
Comment vous est-venue l’idée d’adapter le Journal d’Anne Frank en musical ? Vous ne vous êtes pas dit que le sujet était délicat à adapter ?
Adolescent, comme beaucoup, j’avais lu ce livre qui m’avait énormément marqué. Comment cette fille de mon âge pouvait-elle traverser une telle épreuve, celle de rester cachée pendant deux ans pendant la guerre, et continuer à écrire, jour après jour, sa formidable envie de vivre et d’aimer ? C’est seulement il y a 5 ans, alors que je terminais la musique de L’Epopée d’ Ulysse, que je me suis mis à rechercher un nouveau sujet. J’avais une certitude : je voulais une très jeune fille pour héroïne, beaucoup d’émotion et surtout une histoire vraie. Anne Frank a ressurgi. En quelques jours, j’avais écrit une dizaine de chansons sur elle…
Quelles sont les plus grandes difficultés que vous avez rencontrées durant l’écriture ?
Comme dit Claude-Michel Schönberg à qui j’avais soumis mes premières maquettes : « Attention, avec un sujet comme ça, tu marches sur des œufs ». Ne pas tomber dans le sentimentalisme ou répéter une histoire bien connue était le piège. Je le remercie tous les jours de m’avoir encouragé car mon travail s’inscrivait, je le cite, « dans le théâtre musical que nous aimons »…
En termes de spectacles musicaux, quelles sont vos références, vos influences ?
Les Miz bien sûr… Je suis aussi un inconditionnel de Rent de Jonathan Larson que j’ai vu de nombreuses fois à New York, tout Jacques Demy et Michel Legrand, le délicieux Chance de Devolder. J’ai également beaucoup écouté Berger, Satie, Debussy, il se peut qu’on le sente dans Anne…
Comment le spectacle a‑t-il évolué depuis sa création (à l’Essaïon en 2007) ? Pourquoi avoir voulu moderniser le prologue ?
Une première version de notre metteur en scène, Pierre-Yves Duchesne, avait été jouée à l’Essaïon où alternaient dialogues et chansons. Mais la volonté d’écrire une partition entièrement chantée s’est avérée plus originale. J’avais envie d’entendre le son de ces années troubles, les voix d’Anne, de sa sœur Margot… j’avais là de quoi décrire toutes les émotions : les joies, l’amour, la mort… en musique. Ainsi, pour créer un pont avec le présent, nous avons démarré le spectacle par la visite en 2011 d’un groupe de jeunes au musée Anne Frank à Amsterdam. Un flashback s’opère et l’une des jeunes filles (Cloé Horry) « devient » Anne… Avec Francine Disegni, la productrice, nous avons décidé d’utiliser le rap d’ S.M.O, un authentique rappeur qui a rejoint la troupe et déverse son flow sur mes boucles de piano de façon saisissante…
Selon vous, à quel public se destine ce musical ?
A toutes et à tous. C’est pour cela que le journal, même s’il raconte l’histoire d’une petite juive, a ému des centaines de millions de lecteurs depuis 50 ans. Rappeler que, dans les périodes les plus terribles de l’humanité, on peut croire à un monde meilleur est une nécessité. Ce musical permet à Anne d’être chaque soir encore parmi nous…
Quels sont vos projets après le Gymnase ?
Je travaille sur une version anglaise du spectacle. Nous avons tissé de bons contacts à Londres et à New York. Je ne m’avancerai pas plus pour l’instant. Pour la France, nous cherchons à mettre en place une belle tournée pour Anne le musical que nous aimerions associer avec l’exposition itinérante de la Maison Anne Frank…
Toutes les infos sur le spectacle.
