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Interview : David Alexis mène le bal

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David Alexis et Daniele Carta Mantiglia dans Le Bal des Vampires (c) Brinkhoff / Mögenburg
David Alex­is et Daniele Car­ta Mantiglia dans Le Bal des Vam­pires © Brinkhoff / Mögenburg

David Alex­is, com­ment vous sen­tez-vous à ce stade des représentations ?
Depuis le 16 octo­bre, on est dans un état encore un peu euphorique. On a eu la chance de tra­vailler deux mois avec Polan­s­ki : on est encore rem­pli de ces richess­es, cette pas­sion qui nous ont été trans­mis­es. Aujourd’hui, on vit au rythme des réac­tions du pub­lic, qui sont bonnes, et c’est for­mi­da­ble de voir ça. On est aus­si porté par l’œuvre qui n’est pas for­cé­ment facile. Le film date de 67, il a un peu vieil­li et on n’a pas for­cé­ment le décalage qu’il y avait dans le film. Là, c’est très chanté.
En tout cas, on est encore très con­cen­tré car rien n’est acquis. C’est un spec­ta­cle très dan­gereux tech­nique­ment, donc la moin­dre inat­ten­tion peut être fatale. Mais on est heureux, on est une bonne équipe, tous solidaires.

Pou­vez-vous nous par­ler de votre personnage ?
Le Pro­fesseur Abron­sius n’est pas si loin de moi. A la dernière audi­tion, Polan­s­ki m’avait demandé de tra­vailler plus avec mon corps. C’est un tra­vail de com­po­si­tion qui n’est pas facile, physique­ment, vocale­ment, mais il est proche de moi dans la rapid­ité, dans les zygo­ma­tiques, dans la manière d’avoir des réac­tions avec les autres. Après, pour par­ler de son car­ac­tère, c’est un per­son­nage qui est resté un enfant, il est un peu tyran­nique, par­fois antipathique mais je pense qu’il est généreux et qu’il est ten­dre avec les futurs sci­en­tifiques qui vont suiv­re ses traces. C’est un per­son­nage for­mi­da­ble à jouer et tous les soirs je prends mon pied… et mon pieu !

Com­ment avez-vous abor­dé la pré­pa­ra­tion de ce rôle ?
Quand j’ai été choisi, j’ai été heureux mais aus­si inqui­et car je savais que je n’avais pas l’âge du rôle et je me demandais pourquoi ils ne choi­sis­saient pas quelqu’un de plus proche en âge, mais apparem­ment, ils souhaitaient quelqu’un de plus jeune car le rôle est physique. Physique­ment, j’ai donc tra­vail­lé en direct avec Polan­s­ki durant les répéti­tions. Je pars du principe que le corps de l’ac­teur doit être le pre­mier engage­ment. Je me suis donc mis à l’é­coute de mon corps et Polan­s­ki m’a aiguillé.
Vocale­ment, j’ai abor­dé ce tra­vail avec ma prof Amy Lavi­etes, j’ai peaufiné des choses. J’ai aus­si la chance d’avoir com­mencé en tant que mar­i­on­net­tiste, et j’ai très vite don­né du fil à retor­dre à mon lar­ynx, comme dans Avenue Q. Ca ne me sem­blait pas très com­pliqué en soi, mais il faut main­tenir cette posi­tion pen­dant deux heures, vocale­ment et physiquement.

Com­ment Polan­s­ki vous a‑t-il dirigé ?
C’est impres­sion­nant de tra­vailler avec Roman, surtout quand on sait tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il est. Dans le tra­vail physique, il accom­pa­gne beau­coup. Il est der­rière sa table, il nous regarde tra­vailler, puis il nous arrête, nous dit de bouger une épaule, on sent qu’il tra­vaille beau­coup au ciné­ma : il est dans une pré­ci­sion absolue. Mais par­fois, il a ten­dance à oubli­er qu’on est sur scène et que ce n’est pas tou­jours facile de repro­duire au cen­timètre près la posi­tion d’une épaule ou d’un œil. On s’a­mu­sait beau­coup de ça ! C’est un homme incroy­able, il n’y a pas beau­coup de met­teurs en scène qui mon­tent sur le plateau et s’en­ga­gent autant physiquement.

Vous avez revu le film durant votre proces­sus de travail ?
J’avais vu le film il y a très longtemps et je l’ai revu pour les audi­tions, pour mieux cern­er le côté décalé. C’est là que j’ai vu qu’on était à la fois dans de l’ab­surde et du réal­isme. En revanche, à la demande de Polan­s­ki, je n’ai rien vision­né sur Youtube de la pro­duc­tion scénique, car il voulait vrai­ment créer de nou­velles choses ici. Mais le film est sur ma table de chevet, comme un gri­gri, car Le Bal des Vam­pires est une chance inouïe et une aven­ture humaine inoubliable.

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