Je ne suis pas une libellule (Critique)

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je-ne-suis-pas-une-libelluleAvec Flan­nan Obé et Yves Meier­hans (piano).
Mise en scène : Jean-Marc Hoolbecq.

Com­ment sur­vivre à un rêve d’enfant trop grand ? A une his­toire d’amour qui rate ? A un short beau­coup trop court ?
Et puis com­ment devient-on un garçon, et qui chante en plus ?
Autant de ques­tions futiles et essen­tielles aux­quelles Flan­nan Obé tente de trou­ver des répons­es. 
Entre pépites oubliées et créa­tions récentes, entre rires (beau­coup) et larmes (une ou deux), il partage avec nous des chan­sons qui sont autant de tableaux intimistes que des séquences brillantes.
Il en prof­ite pour égrain­er quelques rêves choi­sis, quelques sou­venirs qui ont mar­qué son drôle de par­cours pour arriv­er jusqu’à nous…

Notre avis :

Depuis – entre autres – Luci­enne et les Garçons, La Nuit d’Elliot Fall, L’Envers du Décor et ses nom­breuses par­tic­i­pa­tions dans la troupe des Brig­ands (Au Temps des Croisades, Croquefer/L’Île de Tuli­patan, La Grande-duchesse), on ne présente plus Flan­nan Obé et pour­tant, on n’en finit pas de le décou­vrir ! Lorsqu’en 2011, avec Tout fout l’camp !, il fran­chit le pas du seul en scène – aux côtés de son com­plice Yves Meier­hans, qui lui offre non seule­ment un accom­pa­g­ne­ment de rêve mais com­pose aus­si les musiques des chan­sons du spec­ta­cle –, il s’ouvre de nou­veaux hori­zons d’expressions plus per­son­nelles. Aujourd’hui, alter­nant anec­dotes et chan­sons à textes, il con­fie que son envie de théâtre et de music-hall lui coule dans le corps et lui trotte dans la tête depuis que, à l’âge de 6–7 ans, per­ché sur un tabouret pour effac­er le tableau noir et alors saisi d’une irré­sistible envie de pitrerie pour tester son pre­mier pub­lic, il prend la pose, fait effec­tive­ment rire sa classe mais se voit puni par la maîtresse à copi­er cinquante fois « Je ne suis pas une libel­lule ». Depuis, il sait qu’il a des ailes. On pour­rait ajouter : de la maîtrise vocale, le sens de la scène et de la réplique qui fait mouche, un indé­ni­able charisme, beau­coup d’autodérision, un cer­tain raf­fine­ment dans l’art de com­pos­er des paroles tra­gi-comiques, et ce qu’il faut de gri­maces et de déhanche­ments pour incar­n­er – excusez du peu – Scar­lett O’Hara fuyant Atlanta en pleine guerre de séces­sion… au point qu’il se demande – et nous aus­si, devant tant de démon­stra­tion – s’il n’en fait pas des caiss­es en se dis­sim­u­lant der­rière un joli masque… La réponse est don­née par le pub­lic qui admire chaque inflex­ion de sa voix, rit à chaque bon mot, jubile à chaque clowner­ie, se laisse touch­er par tant de générosité et en redemande.