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Jocelyne Sand — Demoiselle d’Avignon

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Jocelyne Sand ©DR
Joce­lyne Sand ©DR

Qu’est-ce qui vous a poussée à faire ce métier ?
Depuis toute petite déjà je cas­sais les oreilles à tout le monde (rires). Je pre­nais ma corde à sauter pour faire un micro. J’é­tais dans la chorale de mon école. Je me sou­viens que la maîtresse m’en­voy­ait sou­vent au tableau pour chanter en atten­dant que la cloche sonne. C’est un ami — que je ne remercierai jamais assez — qui m’a inscrite au Con­ser­va­toire de Greno­ble. C’é­tait juste après le bac.

Vous vous êtes donc ori­en­tée vers une car­rière de chanteuse ?
J’ai décou­vert le plaisir de chanter Mozart. Ce n’é­tait pas dans ma cul­ture. J’ai pris des cours de chant et de théâtre et j’ai été embauchée rapi­de­ment dans une troupe à Grenoble.

Pou­vez-vous nous racon­ter vos débuts parisiens ?
J’avais décidé de mon­ter à Paris pour ten­ter le con­cours d’en­trée à l’Ecole de chant de l’Opéra de Paris, dans les années 80. J’ai atteint trois fois la finale sans jamais être retenue ! Je suis restée à Paris quand même, j’ai pris ma gui­tare et j’ai chan­té dans la rue, entre autres sur la jolie Place de Fusten­berg, à Saint Ger­main des Prés. Ce n’é­tait pas Zola et je gag­nais bien ma vie. Cette place
était ma salle de con­cert (rires) !
Mes vrais débuts parisiens ont com­mencé par le rôle-titre de Bagatelle d’Of­fen­bach, au Point Vir­gule. C’é­tait un rôle qui me col­lait à la peau. Puis j’ai été cho­riste au Théâtre du Châtelet, et j’ai rejoint les troupes des Musi­comé­di­ens et de la Com­pag­nie Fra­casse. Tout s’est ensuite enchaîné très vite.

Nous vous avons vue récem­ment jouer dans L’Ul­time Ren­dez-vous le rôle de Jeanne Cuchet, une des vic­times du tris­te­ment célèbre Landru.
C’est une aven­ture artis­tique et humaine absol­u­ment mer­veilleuse. Nous adorons toutes ce spec­ta­cle et n’avons qu’une hâte : le rejouer vite… et longtemps ! Vin­cent Vit­toz [NDLR : met­teur en scène et auteur] m’a fait un très beau cadeau en me con­fi­ant ce rôle de com­po­si­tion. Le pub­lic a réservé un tel accueil au spec­ta­cle que ça nous a nour­ris, chargés. Ca n’est pas un scoop, mais ça donne des ailes d’être appré­ciés comme ça ! (rires)

Quels sont vos rôles de prédilection ?
J’ai trou­vé en quelque sorte mon clown : la bour­geoise décalée… et bizarrement, les rôles de vieille dame ! Dans Nine aux Folies Bergères, je jouais la mère de Jérôme Pradon. J’avais 70 ans ! J’aime les rôles de com­po­si­tion, car c’est un chal­lenge. J’ai joué en ital­ien (et en Ital­ie !) le rôle de la Mère Chat­te dans Peines de coeur d’une chat­te française mis en scène par Alfre­do Arias. J’y ai décou­vert le jeu avec masque et j’ai trou­vé ça passionnant.
J’ai aus­si joué un rôle d’un homme dans L’E­toile de Chabri­er, et j’ai adoré ça (rires) ! J’aimerais beau­coup inter­préter le rôle de Julie Andrews dans Vic­tor Vic­to­ria.

On vous retrou­ve à Avi­gnon cet été…
Oui, je joue dans Le petit bal per­du de Michel Dibilio. C’est un spec­ta­cle inter­ac­t­if qui mêle le pub­lic et les comé­di­ens et qui invite les spec­ta­teurs à danser et ain­si, d’une cer­taine manière, à par­ticiper au spec­ta­cle. C’est tou­jours un vrai plaisir de retrou­ver cette proximité.

Vous enseignez égale­ment le chant lyrique et les musiques actuelles. Vous ne vous arrêtez jamais ?!
Et j’in­ter­viens aus­si auprès de pro­fes­sion­nels de la com­mu­ni­ca­tion. L’en­seigne­ment m’ap­prend beau­coup de choses, c’est très enrichissant ! La plu­part des gens ne con­nais­sent pas toutes les pos­si­bil­ités de leur prin­ci­pal out­il de com­mu­ni­ca­tion : leur voix !

Que peut-on vous souhaiter pour la suite de votre carrière ?
Etre tou­jours sur scène ! Je suis orig­i­naire de Haute-Savoie, et quand je suis sur scène, je me sens comme à la mon­tagne ! J’au­rais envie qu’on me provoque en tant que comé­di­enne, pour que j’aille fouiller dans ce que j’ai encore à décou­vrir et à offrir. On me classe par­fois comme une lyrique, alors que j’ai sou­vent emprun­té des chemins buis­son­niers et détournés. D’ailleurs, je ne fais pas une car­rière dans le « lyri­co-lyrique ». Je me situe dans l’hu­mour, la comédie et le chant. Je suis un peu inclass­able, et c’est à dou­ble tran­chant aus­si ! Je ne peux pas être mise dans un tiroir avec une éti­quette. Je change sou­vent d’ap­parence et mon petit plaisir est qu’on ne me recon­naisse pas à la sor­tie des artistes ! (rires). Je veux con­tin­uer à sur­pren­dre et être là où on m’at­tend le moins !