
Grégory Antoine, comment est née l’idée de Hit Parade ?
Après la découverte de l’hologramme de Michael Jackson aux Billboard Music Awards 2014, mon producteur David Michel a eu l’idée d’utiliser cette incroyable technologie pour créer un hologramme de Claude François. Après avoir eu l’accord de Claude François Junior, David a souhaité élargir le projet pour intégrer d’autres artistes français dont Dalida, Mike Brant et Sacha Distel. C’est à ce moment-là qu’il s’est mis en quête de quelqu’un pour imaginer l’histoire et bâtir le spectacle. Parmi d’autres créateurs, j’ai rencontré David et c’est finalement ma proposition qui a été retenue. J’ai eu la chance inouïe qu’il me donne carte blanche et me fasse entièrement confiance pour concevoir le spectacle et recruter mon équipe créative. J’ai tout de suite embarqué avec moi la talentueuse Cécile Chaduteau avec qui je travaille depuis plusieurs années ainsi qu’une équipe incroyable… Gérard Daguerre avec qui j’avais travaillé en compagnie d’Alain Marcel sur un grand projet de comédie musicale avec Sacha Distel, Bernard Arnould avec qui j’avais imaginé un grand projet international dans un stade, Dimitri Vassiliu dont je rêvais pour la création lumière, Frédéric Olivier dont je connaissais le travail dans l’univers du spectacle musical et qui me semblait avoir la fantaisie nécessaire, Bruno Gaccio avec qui j’ai l’immense plaisir de travailler sur le livret… et tout le reste de l’équipe que je ne peux citer tellement nous sommes nombreux sur ce projet insensé !
Je ne sais pas si cela vient de mes origines théâtrales, de la longue route que j’ai eue avec Alain Marcel [NDLR : Grégory Antoine a été l’assistant du metteur en scène Alain Marcel] ou de mon goût personnel, mais je crois que je suis incapable d’imaginer un projet qui ne soit pas un minimum théâtral ! J’ai donc commencé par passer deux mois l’été dernier à tout lire, tout voir, tout écouter sur nos quatre stars ! Je voulais trouver un angle d’attaque qui soit réel, juste, plausible pour écrire le concept du spectacle. J’adore faire ça et mélanger ce qui est véridique avec ce que j’invente, au point que les spectateurs finissent par ne plus savoir démêler le vrai du faux.
J’ai finalement trouvé l’angle en écoutant une interview radio de Claude François, qui, avant un concert au Forest National en 1974, annonçait qu’il voulait arrêter sa carrière de chanteur pour devenir animateur et producteur de spectacles de télévision. Entertainer
Hit Parade raconte la fabrication du pilote de cette émission. Le spectateur est donc plongé au milieu des années 70, du vivant de nos légendes qui sont réunies autour d’un projet d’envergure : mettre en scène, mettre en images, coucher sur bandes les versions ultimes des chansons qu’elles interpréteront durant le spectacle. Nous ne sommes donc pas dans une démarche de remix ou de modernisation de chansons mythiques (elles n’en ont pas besoin !), mais bien dans des versions live « définitives » que nos quatre stars auraient pu interpréter sur scène à l’époque.
Il y a de la magie et du secret dans l’hologramme… Comme le magicien qui ne dévoile pas ses trucs, l’hologramme doit être un moyen et non une fin en soi et je ne voulais surtout pas transformer ce spectacle en une démonstration technologique.
Je ne peux donc pas tout vous révéler, mais ce que je peux dire, c’est que Claude, Mike, Dalida et Sacha seront sur scène, très naturellement, et au milieu des autres artistes !
Le but ultime est qu’on ne puisse pas distinguer le réel du virtuel… et c’est pour cette raison qu’avec MacGuff, nous poussons la technologie au-delà de l’imaginable. Je peux vous révéler que, pour la première fois au monde, nous fabriquons les hologrammes à partir d’images filmées qui sont 48 fois plus grosses que la haute définition à la télévision !Quels sont les challenges techniques pour un metteur en scène ?
C’est simple, il n’y a que des challenges techniques pour moi sur ce spectacle ! (rires) Depuis le départ, je sais que les contraintes sont énormes et il a fallu que j’apprenne à jouer avec, au lieu de lutter contre.
Pour un metteur en scène, la plus grande difficulté est de ne pas « encapsuler » le spectacle dans quelque chose de figé, mais de lui laisser sa liberté de respiration. Un spectacle est une matière vivante qui doit pouvoir entrer en harmonie avec le public pour maintenir la magie du live… Or, chacun sait que les réactions du public sont imprévisibles, surtout des mois à l’avance. Il fallait donc trouver des solutions pour rester libre, car, ce que je cherche avant tout, c’est faire naitre l’émotion chez les spectateurs.De quelle manière interviendront les artistes vivants ?
Exactement comme dans un spectacle normal ! La seule différence, c’est qu’ils auront, en plus, des partenaires holographiques avec qui jouer ou danser. Je suis très heureux que, par exemple, Franck Vincent puisse jouer la comédie en direct avec Claude François, que Tonya Kinzinger puisse être la complice professionnelle de Sacha Distel ou que Nicolas Vogel puisse dialoguer avec Mike Brant !
Nous avons également la chance d’avoir une distribution de danseurs incroyables et Cécile se régale imaginer des chorégraphies dans lesquelles danseront, ensemble, les danseurs réels et les danseurs holographiques. C’est cet automne que tout le monde répétera ensemble pour ne former qu’une seule et même troupe. C’est fou quand on y pense !
Où en êtes-vous des répétitions aujourd’hui ?
Nous avons beaucoup répété au printemps et nous sommes actuellement en plein tournage en studio avec une énorme équipe de cinéma. À titre personnel, donner le « action » d’une prise me plonge dans le métier de mon père et je dois avouer que l’émotion est forte ! C’est, pour nous tous, une expérience incroyable qui nous oblige à travailler très différemment du spectacle vivant. Les hologrammes naissent sous nos yeux, et nous partageons ces moments de grâce avec les familles des artistes quand elles viennent nous rendre visite sur le plateau.
Hit Parade à partir du 12 janvier 2017 au Palais des Congrès