
J’étais passionné de théâtre depuis très longtemps. Un jour mon neveu, danseur de claquettes, m’a fait découvrir sa façon de danser très différente de ce que j’avais l’habitude de voir. Au même moment, j’ai rencontré Jean-Baptiste qui était alors musicien, chanteur, guitariste et percutionniste. En les voyant l’un et l’autre j’ai eu envie de monter un projet avec eux. J’ai organisé une rencontre et ils se sont appréciés immédiatement. Toutefois il a fallu trouver un dénominateur commun tant pour la musique que pour l’interprétation. Nous nous sommes servis de nos trois disciplines pour créer un langage. La danse a amené l’étude du geste, et le théâtre nous a donné l’idée de construire nos instruments et nous a permis de faire le pont entre chaque discipline.
Quel est le concept du spectacle ?
Le concept, c’est le détournement. Nous confrontons deux mondes : celui du ménage et celui de la musique. Ces deux univers n’ont a priori rien à voir ensemble mais ils se croisent. Le point de départ est une rencontre entre des hommes d’entretien qui sont restés un peu trop tard et des artistes qui sont arrivés un peu trop tôt. Ces deux mondes sont alors obligés de se confronter et c’est là qu’intervient le détournement.
Comment avez-vous « écrit » le spectacle ?
Nous n’avons pas de règle dans l’écriture du spectacle. Nous sommes parti d’un contexte. Le spectacle se construit ensuite petit à petit, seconde par seconde. Un geste peut nous inspirer autant qu’un bout de note ou un bout de texte.
Comment est composé le spectacle ?
Nous parlons, nous chantons, nous bougeons. On ne s’interdit rien du moment que c’est dans la ligne directrice théâtrale du spectacle. Chaque mouvement sur scène a une signification. Nous donnons corps aux personnages que nous interprétons.
Comment imaginez-vous les instruments ?
Il y a plusieurs démarches possibles :
— Le « hasard » : je me sers de mes yeux « déformés professionnellement » pour frotter, pincer toucher, gratter, souffler tous les objets qui sont sur mon chemin dans la vie de tous les jours.
— Un objet imposé : Parfois, j’ai un point de départ comme le seau de l’homme d’entretien.
— A la recherche d’une sonorité particulière : parfois, je recherche d’un son comme par exemple l’équivalent d’une ligne de basse. C’est le son qui m’est imposé et je dois chercher avec quoi le produire et de préférence avec un objet qui rentre dans le contexte du sujet du spectacle.
— A partir d’un objet quelconque : c’est une démarche plus libre. Je dois construire quelque chose d’entièrement nouveau. A la fin de sa conception, nous entrevoyons la façon de l’intégrer au spectacle. Dans celui-ci, c’est le cas pour le beaubourophone que j’ai mis deux ans à mettre au point
Comment écrivez-vous les chansons ?
Là non plus, nous n’avons pas de règle. Il peut arriver que l’un de nous arrive avec un texte ou au contraire qu’il faille écrire un texte en rapport avec l’histoire. Le plus difficile est de faire entrer l’un dans l’autre. Les morceaux ne sont pas interchangeables car il y a un vrai cheminement dans le spectacle.
Qu’apporte cette version du spectacle ?
Nous avons eu l’occasion de jouer en Espagne, en Allemagne. Petit à petit, nous avons ressenti le regard du public étranger qui nous a permis de supprimer les éléments franco-français. Nos spectacles sont devenus de plus en plus internationaux tout en continuant à se modifier. La version que nous présentons est le résultat d’un spectacle créé en France et qui a voyagé dans le monde.
Quels sont vos projets ?
Savourer le présent ! Nous sommes très heureux de jouer au Casino qui est le symbole pour nous du music-hall. Nous avons également profité du moment de la tournée pour monter un nouveau spectacle sur le thème du chantier qui j’espère, sera présenté la saison prochaine à Paris.