Musique et Lyrics : Jerry Herman
Livret : Michael Stewart, basé sur la pièce de Thornton Wilder The Matchmaker (La Marieuse)
Création à Broadway le 16 janvier 1964 au St James Theater, à l’affiche pour 2 844 représentations
Produit par David Merrick, mise en scène et chorégraphie : Gower Champion, décors et costumes : Oliver Smith
Avec : Carol Channing, David Burns, Eileen Brennan, Sondra Lee, Charles Nelson Reilly, Jerry Dodge
Création française à Mogador en 1972 avec Annie Cordy
Les chansons
Une partition réjouissante, inspirée par les styles en vogue au tournant du siècle, alternant des mélodies entraînantes au charme indéniable et des moments de pur music-hall avec orchestrations spectaculaires :
Call On Dolly ; I Put My Hand In ; It Takes a Woman ; Put On Your Sunday Clothes ; Ribbons Down My Back ; Motherhood ; Dancing ; Before The Parade Passes By ; Elegance ; Hello, Dolly ! ; It Only Takes a Moment ; So Long Dearie.
Le synopsis
Dans les années 1890, Dolly Gallagher Levi est veuve et marieuse à New York. Horace Vandergelder, riche marchand de Yonkers, l’engage pour lui trouver une moitié convenable. Tout en s’efforçant de lui présenter quelques partis, Dolly a en réalité déjà décidé que la « demi-fortune » de Horace lui convenait tout à fait. Pour arriver à ses fins, elle s’assure la sympathie des deux employés de la boutique, Cornelius et Barnaby, véritablement harcelés par leur patron peu avenant, et de la nièce de celui-ci, en favorisant leurs rencontres avec leurs bien-aimés respectifs… aux frais de Mr Vandergelder ! Tout est bien qui finit bien, après de joyeux quiproquos, des chansons, des danses, des parades, des portes qui claquent, des plateaux qui tournoient, des poulets farcis qui volent, des tartes à la crème.
Le thème
La pièce originale de Thornton Wilder, The Matchmaker, adaptée d’un de ses romans en 1954, ressemblait déjà fortement à une comédie musicale sans chansons. Aussi, l’ajout d’une partition, dix ans après la création de la pièce, donna tout son sel à cette histoire abracadabrante dont le livret semble tout droit sorti d’un film muet d’époque. Le sujet de la pièce, en fait assez subversif quand on y pense — une femme veut épouser un homme pour sa richesse, et uniquement pour cela — emporte malgré tout l’assentiment du spectateur pour une raison très simple : Dolly est avenante, pleine de verve et d’humour, et en fait plutôt généreuse, tandis que Horace est bourru, avare, sévère et antipathique. Ce manichéisme un peu simplet déclenche toutefois chez le spectateur un raisonnement inconscient qui le fait adhérer sans scrupule au souhait de Dolly : en effet, les évocations pleines de tendresse et d’humour de feu son mari Ephraïm caractérisent une femme plus sincère et aimante qu’il n’y paraît, et son intérêt pour Mr Vandergelder laisse présager que celui-ci cache en fait des trésors de bonté… Le spectacle est une merveille de divertissement : un cadre Belle Epoque grandiose justifiant costumes et décors chatoyants, une atmosphère complètement burlesque, des chansons agréables et des ballets mis en scène de façon spectaculaire dans des orchestrations ronflantes, des acteurs virevoltants et une véritable meneuse de revue en la personne de Dolly Levi, dont l’abattage sensationnel et l’humour très camp ont dû susciter bien des vocations de drag-queens, tels ont été les ingrédients de cette comédie musicale célébrissime !
L’histoire derrière l’histoire
Avant de créer Hello, Dolly !, Jerry Herman avait écrit les chansons de trois revues et d’un musical à la gloire d’Israël, Milk and Honey, au succès honorable. Il fut engagé pour Hello, Dolly ! sur… audition ! Le compositeur était indéniablement très à l’aise dans l’écriture de chansons destinées à mettre en valeur la personnalité de femmes hors du commun, ce qui devint par la suite son image de fabrique. La chanson-titre « Hello Dolly ! », très spectaculaire dans sa construction mélodique, son orchestration et sa mise en scène, est l’occasion d’un numéro de revue avec grand escalier, boys surexcités, robe de lumière et chapeau emplumé, et n’a jamais été surpassée en efficacité. Pourtant, la chanson n’était pas prévue à l’origine et a été ajoutée après les traditionnelles avant-premières de province. Elle est ainsi la seule chanson gratuite du spectacle, car toutes les autres chansons sont complètement intégrées au contexte du livret et font avancer le récit. Le titre devint un triomphe international, repris en particulier par Louis Armstrong et propulsé au sommet des charts, reléguant même en seconde position les Beatles ! Le rôle de Dolly Levi est une aubaine pour les grandes dames du théâtre, et toutes celles qui avaient refusé le rôle pour cause de « vulgarité » furent les premières à pointer leurs plumes lorsqu’il fallut succéder à la créatrice du rôle, Carol Channing : Ginger Rogers, Ethel Merman, Betty Grabble, Dorothy Lamour, etc. perpétuèrent à travers Broadway et l’Amérique entière le succès du spectacle. Hello, Dolly ! fut même présenté en 1967, avec un succès égal et une distribution entièrement noire menée par Pearl Bailey et Cab Calloway. La comédie musicale a également été adaptée dans de nombreuses langues étrangères et fut représentée avec grand succès par Annie Cordy en 1972 en version française. On ne peut passer sous silence la version très élégante présentée en anglais à Paris en 1992 avec une époustouflante Nicole Croisille.
Les versions
Nous avons un témoignage cinématographique exceptionnel de cette comédie musicale. En effet, le film de Gene Kelly avec Barbra Streisand et Walter Matthau, souvent décrié pour des raisons toujours contradictoires, n’a pas son pareil dans l’historique des comédies musicales de Broadway adaptées au grand écran. Le film est probablement, en matière de décors et costumes, l’une des plus luxueuses productions hollywoodiennes de tous les temps, et l’interprétation de Barbra Streisand un véritable régal, sans doute plus subtile que celle des diverses interprètes sur scène. Jerry Herman a souvent déclaré, malgré son attachement à la créatrice du rôle Carol Channing, que la version cinématographique était la version définitive du spectacle tel qu’il l’avait toujours imaginé.
Une nouvelle version a été créée en 2017 à Broadway avec au casting Bette Midler dans le rôle de Dolly Gallagher Levi. Un album du casting actuel a été enregistré et sera disponible à partir du 12 mai 2017 sur iTunes et Amazon.
Production originale de Broadway sur disque RCA Victor LOCD/LSOD 1087 (1964, avec Carol Channing, disponible à l’écoute sur Deezer et Spotify.)
Production de Broadway sur disque Varese Sarabande VSD-5557 (1994, avec à nouveau Carol Channing, trente ans après la création, dans ses avant-derniers soupirs, disponible sur Deezer et Spotify.)
Production noire de Broadway sur disque RCA Victor 1147 2 RG (1967)
Production originale de Londres sur disque RCA Victor LOCD/LSOD 2007 (1965, avec Mary Martin)
Production en allemand sur disque Columbia OL 6710/OS 3110 (1967)
Production en français sur disque Versailles 491135 2 (1972, disponible sur Deezer et Spotify.)
Version cinématographique en DVD
Article écrit par Marc Afflalo et mis à jour par Ulick Norman Owen.