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Grégori Baquet — Fou des Zazous

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Grégori Baquet et Nina Savary dans  Zazou © Frédéric Mei
Gré­gori Baquet et Nina Savary dans Zazou © Frédéric Mei

Gré­gori Baquet, vous revoilà dans une comédie musi­cale. Com­ment êtes-vous arrivé sur Zazou ?
C’est un coup de bol. Peu avant les fêtes, j’ai pris des nou­velles de mon cama­rade Serge Le Borgne (le poète dans Roméo et Juli­ette) qui jouait dans Zazou. Il me dit « Ca tombe bien que tu m’ap­pelles, Alexan­dre Bon­stein s’en va.» Evidem­ment, ce rôle m’in­téres­sait, d’au­tant que j’avais déjà passé les audi­tions pour Zazou il y a 13 ans, à l’époque c’é­tait Chris Cam­pi­on qui avait eu le rôle. Je lui demande de par­ler de moi à l’as­sis­tant de Savary que je con­nais. Quand il a enten­du mon nom, il m’a appelé tout de suite. Il m’a demandé de pass­er, j’ai pris une par­ti­tion et un bout de texte. Je suis revenu le lende­main, j’ai vu Savary deux sec­on­des, il m’a dit « C’est bon, vas‑y, tu le fais. » 

Avec Jérôme Savary, vous vous con­naissiez déjà ?
Nos chemins se sont croisés plusieurs fois mais rien ne s’est jamais con­crétisé. Déjà, il ne m’a pas retenu pour la pre­mière créa­tion de Zazou alors qu’il m’avait dit qu’il m’avait trou­vé for­mi­da­ble lors de l’au­di­tion. Ensuite il a fait ce spec­ta­cle sur Trenet, Y’a de la joie et de l’amour, pour lequel il m’avait retenu. On a eu une mésen­tente car il m’avait demandé de venir faire une pho­to à moitié dénudé pour une affiche. Je lui ai dit que je ne la fai­sais pas tant que je n’avais pas un con­trat d’en­gage­ment. On s’est engueulé et il m’a dit de par­tir. Il a vu mes par­ents lors d’un fes­ti­val et il leur a dit « Gré­gori, je le trou­ve super, il a beau­coup de tal­ent, mais alors quand il sera un peu moins fier de lui, je l’en­gagerai !» Du coup, là, comme c’est moi qui ai appelé et qui ai demandé à tra­vailler avec lui, ça l’a sans doute ras­suré, il n’y a pas eu de problème.

Vous êtes le seul nou­veau pour la reprise du spec­ta­cle aux Folies Bergère. N’est-ce pas dif­fi­cile d’in­té­gr­er une troupe qui joue déjà ensem­ble depuis plusieurs mois ? 
Beau­coup me con­nais­saient déjà, j’avais déjà joué avec cer­tains d’en­tre eux. Je ne me sens pas en ter­rain incon­nu, je me sens plutôt bien. J’ai de très bons parte­naires. Nina Savary a une per­son­nal­ité éton­nante. J’avais un peu peur parce que c’é­tait  » la fille de « , mais elle est adorable. D’ailleurs, son père aus­si m’é­pate, il mène vrai­ment bien sa barque.

Vous reprenez le rôle qu’in­ter­pré­tait Alexan­dre Bon­stein lors des représen­ta­tions à l’Opéra Comique…
Ca ne me dérange pas de repren­dre un rôle, ça m’a­muse. Ca m’arrange même, moi qui n’aime pas répéter pen­dant deux mois. Là, je n’ai pas eu le temps de m’en­nuy­er, j’ai répété qua­tre fois et c’est par­ti ! J’ai vu Alexan­dre dans le rôle. J’ai repéré les moments où j’al­lais lui piquer des choses et ceux où j’al­lais faire dif­férem­ment. J’au­rais bien aimé qu’il soit là pour m’aider mais il était en répéti­tion pour sa comédie musi­cale, Créa­tures. C’est un grand moment pour lui, je ne peux pas lui en vouloir. On s’est croisés très rapi­de­ment, on a par­lé cinq min­utes. Pour l’anec­dote, c’est très drôle, quand je suis ren­tré dans la com­pag­nie Roger Louret aux Folies Bergère, en 1995, c’é­tait déjà son rôle que j’ai repris dans Les Années Twist ! Il faut que je fasse atten­tion à ce qu’il fait car c’est peut-être ça que je vais faire après… Je vais peut-être repren­dre un rôle dans Créa­tures !

