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Jean-Louis Grinda — Sol en Cirque et le retour de Titanic

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Jean-Louis Grinda ©DR
Jean-Louis Grin­da ©DR
Jean-Louis Grin­da, com­ment êtes-vous arrivé sur le pro­jet Sol en Cirque ?
Par un heureux con­cours de cir­con­stances. L’Opéra Roy­al de Wal­lonie que je dirige avait fait les cos­tumes du spec­ta­cle musi­cal Glad­i­a­teur. Au cours de cette col­lab­o­ra­tion, j’ai ren­con­tré des gens très sym­pa­thiques dans l’équipe de pro­duc­tion qui m’ont demandé de m’in­téress­er au pro­jet Sol en Cirque. J’ai écouté l’al­bum ; j’ai trou­vé les chan­sons excel­lentes et de grande qual­ité. Même si je n’avais jamais mon­té de spec­ta­cle musi­cal de var­iété française, j’ai tout de suite embrayé sur le projet.

Qu’est-ce qui vous a séduit ?
Tout d’abord, c’est un spec­ta­cle que nous faisons pour une oeu­vre, l’as­so­ci­a­tion Sol­i­dar­ité Enfant Sida. J’ai tou­jours eu envie de m’in­téress­er un jour à une oeu­vre car­i­ta­tive mais plutôt en direc­tion des enfants, donc ça cor­re­spondait tout à fait à mon optique. D’autre part, j’ai ren­con­tré des gens for­mi­da­bles : Zazie, qui est une femme intel­li­gente, spir­ituelle et généreuse, Vin­cent Baguian et Jean-Marie Leau qui ont co-écrit le spec­ta­cle avec elle. Ils ne con­nais­saient pas du tout mon milieu ; ils sont donc venus voir Le Cré­pus­cule des Dieux de Richard Wag­n­er que j’avais mon­té à Liège l’an­née dernière. Ca n’avait rien à voir ! Mais il y a eu une ren­con­tre qui s’est bien passée, une sym­pa­thie réciproque qui est née. On a mis toutes nos éner­gies autour de ce pro­jet. Je voudrais pré­cis­er que tous ceux qui tra­vail­lent sur ce spec­ta­cle le font vrai­ment pour l’aven­ture, pour l’as­so­ci­a­tion Sol en Si à qui 60 % des béné­fices seront rever­sés. Même Jérôme Savary a mis à dis­po­si­tion gra­tu­ite­ment ces superbes locaux appar­tenant à l’Opéra Comique pour nos répétitions.

C’est la pre­mière fois que vous mon­tez ce genre de spectacle…
Je con­nais­sais peu l’u­nivers de la var­iété. Et puis je n’ai jamais mon­té de spec­ta­cle pour enfants, or Sol en Cirque est prin­ci­pale­ment à des­ti­na­tion du jeune pub­lic à par­tir de 3 ans. L’idée du spec­ta­cle est une idée de partage, de sol­i­dar­ité, de vie en col­lec­tiv­ité, en vue de gom­mer les dif­férences. Ce sont des chan­sons de var­iété inclus­es dans une trame dra­ma­tique qui est une sorte de quête ini­ti­a­tique où cha­cun doit appren­dre sur soi-même et sur les autres. Donc je monte ça en tra­vail col­lec­tif, on peut rec­ti­fi­er bien sûr le texte, les auteurs ont réar­rangé cer­taines musiques. J’ai vrai­ment une équipe de comé­di­ens extra­or­di­naires, c’est un bon­heur de tra­vailler avec eux.

Que ver­ra-t-on sur scène ?
Il y aura un décor unique, qua­tre musi­ciens, des acteurs qui jouent la comédie, chantent et dansent. C’est une his­toire d’an­i­maux qui vont faire un cirque chez les hommes, un cirque mal­adroit. Ce sont des ani­maux qui vivent pais­i­ble­ment entre eux et qui vont rechercher la pierre molle pour sauver Big Mama, l’éléphante qui, elle, est représen­tée par un gon­flable. Big Mama a per­du ses défens­es, on voit bien l’al­lu­sion au Sida, il y a tou­jours ce dou­ble niveau de com­préhen­sion. C’est une aven­ture qui devrait dur­er 1h20 env­i­ron et qui per­me­t­tra de don­ner trois représen­ta­tions par jour. On essaye d’être per­cu­tant et clair pour les enfants, et égale­ment suff­isam­ment amu­sant pour que les par­ents qui les accom­pa­g­nent ne s’en­nuient pas. C’est une vraie comédie musi­cale, ce n’est pas un tour de chant !

