
Initié par sa mère au piano, le jeune Massenet suit une formation classique de futur compositeur au Conservatoire de musique de Paris. Ses études au contact du compositeur Ambroise Thomas, sont couronnées en 1863 par le Grand Prix de Rome, ce qui lui donne l’occasion de séjourner dans cette grande ville de culture. Là bas, il rencontre sa future épouse que lui présente Franz Liszt.
Des débuts empreints de religiosité
Après quelques oeuvres à caractère religieux, Massenet se lance sur la scène de l’opéra. Ses premières créations sont accueillies avec intérêt. Puis vient Le Roi de Lahore (1877), et c’est enfin le succès éclatant. La confirmation suit avec Hérodiade (1881), Manon (1884), Le Cid (1885), Werther (1892). La réputation du compositeur est immense. On loue l’élégance de son écriture orchestrale et ses mélodies à profusion, le tout sous les signes conjugués de la clarté et de la volupté. Le désir de séduire à travers la musique, l’habilité dramatique font de Massenet la figure de proue de la scène lyrique française de la fin de 19e siècle. Depuis les déboires politiques et militaires des français en 1870–71, le public recherche des mets artistiques délicats et légers. L’époque est propice à Massenet : il est élu à l’académie des Beaux-Arts, et est nommé professeur de composition au Conservatoire de Paris.
Travaillant avec régularité, Massenet poursuit son chemin avec entre autres Thaïs (1884), Sapho (1897), Cendrillon (1899), Le jongleur de Notre Dame (1902), soit autant de succès qui maintiennent le compositeur au sommet. Celui-ci poursuit sa route, sûr de lui-même et de son art. Il n’éprouve pas le besoin de renouveler son écriture musicale. Loin de l’attitude du révolutionnaire, il réclame simplement des livrets exotiques, héroïques et parfois d’une immoralité tempérée, pour maintenir son public sous le charme.
Une vie tranquille
Menant une vie tranquille sans bouleversement notable, Massenet créé Don Quichotte d’après Cervantès en 1910. Ce sera son chant du cygne, il y aura bien encore quatre opéras tombés dans l’obscurité dès leur naissance. Le compositeur s’éteint en 1912, laissant derrière lui la bagatelle de 25 opéras et biens d’autres pièces musicales.
L’oeuvre de Massenet est vite entrée dans un cruel purgatoire. Le changement d’époque à partir de 1914 et la première guerre mondiale, l’ont desservi. On lui reproche en France son manque de consistance, son culte dépassé de la beauté sonore. Etrangement, la tradition d’interprétation de Massenet se maintient en Angleterre et aux Etats-Unis, et elle fournit bon nombre d’enregistrements discographiques, rappelant ainsi l’existence d’un vaste catalogue d’opéras. Maintenant que l’Opéra français réexamine avec curiosité son patrimoine, Massenet peut se présenter la tête haute. Faisons confiance à sa musique exquise et suave pour séduire de nouveau les foules, à un siècle d’intervalle.
Quelques opéras de Jules Massenet
Le Roi de Lahore (1877). Livret de Louis Gallet
Hérodiade (1881). Livret de Angelo Zanardini, d’après Flaubert
Manon (1884). Livret de Henri Meilhac et Philippe Gille
Le Cid (1885). Livret de AP.d’Ennery, L.Gallet et E.Blau
Werther (1982). Livret de d’Edourd Blau, Paul Milliet et Georges Hartmann d’après Goethe
Thaïs (1894). Livret de Louis Gallet d’après Anatole France
Cendrillon (1899). Livret de Henri Cain d’après Charles Perrault
Le Jongleur de Notre Dame (1902). Livret de M.Léna
Don Quichotte (1910). Livret de Henri Cain, d’après Cervantès