Accueil Talent à suivre Hervé Devolder — Quand la Chance lui sourit

Hervé Devolder — Quand la Chance lui sourit

0
Hervé Devolder ©DR
Hervé Devold­er ©DR

Quel est votre parcours ? 
D’abord un par­cours de musi­cien. Après le Con­ser­va­toire, j’ai com­mencé à com­pos­er des musiques de film et ça m’a don­né l’en­vie de faire des films moi-même. Après une école de ciné­ma et quelques essais dans la réal­i­sa­tion, je me suis aperçu que j’avais de grandes lacunes pour diriger les comé­di­ens. Je suis ren­tré au Con­ser­va­toire d’Art Dra­ma­tique, ça m’a pas­sion­né et je suis devenu comé­di­en ! En sor­tant du Con­ser­va­toire, j’ai écrit mes pre­mières pièces. Je me suis égale­ment pro­duit seul en scène. Pour autant, je n’ai pas aban­don­né la musique. Au théâtre, pour soulign­er cer­tains pas­sages, il y a besoin d’une musique. J’en ai com­posé beau­coup pour les pièces que je met­tais en scène et pour les autres.

Et vous en êtes arrivé à écrire une comédie musicale… 
Oui, c’est venu naturelle­ment. J’ai tou­jours adoré la comédie musi­cale en général avec un petit faible pour Sond­heim, Lloyd Web­ber et les films de Jacques Demy. Avec le sup­port de la musique, on peut aller très loin dans toutes les émo­tions. En jouant avec les har­monies, avec deux ou trois ren­verse­ments au piano, on évoque la joie, l’é­ton­nement, la sur­prise, la tristesse, l’amour… Il y a une magie dans la comédie musi­cale, elle nous emmène dans un rêve, elle sub­lime le réel. Dans Chance, il y a une his­toire mais finale­ment elle est très mince. Si les dia­logues étaient par­lés, ça ne rendrait absol­u­ment rien. C’est plus un pré­texte, un fil con­duc­teur pour un spec­ta­cle musi­cal où tout devient com­plète­ment sur­réal­iste comme la banale pause-café qui devient un numéro de sam­ba. Grâce à la musique, au chant et à la danse, on arrive à sub­limer la vie de six per­son­nes dans un bureau.

Avec Chance vous avez choisi l’hu­mour décalé et la déri­sion, c’est plutôt rare dans la comédie musi­cale actuelle…
C’est très amu­sant d’avoir recours au matéri­au musi­cal pour exprimer une « décon­nade« générale ! C’est un bon­heur de pou­voir mélanger des musiques très « pouêt-pouêt« et des mélodies plus flat­teuses. Mais je n’amène rien de nou­veau. Le décalé et la déri­sion, Offen­bach l’a fait bien avant nous. Au début du 20e siè­cle, il y avait aus­si tout un réper­toire de pièces de théâtre chan­tées com­plète­ment déli­rantes avec des allu­sions à plein de styles. Et plus récem­ment il y a quand même eu Ali Baba.

Vous vous amusez aus­si à par­o­di­er quelques « clas­siques« et des gross­es pro­duc­tions plus récentes… 
Tous les clins d’oeil et les allu­sions à Offen­bach et à cer­taines comédies musi­cales comme Les Para­pluies de Cher­bourg, Sin­gin’ in the rain, Roméo et Juli­ette… sont avant tout des hom­mages « à la manière de ». Il ne faut pas y voir autre chose. C’est juste pour rire.

Com­ment avez-vous con­sti­tué votre troupe de comédiens-chanteurs ? 
J’en con­nais­sais déjà quelques uns et pour les autres j’ai fait pass­er des audi­tions mais j’ai eu beau­coup de mal à trou­ver ce que je cher­chais. Il me fal­lait des pro­fils bien pré­cis car à chaque per­son­nage cor­re­spond un style musi­cal. Par exem­ple, pour l’av­o­cat il me fal­lait for­cé­ment un bary­ton basse lyrique qui sache aus­si jouer la comédie, et il n’y en a pas tant que ça.

Com­ment avez-vous tra­vail­lé avec eux ? 
Ce qui est génial dans cette troupe, c’est qu’ils ont tous des par­cours très dif­férents et qu’ils vien­nent d’u­nivers sou­vent diamé­trale­ment opposés. Par exem­ple, Jérôme Rouzi­er (le cour­si­er) vient du karaoké et des con­certs de rock alors que Hervé Huyghues (l’av­o­cat) a tra­vail­lé avec les plus grands pro­fesseurs de lyrique ! Pour leur don­ner des indi­ca­tions de mise en scène, il ne fal­lait donc pas avoir recours aux même références. Il y a eu une ému­la­tion for­mi­da­ble entre eux. Ils se sont aidés mutuelle­ment jusqu’à con­stituer une équipe soudée et homogène. Je tenais à ce qu’il n’y ait pas un pre­mier rôle mais six rôles de même impor­tance. Main­tenant je les accom­pa­gne tous les soirs au clavier (en plus de la bande orchestre) et je suis tou­jours épaté par leurs performances.

Avez-vous eu des dif­fi­cultés à trou­ver un pro­duc­teur et un théâtre ? 
Un par­cours du com­bat­tant incroy­able ! Bien sûr je suis ravi du suc­cès des gross­es pro­duc­tions comme Notre Dame de Paris et Roméo et Juli­ette car main­tenant ce n’est plus ringard d’écrire « comédie musi­cale » sur une affiche et ça ne fait plus fuir le pub­lic. Mais du coup, pour les gens du méti­er, une comédie musi­cale ne peut être qu’une grosse machine. Alors quand on leur pro­pose une sim­ple pièce de théâtre chan­tée faite pour être jouée dans un théâtre à l’i­tal­i­enne, là rien n’a changé, ils répon­dent que ça ne marchera pas. D’autres pensent qu’une comédie musi­cale coûte for­cé­ment très cher. Finale­ment j’ai trou­vé un jeune pro­duc­teur prêt à mouiller sa chemise et un théâtre (le Dejazet) qui a accep­té de nous accueillir.

Quel bilan tirez-vous des pre­mières représentations ? 
On est très con­tents, ça se passe très bien. Le pub­lic applau­dit chaleureuse­ment. Le bouche à oreille a l’air de bien fonc­tion­ner. L’autre jour j’ai vu une dame à la caisse du théâtre qui demandait si c’é­tait aus­si drôle qu’on le dit ! On est au Dejazet jusqu’à la fin de l’été, c’est notre galop d’es­sai. Après une petite tournée, on devrait nor­male­ment repren­dre en janvier.

Pensez-vous déjà à une nou­velle comédie musicale ? 
J’en ai même deux en pro­jet: une dans le même for­mat que Chance mais pas entière­ment chan­tée sur l’u­nivers de la télévi­sion et une autre de plus grosse enver­gure pour une grande salle…comme le Palais des Con­grès par exemple !