
Pierre Médecin, le directeur, à qui j’avais envoyé une plaquette présentant mon travail, et l’agence de communication Income m’ont proposé de travailler sur la nouvelle identité visuelle de l’Opéra Comique. Mon logo à été choisi et Pierre Médecin a été séduit par l’approche très graphique de mes propositions : logo au centre des affiches, aplats, pas de photos, pas d’illustrations, le visuel est le nom de l’opéra. Pour la saison, j’ai conçu une dizaine d’affiches dans cet esprit.
Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?
Je suis ravi de cette expérience. C’était très agréable, Pierre Médecin me laissait une totale liberté (ce n’est pas si fréquent) En général je lui présentais 3 ou 4 maquettes. Il choisissait systématiquement la plus audacieuse !
Pour dessiner une affiche, comment procédez-vous ?
Le rythme était assez soutenu, je devais réaliser une affiche toutes les 3 semaines environ. Pierre Médecin me donnait le ton de l’oeuvre (moderne ou non, l’ambiance générale). Je n’ai jamais travaillé avec un metteur en scène, je n’y tiens pas plus qu’eux. J’ai d’ailleurs rarement de retour. Je crois que le metteur en scène de Dédé a été amusé par l’affiche… Il m’est arrivé d’acheter le CD d’un opéra pour me mettre dans l’ambiance, mais ce n’était pas systématique. Je ne suis pas un connaisseur, le lyrique ne m’intéresse pas plus que ça. Ce qui était excitant dans ce travail, c’était de réussir à évoquer l’ambiance de l’opéra dans le cadre des contraintes graphiques que je m’étais imposées et qui était devenues l’identité visuelle de l’Opéra Comique : le logo au centre d’une affiche étroite !.. et surtout trouver une astuce sur le nom même de l’opéra. Ca devait être pertinent (voir impertinent) tout en restant lisible ! Le travail est comparable à celui d’un magicien, on regarde ses mains :… rien dans la main droite .… Rien dans la gauche… et hop !… il ouvre les mains et libère une douzaine de colombes. La jubilation vient de l’illusion : çà ne devrait pas être et pourtant je le vois. Et bien c’est ce que j’essaie de faire dans mes affiches : vous voyez écrit « Dédé »… et hop !… vous voyez une paire de seins ! Lorsque c’est réussi vous avez en plus de l’information, un supplément de plaisir, une jubilation.
Quelle est votre formation ?
J’ai commençé à peindre et dessiner assez jeune. Après une brève apparition aux Arts Décos de Paris puis dans quelques agences, je me suis mis à mon compte comme graphiste free-lance. Au début je faisais un peu de tout : illustrations, maquette, bd, dessin animé etc… Au travers des affiches, le texte a progressivement supplanté le visuel pour finalement prendre son autonomie. Il y a eu en 1994 la série pour Canal+, Le proverbe du jour. Ensuite, j’ai publié Les mots ont des visages, deux volumes aux éditions Autrement. L’an dernier, il y a eu une autre série pour Canal+ avec ce même titre. Enfin, je viens de publier deux livres pour enfants chez Autrement Jeunesse. Et je travaille sur le projet d’un nouveau livre, d’une nouvelle série et bien sur… de nouvelles affiches.