
Déjà à l’école primaire, Kamel Ouali créait des spectacles. Après une formation de danseur et de chorégraphe en France et aux Etats-Unis, il donne des cours de danse à Saint-Denis en banlieue parisienne. Très vite remarqué, il commence à travailler à la télévision avec David Guetta puis avec des artistes français et internationaux comme Tom Jones, Mariah Carey, Arielle Dombasle, Elie Kakou…Il collabore également avec des grands noms de la mode tels que Yves Saint-Laurent, Ralph Lauren, Cacharel…
En signant la chorégraphie de la revue French Cancan aux Folies Bergère, il franchit pour sa plus grande satisfaction un premier pas vers la comédie musicale. «J’ai toujours beaucoup aimé la comédie musicale» nous confie-t-il, «j’adore le mélange chant, danse et comédie. J’ai eu l’occasion d’en voir quelques unes à Broadway. J’apprécie aussi bien Fame que Kiss of the Spiderwoman».
En 2000, il chorégraphie Les Dix Commandements, le spectacle musical de Pascal Obispo et Lionel Florence et participe déjà à la mise en scène sous l’égide d’Elie Chouraqui. Kamel garde un souvenir ému de cette «très belle aventure humaine». Ce spectacle va lui porter chance. «Gérard et Evelyne Presgurvic avaient remarqué mon travail et souhaitaient travailler avec moi» nous explique-t-il, «alors quand ils cherchaient avec les producteurs un metteur en scène pour Autant en emporte le vent, je me suis proposé et, parmi les cinq ou six postulants, c’est moi qu’ils ont choisi.» Il est d’autant plus heureux que le film, qu’il a vu plusieurs fois, l’a vraiment marqué «par son histoire, par la force des personnages et la façon dont ils sont filmés».
Conscient de la place de ce monument du cinéma dans la mémoire collective, Kamel n’a pas pour autant été effrayé par l’ampleur du défi. «Je n’ai pas eu un excès de peur particulier en sachant que je voulais le faire du haut de mes 31 ans, j’avais envie de donner aussi mon propre regard et d’être le plus authentique possible par rapport à une dramaturgie, un livret qu’on m’a donné et sur lequel j’ai travaillé aussi avec Gérard Presgurvic.»
«Chaque projet nous aide à évoluer» reconnaît-il. Ainsi pour sa préparation de Autant en emporte le vent, son expérience sur Les Dix Commandements lui a beaucoup servi comme «savoir utiliser l’espace d’une scène aussi grande, essayer de donner le même spectacle aux spectateurs du premier rang comme à ceux du dernier». Par rapport au spectacle précédent, en plus de la chorégraphie, Kamel assume aussi la mise en scène. Mais ça ne lui pose pas de problème car il considère que «un chorégraphe est aussi un metteur en scène, il sait gérer et être à l’écoute des artistes et surtout il sait les mettre en espace». Seulement, à la différence des Dix Commandements et des autres spectacles musicaux qu’on a pu voir ces dernières années en France, Autant en emporte le vent comporte aussi des scènes de comédie, ce dont se réjouit Kamel. «C’est une vraie comédie musicale qui lie complètement le chant, la danse et la comédie. C’était d’ailleurs une demande de ma part qu’il y ait des vraies scènes de comédie. Les mettre en scène m’excitait beaucoup car la comédie est aussi une de mes passions» s’enthousiasme-t-il avant d’expliquer «j’ai déjà travaillé avec des comédiens. Et puis j’ai une assistante qui ne s’occupe que de ça. J’ai d’ailleurs aussi deux assistants pour la danse. Je suis très bien entouré et à l’écoute de tout ce qu’on me dit. Je ne suis pas seul !».
S’il n’est pas seul, Kamel affirme néanmoins son rôle de «chef d’orchestre» du spectacle. Ainsi il est intervenu dans la conception des costumes et des décors. «Par exemple, c’est moi qui ai demandé qu’il y ait plusieurs niveaux sur la scène, des miroirs, un grand escalier avec des toboggans…» Le visuel est très important pour lui. «Comme j’ai l’habitude de travailler dans l’urgence, quand on me propose un morceau ou une scène j’ai tout de suite une image qui s’y colle et c’est souvent celle que je garde même après avoir essayé d’autres choses» nous explique-t-il avant de préciser «sur ce spectacle, j’ai d’abord fait toute la mise en scène dans ma tête puis j’ai travaillé par touches comme un peintre sur sa toile».
Quand on l’interroge sur la troupe, Kamel se dit particulièrement satisfait. «Il y a beaucoup de talents, beaucoup d’énergie, une formidable volonté de bien faire» se réjouit-il, «il y a plein de jeunesse même si certains sont plus matures que d’autres». Avec eux aussi, il fonctionne beaucoup par image. «J’aime bien qu’ils se racontent une histoire pour s’aider à se mettre en situation. J’ai envie de leur faire prendre conscience qu’il faut qu’ils fassent travailler leur imaginaire.» Il se félicite de «l’authenticité des artistes», «Laura Presgurvic c’est vraiment Scarlett, pareil pour tous les personnages. Je pense que les adeptes du film ne seront pas déçus».
En plus de mettre en scène Autant en emporte le vent, Kamel est aussi le professeur de danse de la Star Academy. Il parvient à mener les deux de front. «J’arrive facilement à passer de l’un à l’autre, je fais une rupture totale. Ce sont des univers complètement différents». Le fait que TF1 soit partenaire des Demoiselles de Rochefort ne lui a pas posé de problème. «On ne m’a pas demandé de ne pas faire Autant en emporte le vent parce que j’étais sur TF1 et inversement» affirme-t-il avant de souligner «je suis avant tout lié à des projets et pas à des chaînes de télé».
A propos de projets, il avoue en avoir plusieurs mais comme aucun n’est encore signé, il préfère ne pas en parler. Il semble bien néanmoins qu’il ait pris goût à la mise en scène. «J’aimerais beaucoup poursuivre dans la mise en scène, même pourquoi pas de spectacles non musicaux, ça m’éclaterait bien sûr ! Au même titre que j’aimerais bien aussi continuer à chorégraphier pour d’autres metteurs en scène». Nul doute que Kamel Ouali a bien l’intention de relever d’autres défis… et toujours avec le même zen.