Direction musicale : David Charles Abell
Mise en scène : Lee Blakeley
Décors : Charles Edwards
Costumes : Brigitte Reiffenstuel
Chorégraphie : Nick Winston
Orchestre : Orchestre de Chambre de Paris
Résumé : Dernier succès majeur de son compositeur et premier musical à avoir obtenu un Tony Award en 1949, dotée d’un livret shakespearien hilarant et d’une partition enlevée, Kiss Me, Kate (Embrasse moi, chérie) est la comédie musicale par excellence.
Quand l’idée de transformer une pièce de Shakespeare en comédie musicale s’avère plus compliquée que prévu… Un célèbre metteur en scène engage son ex-femme, au fort tempérament, pour le rôle-titre de La Mégère apprivoisée. S’ensuivent des chassés croisés amoureux et d’amusantes péripéties, l’un des acteurs de la pièce étant notamment poursuivi pour dettes de jeu par des gangsters jusque sur scène… Du théâtre dans le théâtre à son meilleur, porté parles sublimes chansons de Cole Porter chantées et dansées sur des airs mêlant le jazz à des pastiches virtuoses de valse viennoise.
Notre avis : Saison après saison, le Théâtre du Châtelet continue tranquillement mais sûrement à proposer au public parisien de (re)découvrir des grands classiques du musical américain. Dans une veine plus jazz et plus légère que les Rodgers et Hammerstein ou Sondheim proposés précédemment, le Kiss Me, Kate de Cole Porter, créé en 1948 à Broadway, nous entraîne dans un élégant voyage dans les années 40, en compagnie d’une troupe jouant leur version de La Mégère Apprivoisée de Shakespeare.
S’éloignant des ors siamois du King & I et de la sombre forêt de Into The Woods, le metteur en scène Lee Blakeley s’aventure dans un univers plus coloré, plus lumineux et beaucoup plus chaleureux. Les costumes de Brigitte Reiffenstuel comme les décors de Charles Edwards sont une réussite et offrent un écrin sophistiqué aux relations tumultueuses entre Fred, comédien et metteur en scène, et Lilli, sa partenaire de scène et ex-femme, interprétés avec charisme et piquant par David Pittsinger et Christine Buffle, assumant avec joie, muflerie et cabotinage. A leurs côtés, Alan Burkitt et Francesca Jackson dans les rôles de Bill, joueur invétéré et Lois, sa poupée blonde, ne dépareillent pas et apportent une dose supplémentaire d’humour. Le premier nous gratifie d’un épatant numéro de claquettes, tandis que la deuxième nous charme de son timbre (et nous rappelle combien on l’avait appréciée sur cette même scène du Châtelet, notamment dans le rôle de Petra dans A Little Night Music). Il serait injuste de ne pas citer le duo comique des gangsters, Martyn Ellis et Daniel Robinson, qui mettent le public à leurs pieds avec leurs apparitions cocasses.
S’il y a des baisses de rythme liées à des longueurs inhérentes à l’œuvre (les scènes « shakespeariennes » ont souvent moins de saveur que les scènes de coulisses et ont parfois tendance à s’étirer), on retrouvera le peps dans les tableaux de groupe emmenés par les chorégraphies de Nick Winston. Enfin, encore une fois, David Charles Abell dirige avec son expertise l’Orchestre de Chambre de Paris, cette très belle partition (restaurée par Abell et son co-éditeur Seann Alderking) comprenant des standards tels que « Too Darn Hot », « So In Love » ou encore « Always True To You In My Fashion » : l’occasion de redécouvrir, tant dans les mélodies que les lyrics, le charme brillant et l’espièglerie badine de ce génie que fut Cole Porter.