
Paroles et musique : Frank Loesser
Livret : Abe Burrows et Jo Swerling d’après une histoire de Damon Runyon
Création
New York, 24 novembre 1950 au 46th Street Theatre (1200 représentations)
Londres, 28 mai 1953 au Coliseum (555 représentations)
Chansons
Ouverture, Fugue for Tinhorns, Follow the Fold, The Oldest Established, I’ll Know, A Bushel and a Peck, Adelaide’s Lament, Guys and Dolls, Havana, If I Were a Bell, My Time of Day, I’ve Never Been in Love Before, Take Back Your Mink, More I Cannot Wish You, The Crap Game Dance, Luck Be A Lady, Sue Me, Sit Down, You’re Rockin’ the Boat, Marry the Man Today.
Synopsis
Nathan Detroit est le patron d’un établissement de jeux illicite situé en plein Broadway mais dont l’adresse change régulièrement pour prévenir les descentes de police. Récemment, Nathan a entrepris de louer le garage de Joe Biltmore pour faire vivre son affaire, mais il lui manque mille dollars pour parvenir à ses fins. De plus, il est harcelé par Adélaïde, sa petite amie chanteuse de cabaret, à qui il promet sans cesse le mariage avant de l’annuler pour cause de dettes. Il fait alors un pari avec Sky Masterson, un joueur professionnel et séducteur bien connu. Ce dernier se vante de pouvoir dîner le soir même avec n’importe quelle fille dans un restaurant appelé « La Havane ». Nathan le met au défi d’inviter Sarah Brown, une jeune femme travaillant à l’Armée du Salut et peu susceptible de céder aux avances de Sky. S’il échoue auprès de Sarah, Sky paiera mille dollars à Nathan qui pourra alors louer le garage de Biltmore. Contre toute attente, Sarah accepte l’invitation de Sky à la condition, seulement, que le jeune homme fasse venir douze pêcheurs repentis à l’Armée du Salut. Sarah et Sky ne tardent pas à tomber amoureux l’un de l’autre. Mais la jeune salutiste finit par comprendre que sa rencontre avec Sky n’est pas le fruit du hasard mais plutôt celui d’un pari et refuse de le revoir. Elle est par ailleurs confrontée à une menace de fermeture de la mission pour laquelle elle travaille, faute de personnes à venir en aide. Aidé de ses comparses joueurs qui se feront passer pour des nécessiteux, Sky sauvera la mission et regagnera le coeur de Sarah. Les deux amants se marieront le même jour que Nathan et Adélaïde.
Le thème
La particularité de Guys and Dolls est d’avoir saisi l’atmosphère frénétique de la rue, où se passe l’essentiel de l’action, dans le Broadway des années 30 et d’en avoir fait un mythe. Par ailleurs, si le spectacle, en décrivant les chassés-croisés amoureux de deux couples, l’un romantique, l’autre comique, s’inscrit dans une certaine tradition de la comédie musicale de cette époque, il se différencie par son utilisation originale de la musique qui offre une impression d’ensemble parfois presque opératique et donc, pour une comédie, très originale.
L’histoire derrière l’histoire
Bien que Guys and Dolls soit finalement devenu le cinquième plus gros succès de Broadway dans les années 50, la gestation du spectacle, inspiré d’une nouvelle de Damon Runyon, The Idyll of Miss Sarah Brown, fut longue et difficile. A l’origine, les producteurs Cy Feuer et Ernest Martin l’avaient envisagé comme une romance très sérieuse dans la veine de South Pacific de Richard Rodgers et Oscar Hammerstein II qui allait bientôt triompher à Broadway. Après avoir engagé Frank Loesser, compositeur-parolier de Where’s Charley et qui devait signer, un peu plus d’une décade plus tard, How To Succeed In Business Without Really Trying, ils virent défiler pas moins de onze librettistes avant que le projet ne devienne une vraie comédie entre les mains de Jo Swerling puis Abe Burrows, un auteur de radio et de télévision sans aucune expérience théâtrale.
Robert Alda (Sky Materson), Isabel Bigley (Sarah Brown), Sam Levene (Nathan Detroit) et Vivian Blaine (Adelaïde) tenaient le haut de l’affiche lors de la création du spectacle qui reçu un accueil critique dithyrambique lors des previews à Philadelphie. Guys and Dolls arriva, donc, à Broadway, précédé d’une flatteuse réputation. La réaction des critiques fut tout aussi chaleureuse à New York, conduisant le spectacle sur la route du succès.
Comme c’était souvent le cas à l’époque (et encore parfois aujourd’hui), le spectacle ne tarda pas à faire l’objet d’une transposition cinématographique. C’est le producteur hollywoodien Samuel Goldwyn qui paiera un million de dollars les droits d’adaptation avant de consacrer cinq millions supplémentaires à la réalisation du film, réalisé par Joseph L. Mankiewicz dont c’était le premier (et le dernier) musical. La grande surprise vint du choix de Marlon Brando et de Jean Simmons, stars dont le musical n’était pas non plus la spécialité, dans les rôles principaux. Aux côtés également de Frank Sinatra qui tenait le rôle de Nathan Detroit, on retrouvait quelques acteurs du show comme Vivian Blaine et Stubby Kaye. Par la suite, Guys and Dolls donna lieu à un grand nombre de reprises, la plus marquante restant la production de Jerry Zaks créée à Broadway en 1992 avec Peter Gallagher, Josie de Guzman, Nathan Lane et Faith Prince, en attendant, bien sûr, la production du Donmar Warehouse avec Ewan Mc Gregor (Star Wars) en Sky Materson et Jane Krakowski (de la série Ally Mc Beal) en Adélaïde.
Versions de référence
Guys and Dolls — Original Broadway cast
Avec Robert Alda, Isabel Bigley, Sam Levene, Vivian Blaine. Très bonne version quoique forcément un peu datée.
Guys and Dolls — The New Broadway Cast (1992)
Avec Peter Gallagher, Josie de Guzman, Nathan Lane, Faith Prince. Indispensable ! Comme beaucoup des revivals des années 1990 et 2000, cet enregistrement offre une version sensiblement réorchestrée d’une partition désormais classique à laquelle des interprètes contemporains haut de gamme, tels Nathan Lane (The Producers) en Nathan et Faith Prince (Bells Are Ringing) en Adelaïde, apportent une modernité tout à fait rafraichissante.
Guys and Dolls — Studio Cast, Fist Complete Recording (1995). Avec Kim Criswell. L’intérêt principal de cet enregistrement est de proposer le spectacle dans son intégralité. Mais le choix d’interprètes issus en partie du monde du lyrique alourdit considérablement la partition.
Blanches Colombes et Vilains messieurs — DVD
Version cinématographique du spectacle signée Joseph L. Mankievicz avec Marlon Brando, Jean Simmons, Frank Sinatra, Vivian Blaine. S’il souffre de quelques longueurs et d’une volonté un peu envahissante d’approfondir la psychologie des personnages (Mankiewicz est quand même l’auteur de Eve et de Chaînes conjugales), cette version cinématographique offre quelques morceaux de bravoure chorégraphiques vraiment impressionnants et le charme du duo Marlon Brando-Jean Simmons, assez à l’aise dans l’univers du musical, opère sans problème.