
« Ô Fleur-de-Lys / Je ne suis pas homme de foi / J’irai cueillir la fleur d’amour d’Esmeralda ». Les mots de Phoebus résonnent avec une pertinence étrange en cette deuxième saison du succès musical de la décennie : Fleur-de-Lys, la petite fiancée policée du capitaine de la garde s’est muée en Esmeralda, la gitane sauvage et libre. Telle est en effet la belle histoire de Julie Zenatti, 19 ans ce mois-ci, et qui est sans doute la vraie — et la plus belle — révélation de Notre Dame de Paris.
De Fleur-de-Lys, graine de star…
C’est une enfant de la balle, une petite fille que son père, excellent pianiste, a initiée très tôt. « J’ai toujours voulu faire ce métier » confirme-t-elle. Nous sommes à quelques minutes de son entrée en scène et une coiffeuse lui pose les mèches rouges destinées à lui donner sa « tête de gitane ». « J’ai commencé la danse à quatre ans et le chant, je l’ai pratiqué au Studio des Variétés et au Sentier des Halles. J’ai même enregistré un disque avec Lenny Kravitz… qui n’est malheureusement jamais sorti ! ». Les arcanes des maisons de disques sont impénétrables…
Julie a encore eu le temps d’enregistrer le générique d’une série de dessins animés pour la télévision avant d’être remarquée par Luc Plamondon. « Quand j’ai passé mon audition, je n’avais que quinze ans et demi. Autour de Luc, les gens doutaient que je puisse tenir la route. Il a dû se battre pour m’imposer et depuis, c’est un peu mon deuxième papa ! Mais j’ai beaucoup aimé aussi travailler avec Richard [Cocciante] : ses mélodies sont très lyriques, on peut se lâcher quand on les chante ». Et c’est ainsi qu’après un an et demi de travail, et un album-concept, on la retrouve dans la peau de Fleur-de-Lys, la fiancée pas si innocente que ça du capitaine Phoebus. Son statut de benjamine en fait un peu la mascotte de la troupe. Si Plamondon est son « papa », tous les hommes sur scène sont un peu ses « grands frères ».
…à Esmeralda, belle plante
Dès qu’il a été clair que le spectacle allait s’installer dans la durée, les producteurs ont engagé des discussions avec les artistes pour mettre au point la deuxième saison. « Nous étions tous partants… mais pas forcément au même rythme d’enfer ». Si les autres ont rempilé en demandant simplement à alterner plus souvent avec leur doublure, Julie Zenatti, elle, a obtenu un peu plus… « C’est une chance d’avoir commencé par Fleur-de-Lys. J’ai pu trouver mes marques. Mais à force d’entendre le spectacle soir après soir, on finit par connaître les chansons des autres aussi bien que les siennes. Je sentais que j’avais progressé. Ma voix et mon jeu étaient plus amples et je sentais que j’étais mûre pour Esmeralda. Je crois qu’on peut dire que j’avais grandi ! », ajoute-t-elle. Et la voilà donc partageant le rôle principal avec sa créatrice, Hélène Ségara. Les applaudissements à la fin du spectacle sont là pour en témoigner : le public l’a adoptée dans sa nouvelle identité. Ce qui ne l’empêche d’avoir un petit serrement de coeur quand elle entend désormais Véronica Antico interpréter son titre favori. « Véronica est magnifique en Fleur-de-Lys mais quand je l’entends chanter « La monture », je ne peux pas m’empêcher de penser : hé, c’est ma chanson ! », avoue-t-elle en riant.
Emprunter le couloir de la vie
Le succès de Notre Dame de Paris a servi de tremplin à ses interprètes. Tous travaillent à — ou ont achevé — des projets parallèles. Julie Zénatti n’est pas en reste qui sort un single avec le chanteur de rap Passi, Le couloir de la vie, prélude à un album complet. Mais sur scène, sa présence incandescente montre aussi son potentiel de comédienne. Et l’on se dit qu’on a déjà dû lui proposer de faire du cinéma. « C’est vrai mais ce n’est pas ma priorité. Je préfère avancer dans ma carrière de chanteuse. D’ailleurs, je suis trop timide, c’est plus facile de m’abriter derrière le chant ! ».
Pour une timide, elle « s’abrite » plutôt bien. Décidément, le conte de fées de Julie Zénatti ne fait vraiment que commencer !