
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Je suis né à Liège dans une famille de mélomanes, mes parents vivant de leur passion comme professeurs. J’ai appris le violon à cinq ans et le piano à douze, ce qui m’a permis de commencer à composer très jeune. A quinze ans, j’écrivais une première chanson pour une comédie musicale à Bruxelles et quelques années plus tard, je participais moi-même à des tours de chant organisés par ma mère au Conservatoire. Déjà adepte des planches depuis mon initiation au théâtre à dix ans, j’ai ainsi pris goût à la scène comme chanteur-interprète. J’ai participé à Pour la gloire, un micro-crochet télévisé assez connu en Belgique, moins trash que la télé-réalité. Puis j’ai gagné un concours pour enregistrer un titre en studio professionnel. J’ai décidé de mettre de côté mon violon et la musique classique pour me consacrer à la composition de chansons de variété et pop.
Comment êtes-vous arrivé à Paris et à la comédie musicale ?
Après 2–3 années de concerts en Belgique, où je me suis fait un petit public, et deux disques auto-produits dont on peut écouter quelques extraits sur mon site perso, je suis venu en France à la recherche de producteurs. Je ne suis ni le premier ni le dernier Belge à venir « conquérir Paris » (rires). Toujours tenté par l’expression scénique utilisant mes compétences théâtrales et musicales, la comédie musicale est un parcours parallèle que j’essaye de suivre. J’avais déjà fait quelques allers-retours à Paris pour des auditions, notamment celles de Cabaret aux Folies Bergère et de la tournée asiatique de Roméo & Juliette, mais sans succès. Fame a été le bon.
Comment s’est passée l’audition de Fame ?
Je suis arrivé à Paris en septembre 2007 et j’ai découvert en octobre l’audition de Fame sur Regard en Coulisse, seulement trois jours avant qu’elle n’ait lieu ! D’abord, j’ai pensé que mon faible niveau de danse serait disqualifiant, mais j’ai remarqué qu’ils cherchaient un violoniste pour le rôle de Samuel. Donc j’ai revu le film Fame, décroché mon violon et préparé deux chansons et un extrait de « Art » de Yasmina Reza. Sur place, heureusement, on avait une demi-heure pour apprendre une minute de chorégraphie. J’ai été retenu pour un deuxième tour et j’ai attendu deux mois le résultat final, mais cela en valait la peine !
Pouvez-vous parler un peu de ce personnage, Samuel ?
Pour ceux — nombreux — qui connaissent la série Fame, Samuel s’apparente à Bruno Martelli. C’est le compositeur du groupe, pris en tenaille entre ses origines familiales et sa formation classique d’un côté et ses aspirations modernistes de l’autre. Il en ressort une timidité dans l’expression de son art et dans sa vie de tous les jours. Je vous vois venir, vous allez dire que c’est mon portrait tout craché. Mais mises à part la possible ressemblance physique et la similitude des parcours du classique au contemporain, je vous assure que ma personnalité est tout autre !
Quelles sont les difficultés du rôle ?
Tout d’abord, malgré les apparences, le personnage est très différent de moi, donc c’est un véritable rôle de composition. Ensuite, je me suis piégé moi-même en faisant l’erreur de regarder la série avant les répétitions, ce qui m’a instinctivement conduit à reproduire un schéma établi plutôt qu’inventer le mien. J’ai mis longtemps à me sentir bien, naturel, dans le rôle. Ned Grujic, le metteur en scène, et Julie Victor, ma partenaire sur scène, m’ont bien aidé mais c’est le public, dès la première, qui m’a donné le dernier coup de pouce, l’exaltation nécessaire pour y parvenir. Enfin, une difficulté structurelle du spectacle est que le personnage effectue une véritable évolution, voire révolution, au cours de la pièce alors que je ne dispose que de courtes saynètes pour l’exprimer. J’espère que le résultat est à la hauteur de mes efforts !
Et après Fame, quels sont vos projets ?
Je vais déjà terminer la saison parisienne puis la tournée en province à partir de décembre 2008, incluant une date en Belgique. Ensuite, j’aimerais surtout continuer à perfectionner ma double compétence, scène et composition. J’ai déjà un modeste public qui me suit, dont 70 personnes qui sont venues de Belgique en car pour me voir au Théâtre Comedia et que je salue ici. Bien sûr, un de mes objectifs principaux est de faire connaître mon univers musical grâce à mes compositions. Travailler avec d’autres artistes comme compositeur est passionnant, mais, à mon âge, ma soif d’apprendre égale encore celle de donner. Jouer dans une comédie musicale m’offre le terreau unique pour développer mes sens et mon art. Si j’éprouve autant de plaisir dans la chanson que dans la comédie, c’est parce que la scène est pour moi l’endroit où je me sens le mieux. Partager avec le public me rend simplement heureux.