Kirikou et Karaba

0
249

kirikou-et-karabaOn aurait pu crain­dre que Kirik­ou, en sor­tant de l’écran pour pren­dre vie sur scène, perdrait sa poésie et sa sin­gu­lar­ité. On aurait pu croire qu’il serait impos­si­ble de recréer de façon théâ­trale la sub­stance africaine et ciné­matographique de l’oeu­vre orig­inelle. On aurait eu tort. Michel Ocelot et Wayne McGre­gor ont relevé tous les défis imposés par l’adap­ta­tion scénique de Kirik­ou et la sor­cière avec brio, en con­tour­nant chaque obsta­cle ingénieusement.

De prime abord, les per­son­nages du film gar­dent leur essence sym­bol­ique et sont par­faite­ment incar­nés. Les fétich­es et leurs choré­gra­phies mus­clées ponctuent le réc­it et annon­cent chaque appari­tion de la sor­cière de manière tout à fait per­ti­nente. La troupe sert par­faite­ment le réc­it grâce à des chants et des bal­lets de groupe entraî­nants. On saluera notam­ment Fatouma­ta Diawara qui campe une Kara­ba charis­ma­tique et humaine. Quid du légendaire Kirik­ou ? Les créa­teurs ont su trou­ver la solu­tion idéale pour fig­ur­er le héros. Ain­si, une mar­i­on­nette, manip­ulée par trois danseurs, per­son­ni­fie le per­son­nage tout en lui lais­sant, de fait, son côté mag­ique et surhu­main. Au-delà de tous ces élé­ments, de sub­tils jeux d’om­bres et de lumières sur des décors sim­ples mais imagés per­me­t­tent de restituer l’am­biance du film. De nom­breux élé­ments du réc­it reposent, sur scène, sur la sug­ges­tion et la sym­bol­ique. Et ça fonc­tionne admirable­ment, surtout avec le jeune pub­lic ! Certes, quelques musiques com­posées exclu­sive­ment pour le spec­ta­cle ne cadrent pas par­faite­ment avec l’ho­mogénéité de l’oeu­vre mais les tableaux qui se suc­cè­dent sont si jolis qu’on oubliera ce détail. En revanche, on regret­tera que divers objets lumineux ? et par­fois sonores ? soient ven­dus dès le début du spec­ta­cle aux enfants et que, partout dans la salle, ces lumières gad­gets vien­nent pol­luer la douce atmo­sphère du spectacle.

On aurait pu crain­dre que Kirik­ou et Kara­ba soit un mal­heureux chal­lenger face au Roi Lion qui débute en même temps à Paris. On aurait eu tort. Par­faite­ment « famil­ial », ce fab­uleux con­te ini­ti­a­tique con­stitue une pre­mière approche du bal­let pour les plus jeunes, ravis de retrou­ver leur vail­lant héros, ain­si qu’un moment fort agréable pour les adultes qui les accompagnent.