25 ans d’histoire
25 ans déjà que Les Misérables, le musical d’Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg, a été créé à Londres et qu’il continue, encore aujourd’hui, à enflammer les planches de la capitale anglaise.
Tout commence en France à la fin des années 70, quand Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg, ayant déjà travaillé ensemble sur l’opéra-rock La Révolution Française (1973), décident d’adapter l’oeuvre de Victor Hugo.
Le musical s’incarne d’abord sous la forme d’un concept album qui sort en 1980, avec notamment Rose Laurens (Fantine), Maurice Barrier (Valjean), Fabienne Guyon (Cosette) mais aussi des noms célèbres de la chanson française (Michel Sardou, Mireille, Adamo…).
Le spectacle est ensuite créé en septembre 1980 au Palais des Sports, dans une mise en scène de Robert Hossein, et s’y jouera pour 107 représentations, récoltant au passage un tube avec le single « La faute à Voltaire », la chanson de Gavroche, dont ironiquement, il ne restera plus que quelques mesures dans les versions postérieures.
Deux ans plus tard, Cameron Mackintosh, producteur anglais, écoute le concept album et en perçoit le potentiel. Il contacte alors le duo français, et celui-ci retravaille la forme du spectacle, notamment sa dramaturgie.
Le 8 octobre 1985, Les Misérables fait sa première au Barbican de Londres, dans une mise en scène de John Caird et Trevor Nunn.
Le musical reçoit des critiques mitigées, voire désastreuses. On critique notamment son atmosphère sinistre et l’hécatombe qui se produit sur scène, peu habituelle pour un musical. Pourtant, le bouche-à-oreille positif fonctionne de façon surprenante et plus de 5.000 billets sont vendus dans la matinée suivant la première.
A partir de là commence une longue aventure : une création triomphale à Broadway, un spectacle qui sera joué ensuite dans 311 villes, 42 pays et dans 21 langues différentes, et sera vu par plus de 57 millions de spectateurs sur plus de 45.000 représentations. Les Misérables est désormais le musical à la plus grande longévité de Londres… et du monde, comme il l’annonce lui-même fièrement.
On n’a pas tous les jours… 25 ans !
Après un dixième anniversaire fêté dignement au Royal Albert Hall, le 25e anniversaire se devait de frapper encore plus fort. Le concert aura donc lieu à l’02 (ex Millenium Dome), immense salle de concert avec une capacité pouvant aller jusqu’à 23.000 spectateurs. Les billets partant comme des petits pains malgré leur prix élevé, une représentation en matinée est rajoutée.
Comme on pouvait s’y attendre, l’ambiance est survoltée, particulièrement à la représentation du soir, avec des fans de tous âges, et du monde entier.
Enfin, plus de mille cinémas dans le monde retransmettent l’évènement.
Une impressionnante distribution
Pour ce concert exceptionnel, une distribution tout aussi exceptionnelle a été réunie. Pour une grande majorité, les rôles principaux étaient interprétés par des artistes ayant déjà joué Les Misérables à Londres ou à Broadway : Norm Lewis en Javert (Broadway, Londres), Lea Salonga en Fantine (Broadway), Ramin Karimloo en Enjolras (Londres), Nick Jonas en Marius (Londres), Samantha Barks en Eponine (Londres), Katie Hall en Cosette (tournée du 25e anniversaire) et enfin Jenny Galloway en Thénardier (Londres, Broadway, 10e anniversaire).
Au milieu de ces habitués, deux nouveaux venus : Matt Lucas, rendu célèbre par la série Little Britain, incarne Thénardier dans ce spectacle qu’il a toujours rêvé de jouer, selon lui, et enfin, Alfie Boe, ténor lyrique (il a notamment joué dans La Bohème mis en scène par Baz Luhrmann à Broadway) est Valjean.
Ajoutons‑y un orchestre dirigé par David Charles Abell et un choeur de plus de 150 personnes (dont de prestigieux « vétérans » des Miz tels que Phil Cavill, qui fut un remarquable Valjean) et le tableau est complet.
La distribution tient ses promesses : Alfie Boe chante magnifiquement le rôle (mais reconnaissons que John Owen-Jones aurait été tout aussi impressionnant, sinon plus), Norm Lewis impose sa présence et son timbre si spécifique, et Matt Lucas semble s’en donner à cœur joie dans la peau de Thénardier.
Enfin, Lea Salonga, après avoir été une superbe Eponine lors du concert des dix ans, se révèle être, quinze ans plus tard, une poignante Fantine.
Seul point faible de cette distribution, Nick Jonas, dont le timbre, tout à fait charmant mais peu puissant, se retrouve noyé au milieu des Boe, Lewis et Karimloo.
La fin du concert réserve forcément quelques surprises. Après les Valjean du monde entier chantant chacun dans leur langue lors du dixième anniversaire, c’est cette fois « seulement » quatre Valjean qui interprèteront « Bring Him Home ». Quatre, mais pas n’importe lesquels : Alfie Boe (le Valjean du concert), Colm Wilkinson (créateur du rôle à Londres et à Broadway), John Owen-Jones (le Valjean de la tournée du 25e anniversaire qui s’est achevée au Barbican de Londres, la veille du concert ) et Simon Bowman (le Valjean actuel du Queen’s Theatre). Une performance vocale tout à fait mémorable…
Le cast original de Londres (quasiment au complet) enchaîne avec un « One Day More » qui montre que Michael Ball (le Marius original) n’a rien perdu de sa puissance.
Le concert s’est conclu avec la participation de plus de deux cents lycéens ayant joué dans des productions scolaires des Misérables. Mackintosh les décrit comme étant le futur du théâtre musical.
Enfin, Boublil, Schönberg et Mackintosh ne manqueront pas, lors de leurs discours, de remercier les nombreux talents qui ont croisé leur route durant cette aventure de 25 ans.
Et demain ?
Un tel évènement se devait, évidemment, d’être immortalisé : le DVD et le Blu-Ray du concert sortiront le 29 novembre 2010.
En fin d’année, la BBC Television diffusera un sujet sur le succès des Misérables, ainsi que sur les coulisses du concert, vues par Matt Lucas.
La version cinématographique des Misérables — dont il était déjà question dans les années 90 — serait à nouveau d’actualité.
La production londonienne entame sa 26e année, quant au reste du monde, signalons notamment une nouvelle production madrilène (à partir du 18 novembre 2010) ainsi qu’une tournée nord-américaine démarrant au Paper Mill Playhouse (New Jersey, à partir du 19 novembre 2010). Ces deux versions seront données dans la mise en scène de la tournée du 25e anniversaire, que le public parisien avait pu voir au Théâtre du Châtelet.
Petit ou grand écran, scènes internationales… Les Misérables semblent encore avoir de beaux jours devant eux.