Les amateurs de cinéma musical n’ont pas pu ignorer l’irruption récente en France du cinéma musical indien, surnommé Bollywood (Bombay + Hollywood). Les apparitions sur les écrans de Lagaan (en 2001) puis Devdas (2002) ont ouvert les portes d’un nouvel univers, lointain et fascinant. Dans le livre Il était une fois Bollywood, le photographe Jonathan Torgovnik nous amène aux sources de Bollywood : ses artistes , ses coulisses et son public en Inde.
Les photographies sont à la hauteur du phénomène. La foule des cinémas, devant les salles en ville ou en plein air à la campagne, est compacte et étonnamment sereine. Il transparaît une sorte de retenue extérieure qui contraste avec l’engouement intérieur lisible dans les regards . Ainsi qu’il est indiqué dans l’introduction, la moitié du milliard d’habitants qui forme la population de l’Inde a moins de 25 ans. Pour les producteurs locaux de divertissement, en particulier de cinéma, c’est un public large et idéal qui ne demande qu’à rêver. Du côté des studios, la débrouillardise saute aux yeux. L’image montrant le rembobinage d’un film à la main, au bord d’une rivière tranquille, est représentative de cet état d’esprit. On se situe aux antipodes des grands moyens dont les making-of des films hollywoodiens nous abreuvent. Mais l’impression est trompeuse : les effets spéciaux portent davantage sur les associations de couleurs, les chorégraphies et la beauté presque surnaturelle de ses stars. Le résultat est hallucinant comme l’atteste l’impact sur les spectateurs. Le texte d’introduction très synthétique donne plusieurs pistes intéressantes pour appréhender Bollywood et son public. En définitive, voilà un livre richement illustré sur une merveilleuse usine à rêves à découvrir.