
Grégory Benchenafi, on vous avait rencontré à l’époque de Mike, laisse-nous t’aimer. Près d’un an après la création, quel regard portez-vous aujourd’hui sur cette expérience ?
Je porte un regard amoureux, tendre, une vraie rencontre avec le personnage. D’après les vieux roublards avec qui je peux travailler, une rencontre aussi fusionnelle n’arrive que très rarement. Au-delà du comédien, en tant qu’homme, ce rôle m’a apporté de la sérénité, de la confiance. Ce que j’en retiens c’est aussi six mois avec une équipe formidable sous la direction de Thomas [NDLR : Le Douarec]. Et puis, la nomination aux Molières, même si elle n’apporte pas grand-chose, est quand même une forme de reconnaissance à un instant T, qui est assez grisante. J’étais très fier pour ma famille, mes proches, pour ceux qui m’ont porté et supporté. J’avais promis à mes parents qu’un jour, notre nom serait connu ! Le seul regret que j’ai par rapport à cette aventure, c’est que cela n’ait pas duré plus longtemps.
Comment est arrivé ce projet de Dorian Gray ?
C’est toujours délicat quand c’est moi qui le dis parce que ça fait prétentieux, mais en fait Thomas, qui avait mis en scène ce spectacle il y a quinze ans en version théâtrale, est venu me voir un soir et m’a dit qu’il aimerait remonter Dorian Gray avec moi. C’est parti de là. Il a parlé du projet à Pascal Martinet [NDLR : directeur du Vingtième Théâtre] qui est venu voir Mike et qui, en sortant, a dit : « Je le prends ».
C’était un roman que vous aviez lu avant, qui vous parlait ?
Je connaissais l’histoire mais je ne l’avais pas lu. Quand je l’ai lu, j’ai compris tout de suite que ce serait un rôle compliqué, très loin de moi, mais c’est ça le métier d’acteur ! Il y a aussi cette langue, qu’on ne parle pas tous les jours, sophistiquée avec un cynisme qui fait mouche. Et puis personne n’oublie que je suis marseillais parce que mon accent revient parfois ! En plus Dorian a quelque chose de presque « monocorde », de froid. Même quand il est dur, cela passe plus par le regard que dans la voix. Il fallait donc trouver une diction souple et ferme à la fois.
Comment définiriez-vous l’approche musicale de la pièce ?
Le parti pris de Thomas était de ne pas faire des grandes chansons de variété. Il fallait vraiment que la musique se fonde avec l’histoire et les personnages et soit un plus à l’ambiance. Je trouve que Stefan [NDLR : Corbin, compositeur] a très bien retranscrit ça : cette grandeur et décadence de l’Angleterre victorienne.
Quels sont vos projets après Dorian ?
Je vais faire quelques opérettes avec des gens que j’aime donc je suis ravi. Et puis, j’ai mon album que j’ai enregistré sous la direction de Jasmine Roy. On est en train de finir les mixes définitifs. Ensuite, ça démarchera dur auprès des majors, des radios, des télés… Après, on croise les doigts et on touche du bois, mais je suis ravi de travailler avec Jasmine Roy, c’est un amour et une tigresse en même temps… un bourreau de travail ! C’est très agréable ! Et puis, j’ai la chance d’avoir des gens comme Patrick Bruel, Luc Plamondon, Peter Kingsbery des Cock Robin, l’équipe de Calogero, Thierry Sforza… qui ont travaillé sur mon album. Je suis très heureux parce que c’est un album qui me ressemble.
Un mot pour conclure ?
Je suis très heureux et je trouve que j’ai énormément de chance de travailler, d’avoir des projets aussi intéressants et que les gens me fassent confiance… C’est bien de le dire aussi ! Je prends beaucoup de plaisir à faire ce que je fais.