De : Alexandre Breffort.
Mise en scène : Nicolas Briançon.
Assisté de : Pierre-Alain Leleu.
Décors : Jacques Gabel.
Costumes : Michel Dussarrat.
Lumières : Gaëlle de Malglaive.
Chorégraphies : Karine Orts.
Chef de chant : Vincent Heden.
Avec : Lorant Deutsch, Marie-Julie Baup, Nicole Croisille, Andy Cocq, Olivier Claverie, Fabrice de la Villehervé, Jacques Fontanel, Valentin Fruitier, Laurent Paolini, Claire Perot, Bryan Polach, Pierre Reggiani, Loris Verrecchia, Philippe Vieux et six musiciens.
Résumé : Nestor, un titi parisien dans toute sa splendeur, tombe fou amoureux de sa protégée, Irma. Rongé par la jalousie de savoir sa douce en galante compagnie chaque nuit, Nestor va utiliser tous les stratagèmes pour qu’Irma ne soit plus qu’à lui et rien qu’à lui, peu importe le prix à payer…
Notre avis : Créé en 1956 à Paris par Marguerite Monnot (musique — on lui doit également les musiques mythiques de « Mon légionnaire », « Hymne à l’amour » ou encore « Milord ») et Alexandre Breffort (livret et paroles), Irma la Douce fait partie des rares musicals français à s’être exportés dans le West End et à Broadway (dans une mise en scène de Peter Brook).
Dans un Paris de carte postale où filous et filles de joie déambulent autour du pont Caulaincourt et de Pigalle, Irma la Douce tombe amoureuse de Nestor le Fripé, mais celui-ci devient vite jaloux des clients de la belle demoiselle… Avec un livret farfelu, quelque peu daté, mais tirant vers le conte cocasse et la fable fantaisiste, Irma séduit d’abord par son charme suranné, et la musique de Monnot (même si relativement peu de thèmes sont développés) enchante avec son parfum parisien délicieusement rétro. A cet égard, « Avec les anges » est une merveille de duo amoureux et pour incarner ce duo : un couple, à la ville comme à la scène, Marie-Julie Baup (Irma) et Lorant Deutsch (Nestor). Baup est pleine de fraîcheur et de candeur tandis que Deutsch amuse avec son bagou. Leur complicité est évidente, et les deux comédiens savent susciter de l’empathie pour leurs personnages, tour à tour fragiles, naïfs, ou attachants. Enfin, la gouaille canaille est jouée avec parcimonie et ne tombe pas dans les excès d’accent parigot comme on a pu l’entendre dans certaines versions.
L’autre bonne surprise de ce spectacle est la présence de Nicole Croisille dans le rôle d’une narratrice haute en couleurs. Ce rôle (Bob le Hotu) est au départ masculin, mais la transposition pour un personnage féminin (« Maman »), à mi-chemin entre Régine et Madame Claude, ajoute une touche légère et pétillante au spectacle. On connaît le goût de Croisille pour la comédie musicale (Dames at Sea, Hello, Dolly ! par le passé et plus récemment Follies et Cabaret). Irma la Douce lui offre un rôle plein d’humour et d’impertinence qui lui permet de se lâcher et de nous montrer ses facettes comiques.
Ce trio central est soutenu par un ensemble de choix, bien qu’un peu sous-exploité, (on y retrouve notamment Andy Cocq, Claire Pérot, Fabrice de la Villervé, Pierre Reggiani, Laurent Paolini pour n’en citer que quelques uns) et par une formation de six musiciens au milieu de laquelle l’accordéon — magique et nostalgique — a une place de choix.
Dans cette mise en scène de Nicolas Briançon, Irma la Douce est à (re)découvrir comme on va voir une pièce de répertoire, pour se replonger dans l’ambiance d’une époque, désuète et délicieuse à la fois.