Accueil Portraits Je Ni Kim, la révélation de The King and I

Je Ni Kim, la révélation de The King and I

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Je Ni Kim (Tup Tim) © M. Ginot/CNIPAL
Je Ni Kim (Tup­tim) © M. Ginot/CNIPAL

Je Ni Kim, quel est votre parcours ?
J’ai fait des études de chant lyrique, ai étudié en Ital­ie au Con­ser­va­toire de Milan avant de rejoin­dre Paris à l’Ecole Nor­male de Musique pen­dant un an, suivi d’une péri­ode au Cen­tre Nation­al Lyrique de Mar­seille. L’opéra con­stitue véri­ta­ble­ment mon réper­toire. Petite, j’étais fascinée par l’opéra, j’ai tou­jours souhaité faire ce méti­er. Je suis née dans une petite ville de Corée du Sud, ai gran­di à Séoul, ma mère était ma pro­fesseur à l’école mater­nelle et m’a ini­tiée, elle m’a don­né beau­coup d’idée et d’envie, sans pour autant me pouss­er à le faire. Nous pou­vons par­ler de vocation.

Con­naissiez-vous le monde de la comédie musi­cale avant ce spectacle ?
Mon intérêt se focal­i­sait vrai­ment sur l’opéra, même s’il m’était arrivé de voir des spec­ta­cles à Lon­dres, Wicked, Le Fan­tôme de l’Opéra par exem­ple. Je les con­sid­érais unique­ment comme spec­ta­trice. En Corée, le pub­lic aime beau­coup plus la comédie musi­cale que l’opéra. Pour ma part, j’ai donc décou­vert ce genre en tra­vail­lant sur The King and I. Durant mon séjour de deux ans à Mar­seille, j’ai passé nom­bre d’auditions et notam­ment avec  le directeur de cast­ing du Châtelet pour l’opéra. Il m’a alors pro­posé ce spec­ta­cle, quel bon­heur ! J’ignorais tout de cette œuvre, mon regard est tout à fait neuf. Je me sou­viens que ma pro­fesseur m’avait dit que le rôle, musi­cale­ment par­lant, était trop bas pour moi. Sopra­no légère et col­orature, chanter cette par­ti­tion était un défi qu’il m’a plu de relever. Il faut dire que, après avoir écouté les airs, j’ai eu une très forte envie d’incarner Tup­tim ! Cela m’a for­cé à trou­ver mes mar­ques, de décou­vrir un autre monde. L’approche musi­cale est dif­férente, explor­er de nou­veaux hori­zons m’enchante.

Com­ment avez-vous tra­vail­lé votre rôle ?
Je me suis un peu lancée dans l’inconnu. Ce fut un peu dif­fi­cile, j’aurais aimé voir une ver­sion du spec­ta­cle, j’ai vu des extraits, beau­coup lu, me suis doc­u­men­tée. Ensuite avec l’équipe, ce fut tout à fait intéres­sant pour moi. Au début, nous avons tous beau­coup par­lé de nos rôles, de notre approche du spec­ta­cle, cette étape était pri­mor­diale pour moi. Comme c’était une pre­mière, j’ignorais com­ment les choses allaient se pass­er. Cela m’a mise en con­fi­ance. Ensuite il ne restait plus qu’à se laiss­er porter par les indi­ca­tions de Lee Blake­ley qui a des idées pré­cis­es, mais restait ouvert à cette dis­cus­sion préal­able. Je me suis sen­tie à l’aise.

Com­ment définis­sez-vous votre personnage ?
Tup­tim est la jeune fille pure pétrie d’émotion, mûe par une pas­sion amoureuse assez déchi­rante. Elle offre une autre dimen­sion au spec­ta­cle, lui donne une cer­taine grav­ité. Pour moi elle cache une force incroy­able sous une apparence frag­ile, j’ai envis­agé le rôle comme cela. Je me lance, on ver­ra ce que cela donnera !

Quelles seraient les dif­férences fon­da­men­tales entre tra­vailler pour l’opéra et une comédie musicale ?
Ma car­rière est très jeune, je ne dis­pose pas du recul néces­saire. Mais une chose ressort mal­gré tout : j’ai le sen­ti­ment que, pour l’opéra, le tra­vail est peut-être plus axé sur la voix, on pense plus musique. Dans la comédie musi­cale, ce tra­vail vocal est très impor­tant, mais il se com­plète avec un autre tra­vail sur le texte, l’interprétation et les choré­gra­phies, les scènes de bal­let par exem­ple. En tout cas pour The King and I, j’ai pu faire l’expérience de toutes ces dis­ci­plines. Nous avons beau­coup répété pour maîtris­er tous ces aspects. Appren­dre le texte m’a demandé beau­coup de tra­vail, j’ai beau­coup tra­vail­lé avec le coach anglais, il m’a bien aidée. J’avais peur à un moment, durant un bal­let, où je dois racon­ter une his­toire durant quinze min­utes. Je ne savais pas com­ment j’allais m’en sor­tir, cela me parais­sait insur­montable. Voir que les choses se met­tent en place, en répé­tant sans cesse, est assez émou­vant. La par­ti­tion de ce spec­ta­cle fait pour moi qua­si­ment référence à la musique clas­sique, ce qui m’a facil­ité la tâche. Rien à voir avec des comédies musi­cales aux musiques plus con­tem­po­raines, voire de var­iétés, qui m’auraient sans doute posé d’autres prob­lèmes ! Débuter avec cette œuvre est un pre­mier pas, en douceur, et j’en savoure chaque instant.

Je Ni Kim (Tuptim) dans The King and I © Marie-Noëlle Robert - Théâtre du Châtelet
Je Ni Kim (Tup­tim) dans The King and I © Marie-Noëlle Robert — Théâtre du Châtelet