
Marie-Rose célèbre son trentième anniversaire. Comment le personnage est-il né ?
Le personnage de Marie-Rose est né avec la chanson « Allons Chanter Avec Mickey » en 1977.
En composant ce morceau, Jean-Jacques Debout, mon mari, m’a dit que ce serait une bonne idée si je représentais un personnage pour les enfants. Le nom de Marie-Rose s’est imposé dans les rimes de la chanson et comme ce nom-là m’a plu, je l’ai gardé et il ne m’a plus jamais quitté !
Entouré d’enfants, ce personnage n’est pas sans rappeler celui incarné par Julie Andrews dans La Mélodie Du Bonheur et vos spectacles déploient d’importants moyens.
Oui, Jean-Jacques a toujours tenu à constituer une équipe formidable pour tous mes spectacles, que ce soit Pierre Simonini pour les décors, Philippe Binot de l’Opéra de Paris pour les costumes, les lumières de Roger Ragoy ou encore Arthur Plasschaert, à l’époque, pour les chorégraphies.
De plus, les chansons étaient jouées par un véritable orchestre, que ce soit celui de l’Opéra ou celui de Radio France.
Tous ces talents étaient réunis pour offrir aux enfants, ainsi qu’à leurs parents, le plus beau spectacle qui soit, parce qu’ils le méritaient. Nous avons eu raison d’y croire puisque cela ne s’est pas démodé.
Quel regard portez-vous sur la comédie musicale ?
J’ai toujours été bercée par la comédie musicale, grâce à Jean-Jacques.
Par exemple, j’aime beaucoup West Side Story avec Natalie Wood. D’abord, je trouve la musique de Leonard Bernstein complètement énorme et le jeu des comédiens ainsi que les chorégraphies de Jerome Robbins sont formidables. En revanche, j’ai été déçue par une production donnée au Théâtre du Châtelet il y a quelques années.
J’ai également eu la chance d’aller à Londres à plusieurs reprises, pour y voir des comédies musicales magnifiques comme Annie, Fiddler On The Roof ou encore The Phantom of The Opera - adaptée d’une œuvre française il ne faut pas l’oublier.
En France, je remarque que finalement on y vient tardivement mais qu’on y arrive petit à petit. Il suffit de voir le succès mondial rencontré par Notre-Dame de Paris ou par Roméo et Juliette ; et tous ceux qui ont produit de belles choses sur les scènes, comme au Palais des Sports ou ailleurs.
Tous les producteurs ont quand même la reconnaissance de dire que nous étions des précurseurs dans le genre et que nous étions les premiers dans les années 80 à proposer cela aux spectateurs.
Etes-vous une spectatrice qui aime se rendre à Londres ou à New-York ?
Bien sûr, d’ailleurs, j’adorerais retourner passer un week-end à Londres et y emmener ma petite-fille qui adore ça aussi ! Maintenant, avec le train, la comédie musicale est à la portée de tous.
La tournée précédente à peine terminée, vous avez démarré celle de votre nouveau spectacle Happy Birthday Marie-Rose.
Marie-Rose revient-elle avec tous les personnages qui composent son univers, dans un spectacle remis au goût du jour, comme le précédent ?
Dans le précédent, les décors étaient des projections animées en 3D. Cela n’avait pas de charme et je me sentais un peu perdue au milieu de toute cette mécanique.
Pour celui-ci, c’est différent. C’est une sorte de « best-of » de tous mes spectacles. Il y a par exemple le fameux soulier qui vole d’origine lorsque j’arrive sur scène.
Nous avons débuté la tournée en province l’année dernière mais le spectacle sera présenté pour la toute première fois à Paris les 14 et 15 novembre prochains au Palais des Congrès.
D’ailleurs, sans publicité, les places se vendent comme des petits pains.
A Paris, je m’attends à ce que l’émotion soit très forte. Surtout celle des parents, qui est incroyable. Ils retrouvent tous les décors en toile peinte de mes spectacles, comme le Château du Chat Botté et les tableaux incontournables comme celui du Ballet vénitien.

Quel est votre public aujourd’hui ?
C’est facile : ce sont les trentenaires ! Parents ou jeunes parents, ils emmènent leurs enfants en se disant « Tiens, il y a Chantal Goya, allons‑y tous ensemble, cela nous rappellera notre enfance ! ». C’est la folie ! Leur énergie est très galvanisante !
Quels sont les meilleurs souvenirs liés à vos spectacles ?
Les tournées à travers la France, évidemment, mes grands spectacles au Palais des Congrès, les villes comme Nouméa, Tahiti devant 15 à 20 000 personnes ou encore le Liban, où je viens de donner cinq représentations à Beyrouth. A chaque fois, la même émotion et le même public qu’en France : de jeunes parents avec leurs enfants. Je ne sais pas s’ils se passent le mot, mais en tout cas ils sont là avec la même sensibilité. Tous ces moments sont magiques.
A Lille, j’ai le souvenir d’une ambiance plus que chaleureuse. Ce n’était plus l’ambiance d’un spectacle pour enfants, mais celui d’un match de football tellement les parents chantaient, criaient et tapaient du pied !
30 ans de scène, avec des hauts et des bas qui vous ont un peu éloignée des projecteurs , cependant, vous n’avez pourtant jamais arrêté ! En 2008, vous revenez avec Le Mystérieux Voyage de Marie Rose, un spectacle qui vous tenait particulièrement à cœur avec de nouveaux décors en 3D ; était-ce une façon de boucler la boucle ?
