
Comment vous est venue l’idée de ce spectacle ?
L’idée de ce spectacle est née suite à un concert organisé à Mulhouse en mars 2009. J’avais pour mission de faire découvrir la chanson française en interprétant des chansons de Norbert Glanzberg. Je ne le connaissais absolument pas. Je me suis alors lancée dans des recherches sur Internet sur sa vie et son œuvre. C’est là que j’ai découvert que cet illustre inconnu avait écrit des tubes de la chanson française comme « Mon manège à moi » ou encore « Les grands boulevards ». J’ai consulté le seul livre qui lui a été consacré, Chanson pour Piaf, et j’ai plongé dans son univers. Ce fut une véritable rencontre ! Lors du concert, le public a formidablement réagi en fredonnant avec moi les airs qu’il connaissait. L’idée d’un spectacle complètement dédié à Norbert Glanzberg s’est alors imposée à moi.
Pouvez-vous nous présenter Norbert Glanzberg ?
Norbert Glanzberg était issu d’une famille juive qui a fui la Pologne pour la Bavière en 1912. Suite à la montée de l’antisémitisme, il s’est exilé à Paris en 1936 où il a rencontré Django Reinhardt. Il a beaucoup souffert de la guerre car il s’est fait dénoncer. Il a dû se cacher jusqu’en 1944. Une fois le calme revenu, il a renoué avec le succès dès 1948 avec « Padam Padam », créé pour Edith Piaf. Il était en révolte permanente. C’est ce qui m’a touchée le plus en m’intéressant à son œuvre, et c’est ce que j’ai envie de transmettre au public.
Padam Padam est-il un concert ou un spectacle musical à part entière ?
C’est un vrai spectacle musical. Je n’avais pas envie d’enfiler les chansons les unes à la suite des autres. J’avais plutôt envie, au travers d’une véritable mise en scène, de faire découvrir au public qui était Norbert Glanzberg en racontant son histoire et en dévoilant ses traits de caractère.
Vous êtes entourée de trois musiciens. Comment s’est fait ce choix ?
Frédérik Steenbrink est le premier qui m’a suivie dans l’aventure dès Mulhouse. Nous avions effectué toutes les recherches ensemble. Sa présence à mes côtés était une évidence.
J’avais envie d’être accompagnée d’une guitare manouche car Norbert Glanzberg avait croisé Django Reinhardt et ils avaient chanté ensemble dans des cabarets parisiens. Il nous a fallu du temps pour trouver Edouard Pennes ! Il est le cadet de la troupe et s’est volontiers prêté au jeu de notre mise en scène. C’est d’ailleurs une révélation pour lui, vous verrez !
Il me tenait à coeur de donner une touche de jazz aux chansons, c’est pourquoi je suis partie à la recherche d’un contrebassiste. Jérôme Sarfati maîtrise parfaitement la contrebasse et le piano. Sa complicité avec Frédérik fait qu’aujourd’hui nous formons un véritable « quatuor en liberté ».
Comment avez-vous sélectionné les chansons ?
J’ai tout de suite repéré les chansons les plus connues comme « Padam Padam », « Les grands boulevards », « Ça c’est de la musique », « Mon manège à moi »… Ensuite, j’ai écarté les chansons trop vieillottes. Nous avons travaillé de concert avec Cyrille Lehn, notre arrangeur, pour insuffler de nouveaux rythmes, et des instrumentations différentes aux chansons, tout en conservant l’esprit de Norbert Glanzberg. C’est toujours un challenge de se réapproprier les chansons interprétées par de très grandes personnalités. Nous sommes partis des partitions et avons tenté de les « faire parler ». J’adore ça, c’est un travail de longue haleine très enrichissant.
Vous jouez en période estivale. Est-ce une volonté particulière ?
C’est un concours de circonstances. La directrice du Théâtre La Bruyère cherchait un projet pour l’été. « Padam Padam » lui a tout de suite plu car il pouvait attirer les touristes amateurs de chanson française. Personnellement, je trouve qu’il cadre tout à fait avec la conjoncture de crise que nous traversons actuellement, car il évoque la faculté de surmonter ses difficultés et d’aller toujours de l’avant. C’est un spectacle qui donne du baume au cœur.