En même temps, vous allez remon­ter Titan­ic à Liège. Com­ment vous organisez-vous ?
Lors de la créa­tion de cette adap­ta­tion française en décem­bre 2000, j’avais co-signé la mise en scène avec Claire Ser­vais. Pour cette reprise, c’est Claire qui va faire la remise en route et moi j’ar­riverai là-bas pour les dix derniers jours de répéti­tion avant la première.

Pourquoi avoir choisi de remon­ter ce spectacle ?
Parce qu’il est mag­ique ! Et il y avait une véri­ta­ble demande d’une part du pub­lic et d’autre part des artistes. Et quand les artistes ont envie de faire quelque chose, je crois que c’est impor­tant de leur don­ner l’op­por­tu­nité de le faire. C’est un spec­ta­cle qui crée une émo­tion qui touche tout le monde. C’est un spec­ta­cle qui est beau visuelle­ment. Il y a une ambiance, cette musique for­mi­da­ble de Mau­ry Yeston, qui sera là d’ailleurs pour la pre­mière. Ce serait dom­mage de laiss­er ça dans les car­tons. C’est le vrai gros musi­cal de Broad­way d’aujourd’hui.

Y’au­ra-t-il des change­ments par rap­port à la création ?
On ne va pas réin­ven­ter la mise en scène mais juste retra­vailler cer­taines choses. Il y aura un change­ment dra­ma­tique un peu fort : une vraie scène d’op­po­si­tion entre le per­son­nel de bord et les pas­sagers de troisième classe qui sont blo­qués et qui ne peu­vent pas sor­tir des dessous.

Cette fois-ci, peut-on espér­er voir Titan­ic à Paris ?
Si je remonte Titan­ic à Liège, c’est aus­si pour lui don­ner une nou­velle chance. Je vais faire venir des gens. Ce qui fait peur dans cette pro­duc­tion, ce n’est ni l’oeu­vre, ni le décor, mais c’est l’am­pleur de la dis­tri­b­u­tion. Aujour­d’hui on sait bien que musique live plus grosse dis­tri­b­u­tion, ça ne fait pas recette auprès des pro­duc­teurs. Les deux seuls théâtres qui pour­raient l’ac­cueil­lir sont Mogador et le Châtelet. Mogador a été racheté par Stage Hold­ing dirigé par Jon De Mol qui, je le rap­pelle au pas­sage, a co-pro­duit la créa­tion de Titan­ic à Broad­way… Quant au Châtelet, son nou­veau directeur a l’air de vouloir sor­tir un peu des sen­tiers bat­tus et faire des choses un peu plus populaires.

Un directeur d’Opéra qui met en scène aus­si bien du Wag­n­er que Sol en Cirque, en pas­sant par Titan­ic, ce n’est pas commun…
Moi j’aime bien la diver­sité, je n’aime pas la mono­chromie. Et j’ai bien l’in­ten­tion de con­tin­uer. Je pré­pare pour la ren­trée 2006 une nou­velle pro­duc­tion de West Side Sto­ry à l’Opéra de Tel Aviv. L’Opéra de Mar­seille m’a pro­posé de met­tre en scène la créa­tion d’un spec­ta­cle musi­cal de Vladimir Cos­ma sur Mar­ius et César de Pag­nol en sep­tem­bre 2007 avec Rober­to Alagna dans le rôle de Marius.

En 2007, vous allez quit­ter l’Opéra Roy­al de Wal­lonie pour rejoin­dre l’Opéra de Monte Carlo…
C’est une sorte de retour au pays, je suis un vrai moné­gasque. J’avais choisi de ne pas faire plus de deux man­dats à Liège. Quand on est resté onze ans à la tête d’un Opéra, je pense qu’on nous a assez vus. Le per­son­nel a besoin d’avoir un autre chal­lenge, le pub­lic a besoin de voir autre chose que le goût, les envies et les copains de Jean-Louis Grin­da ! Et moi j’ai besoin de me con­fron­ter à d’autres pra­tiques, de trou­ver de nou­velles for­mules. A Monte Car­lo, j’au­rai la chance d’avoir deux salles de spec­ta­cles : la salle Gar­nier, une mag­nifique bon­bon­nière, et la salle des Princes (2 000 places et un plateau grand comme celui de Bastille) qui se trou­ve sous la mer ! J’e­spère bien y présen­ter, en plus des opéras, des grands spec­ta­cles comme Titan­ic, West Side Sto­ry, Chan­tons sous la pluie, et des nou­velles créa­tions… Je con­tin­uerai à avoir la dou­ble casquette.