spec­ta­cles et le théâtre musi­cal lui a sem­blé une évo­lu­tion logique, mag­nifique­ment récom­pen­sée ce soir. Pour la petite his­toire, c’est aus­si lui qui pro­duit Jan­go Edwards en France depuis 10 ans et qui l’a présen­té à Mar­i­anne James. « Nous nous sommes ren­con­trés à Cannes, pré­cise-t-il, et j’ai pro­posé à Jan­go de prodiguer quelques con­seils sur le spec­ta­cle. Il a finale­ment apporté peu de retouch­es, mais d’im­por­tance ». Il nous con­fie qu’après L’ul­ti­ma réc­i­tal, il fonde aujour­d’hui beau­coup d’e­spoirs sur « un jeune tal­ent, Didi­er Bénureau, que je vais présen­ter à la ren­trée et qui va se révéler comme le plus grand comique de sa généra­tion, vous allez voir ! ».

Pour Ari­ane Cadier, inou­bli­able Yvonne de Saint-Cof­fre dans le spec­ta­cle et finale­ment moins frêle qu’on ne l’imag­ine quand elle n’est pas dans l’en­vi­ron­nement immé­di­at d’Ul­ri­ka, ce Molière ne vient pas récom­penser un spec­ta­cle sur la voie de garage : « Non, je crois qu’il a encore une longue vie devant lui, en tournée entre autres. Beau­coup de gens veu­lent encore le voir et le Molière va en attir­er bien d’autres même si Mar­i­anne et moi voulons aus­si main­tenant une car­rière en dehors de nos per­son­nages ». Car cette musi­ci­enne / comé­di­enne / com­pos­i­teur entend bien con­tin­uer dans cette voie. Elle a écrit un nou­veau spec­ta­cle comique et musi­cal avec son mari, comé­di­en et acro­bate, Marc Deroche (ren­con­tré sur L’ul­ti­ma réc­i­tal dont il était à l’époque l’é­clairag­iste !) : « C’est l’his­toire de deux per­son­nes qui n’au­raient jamais dû se ren­con­tr­er mais à qui il va arriv­er de mer­veilleuses choses ». Un spec­ta­cle qui devrait être créé en fin d’an­née ou en début d’an­née prochaine à Paris.

Denise Petit­di­di­er, direc­trice du Théâtre Mogador, est un petit bout de femme mais ne vous y trompez pas, elle a du car­ac­tère ! D’ailleurs, quand toute la troupe de L’ul­ti­ma réc­i­tal fait son entrée dans la salle de presse, c’est elle et per­son­ne d’autre qui a le Molière en main ! « Jadis, il y avait le Chatelet, La Gaîté Lyrique et Mogador mais main­tenant, nous sommes les seuls à main­tenir vivace la tra­di­tion du théâtre musi­cal. Il est vrai que ces spec­ta­cles coû­tent exces­sive­ment cher et deman­dent beau­coup de per­son­nes. Il faut donc un théâtre très grand pour pou­voir les rentabilis­er ». Et après L’ul­ti­ma réc­i­tal qui y prend ses quartiers du 6 au 29 mai, Denise nous pré­pare une ren­trée plus folle que jamais. « Dès le 29 sep­tem­bre, nous créerons en effet la comédie musi­cale La Cage aux Folles tirée de la pièce de Jean Poiret. C’est Alain Mar­cel qui l’a adap­tée en français, car elle a déjà été mon­tée à Broad­way, et qui la met en scène ». Elle n’est pas éton­née qu’on en par­le déjà autant, des mois à l’a­vance : « Je crois que c’est mythique, tant pour la pièce de Jean Poiret que pour les films. Les dif­férentes Cages ont été de gros suc­cès et j’e­spère bien qu’on va en tir­er quelque chose ! ».

Colette la douce 
Un coup de cha­peau enfin pour refer­mer l’al­bum de cette XII­Ie Nuit des Molières à Colette Renard, venue chanter ce soir un émou­vant hom­mage aux comé­di­ens dis­parus, « Les vieux théâtres de Paris » écrit avec François Rauber. « J’ai tou­jours voulu faire par­tie de ce monde. Il se trou­ve que je suis dev­enue plutôt chanteuse que comé­di­enne mais je les aime tant ». Colette occupe une place spé­ciale dans le coeur des ama­teurs de théâtre musi­cal puisqu’il y a plus de quar­ante ans, elle a créé le rôle-titre mythique d’Irma la douce, la dernière comédie musi­cale française (avant Les Mis­érables) à avoir fait le tour du monde. Un rôle de fille gouailleuse, de petite ver­tu mais au coeur grand comme ça qu’elle porte tou­jours en elle. « J’ai chan­té l’hiv­er dernier à Paris et, bien sûr, on m’a réclamé les airs d’Irma. La musique de Mar­guerite Mon­not (le com­pos­i­teur) n’a pas d’âge et ne mour­ra jamais. Alors, tant que je suis là, je la chante ».

La soirée se ter­mine. Les gag­nants on tous bu du cham­pagne un peu plus que de rai­son et, pour eux, la fête ne fait que com­mencer. Bien sûr, il y a aus­si les per­dants qu’il ne faut pas oubli­er car le tal­ent ne se mesure pas seule­ment à l’aune des récom­pens­es obtenues. Mais, comme l’a crié Mar­i­anne James / Ulri­ka von Glott sur la scène du vénérable Théâtre des Champs-Elysées qui n’é­tait pas habitué à tant d’au­dace : « Par les couilles de Siegfried, c’est mérité » ! »