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Hair — au Palace (Critique)

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De Gérôme Rag­ni et James Rado.
Mise en scène de Syl­vain Meyniac.

Le célèbre musi­cal rock des années 60 revient sur scène en français avec une mise en scène entière­ment revue et plus poignante. Cet hymne à la paix et à la tolérance est aujour­d’hui servi par 21 artistes sur scène avec la musique en live.

Les 21 chanteurs — danseurs – musi­ciens nous font revivre, 40 ans après sa créa­tion au Théâtre de la Porte Saint Mar­tin avec Julien Clerc, le spec­ta­cle phare de la péri­ode Peace and Love. Sur les célèbres chan­sons Let the sun shine, Aquar­ius, I got life, vous assis­terez à un spec­ta­cle célébrant la lib­erté, la sen­su­al­ité, la joie de vivre dans une fête per­pétuelle et colorée.

A l’heure où partout dans le monde se livre la guerre con­tre le Sida le spec­ta­cle est en parte­nar­i­at avec Sidac­tion et soutenu par Pierre Bergé. 30% des béné­fices seront rever­sés à l’association.

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Notre avis (Cri­tique parue lors des représen­ta­tions au Théâtre du Gym­nase, mars 2011) :
Après une pro­duc­tion en 2009 dont on peut dire qu’elle était au mieux atem­porelle et au pire anachronique, Hair revient à Paris dans une ver­sion plus con­forme à l’originale.

Certes, l’adaptation française est la même, celle qui alterne chan­sons en anglais et en français et qui exclut la référence à la Guerre du Viet­nam. Mais la nou­velle mise en scène de Syl­vain Mey­ni­ac, égale­ment auteur de l’adaptation, parvient cette fois à éviter les ten­ta­tives grossières de trans­po­si­tion mod­erne de la cul­ture hip­pie en sup­p­ri­mant toute men­tion explicite au temps, à part peut-être Madame… Boyle. Seul le parte­nar­i­at asso­ci­atif laisse penser que le spec­tre du SIDA a rem­placé celui de la guerre, ce qui sup­pose une tribu contemporaine.

La sup­pres­sion du con­texte extérieur à la tribu se fait claire­ment au détri­ment de l’intrigue, un manque que le jeu des acteurs ne parvient pas à combler. Le seul per­son­nage auquel la durée réduite du spec­ta­cle (90 min­utes) nous laisse le temps de s’attacher est Berg­er, inter­prété par Lau­rent Ban qui truste le devant de la scène. Il écrase au pas­sage bien involon­taire­ment son parte­naire Lau­rent Mar­i­on (Claude), moins présent vocale­ment. De fait, l’émotion qui envahit le pub­lic lors de la dernière scène provient plus de la force des chœurs sur le titre emblé­ma­tique « Let The Sun­shine In » que de la dis­pa­ra­tion de ce per­son­nage pour­tant cen­tral et qui va dans le mur.

A défaut de fil con­duc­teur clair, le spec­ta­cle peut s’apprécier pleine­ment comme une suite de tableaux chan­tés par une troupe d’acteurs et de musi­ciens live hyper motivée et par­faite­ment rodée après une pre­mière par­tie de tournée en province. Les scènes de groupe sont exé­cutées de façon naturelle dans un désor­dre organ­isé qui sonne juste. La scène de l’orgie, notam­ment, aurait pu être car­i­cat­u­rale mais parvient à dégager beau­coup de sen­su­al­ité et à cho­quer les esprits con­ser­va­teurs dans la salle. On notera le duo plein d’émotion entre Lau­rent Ban et Régis Olivi­er sur « What A Piece of Work Is Man », la presta­tion de Camille Tur­lot avec la bonne dose de folie mal­saine sur « Sodomy » et l’hymne d’introduction « Aquar­ius » mag­nifique­ment maîtrisé par Anand­ha Seetha­nen qui défrise le pub­lic d’entrée de jeu.

Il ne faut donc surtout pas rater l’occasion de voir ce beau spec­ta­cle musi­cal vivant qui ne se joue que pour quelques dates à Paris.