Les histoires d’avant, je n’y pense plus. C’est vrai que ce spectacle me tenait à cœur car c’est un très beau spectacle qui m’était d’ailleurs souvent réclamé par le public. Comme je le disais tout à l’heure, bien que nous ayons rencontré beaucoup de succès avec cette nouvelle version, je n’étais pas très à l’aise avec toute cette technologie.
Mais je n’étais pas dans cet état d’esprit de boucler la boucle par rapport à l’émission [NDRL : l’émission télé « Le Jeu de la Vérité »]. Je pense plutôt que les jeunes, qui étaient enfants en 1985 et qui soudainement ont « perdu » Marie-Rose, sont devenus les adultes d’aujourd’hui qui viennent à mes spectacles, avec leurs enfants.
Ce maillon-là, il s’est soudé d’une façon tellement forte ! C’est indestructible. On sera toujours ensemble.
Avez-vous éprouvé le désir de vous éloigner quelque temps de ce personnage afin de vous consacrer à d’autres projets, comme le cinéma ou la scène ? Jean-Jacques Debout a par exemple composé la comédie musicale Paul et Virginie avec Emmanuel Curtil et Claire Keim, s’éloignant de l’univers féérique qu’il vous a conçu…
Sincèrement, je ne me sens pas à l’aise quand je ne suis pas dans mon univers. Je ne sais pas le faire. Pourtant, j’ai tourné sous la direction de Jean-Luc Godard et joué aux côtés de Michel Serrault et Gérard Depardieu. Mais pour l’instant, j’ai des projets jusqu’à fin 2010 et là où je me sens le mieux, c’est sur scène. Faire l’actrice, plus tard, pourquoi pas. Peut-être qu’un jour, grâce à la technologie d’aujourd’hui, on réalisera une aventure fantastique autour du personnage de Marie-Rose pour les enfants.
Vous et Jean-Jacques Debout avez inventé la comédie musicale pour enfants. Etes-vous attentive aux spectacles jeune public qui semblent émerger ?
Bien sûr ! Dans les dernières productions, j’ai trouvé la comédie musicale Kirikou très réussie et très belle, à l’image du film, et Le Roi Lion est aussi une très belle référence. En revanche, je n’ai pas eu le temps de voir Le Soldat Rose ; mais c’est important d’avoir ce genre de spectacles pour les enfants. Cela leur laisse des souvenirs et nourrit leur imagination.
Le 23 septembre sortira Des poussières d’étoiles dans les yeux chez Flammarion. Que pouvez-vous nous dire au sujet de cette autobiographie ?
Le titre m’est venu à l’issue d’une représentation où une jeune maman m’a dit, tellement émue en me revoyant sur scène parce que je lui rappelais son enfance, que son petit garçon lui a demandé pourquoi elle pleurait alors qu’il y avait Marie-Rose sur scène. Elle lui a alors répondu qu’elle avait de la poussière d’étoiles dans les yeux.
J’ai trouvé cela très joli et cela correspond assez bien à ma vie.
J’ai donc fait cet ouvrage avec Jacques Pessis, avec lequel j’avais déjà écrit un livre il y a quelques années, intitulé Tu t’appelles Chantal Goya comment ?. Je trouvais qu’il m’avait bien comprise.
On a donc travaillé ensemble pendant six mois et il en ressort un livre qui résume assez bien ma vie, ponctué de photos et d’anecdotes inédites comme des évènements qui se sont produits alors que j’étais en tournée à Madagascar. C’est un ouvrage très différent de mon précédent livre, La Niaque, qui n’a malheureusement pas été très bien distribué.
Evidemment, je reviens sur l’épisode du « Jeu de la Vérité », même s’il n’y a rien de nouveau. Par contre, on y raconte toutes les belles choses qui se sont passées entre-temps et ma petite fille de 18 ans, qui a trouvé le livre génial, a découvert des choses qu’elle ignorait auparavant. C’est bon signe !
Du reste, le 25 octobre, chez Fixot, Jean-Jacques Debout sort aussi son autobiographie, un peu plus conséquente cependant car il a connu beaucoup de monde par rapport à moi. Elle s’intitulera Ma vie à dormir debout.
Quels sont vos projets ?
La tournée reprend bientôt et passera par Clermont-Ferrand, Metz, Nancy, Strasbourg, Liège, Bruxelles et se poursuivra jusqu’en en 2010. Il y a évidemment des interviews et des reportages liés à la promotion du livre et du spectacle. Je caresse l’espoir de retourner un jour au Vietnam. Je n’y suis jamais revenue depuis mon départ et ce serait une idée qu’un reportage vienne saisir mes émotions. Ce pays, où je suis née, m’a beaucoup apporté.
A Noël, pour fêter l’anniversaire de Marie-Rose, sortira un coffret collector regroupant les trois DVD de mes spectacles ainsi que des cartes postales et d’autres surprises.
Il y a toujours le projet de mes chansons en dessins animés mais je prends mon temps car je tiens à ce que le personnage de Marie-Rose soit bien dessiné et fidèle à l’image que les spectateurs se font du personnage quand il est sur scène.
Enfin, nous commençons déjà à regarder les décors du prochain spectacle. Ce sera une reprise de mon spectacle L’étrange Histoire du Château Hanté créé en 1989 et qui avait réuni à l’époque 200 000 spectateurs. D’ailleurs, six représentations au Palais des Congrès sont d’ores et déjà prévues pour le mois de décembre 2010.
Regard en Coulisse vous propose de visionner la bande-annonce du spectacle Happy Birthday Marie-Rose :