Zazou, est-ce un spec­ta­cle qui vous correspond ?
J’adore ce spec­ta­cle. Ca se passe dans les années 40. C’est l’his­toire d’un jeune homme qui fait par­tie d’un groupe de Zazous, ces fameux dandys parisiens qui met­taient de grandes vestes à car­reaux, se lais­saient pouss­er les cheveux et écoutaient du jazz améri­cain. Il va tomber amoureux d’une jeune fille à qui il va faire un enfant. Ils ne vont s’aimer qu’une nuit. La fille va être envoyée par son père à la cam­pagne parce que c’est la guerre. Lui va être envoyé en Alle­magne au STO. Je n’en dis pas plus. C’est une vraie belle his­toire que Savary a très bien écrite sur fond de musique zazou avec tous les grands stan­dards de l’époque. Je suis sen­si­ble à ce réper­toire. L’époque musi­cale était géniale : le swing, le be bop, ça avait la pêche… Et puis c’est l’ar­rivée des caves, de Saint Ger­main-des-Près, de Boris Vian qui a créé ses pre­miers clubs…

On est assez loin de Roméo et Juli­ette ver­sion Gérard Presgurvic…
Bien sûr, ça n’a rien à voir, ce sont deux styles très dif­férents. Et puis surtout dans Zazou, il y a douze musi­ciens dans la fos­se dirigés par Gérard Daguerre, c’est génial, ça change tout quand même ! Mais je ne regrette pas du tout d’avoir fait Roméo et Juli­ette. J’en garde un très bon sou­venir. Ca m’a apporté une pop­u­lar­ité que je ne peux pas dén­i­gr­er. C’est aus­si pour ça qu’on m’en­gage plus facilement.

Savary n’est pas très ten­dre avec ce genre de spec­ta­cles musicaux…
Oui, à la fin de chaque représen­ta­tion il fait un petit speech dans lequel il dit qu’il est fier de faire un vrai spec­ta­cle live, qu’il n’y a pas de bande comme dans tous ces spec­ta­cles play-back et karaoké. C’est un peu déma­go, un peu exagéré, mais il n’a pas tort sur le fond, finale­ment. Quitte à faire un spec­ta­cle musi­cal autant qu’il soit joué en live avec des comé­di­ens qui dansent et qui chantent. C’est mar­rant, quand Savary m’a envoyé la cas­sette vidéo du spec­ta­cle, il avait coupé ce speech pour que je ne le voie pas !

Juste avant Zazou, vous avez joué dans la pièce de théâtre La belle mémoire. Qu’avez-vous retiré de cette expérience ?
Je me suis éclaté dans cette pièce mag­nifique. Nous avons tous été un peu déçus de ne pas avoir ren­con­tré plus le suc­cès pub­lic que tout le monde sem­blait nous promet­tre. On ne s’est jamais démoral­isés une seule fois. La grande Geneviève Casile a été un bon pro­fesseur pour moi, elle m’en a fait baver, elle m’a appris plein de choses, elle m’a soutenu, on s’est soutenus. Claire Boro­tra a égale­ment été adorable, extrême­ment tal­entueuse, sans pré­ten­tion et d’une gen­til­lesse incroy­able. Et puis bien sûr j’ai ren­con­tré Alain Sachs, je suis fan total de sa façon de travailler.

En dehors de Zazou, com­ment s’an­nonce l’an­née 2004 pour vous ?
On m’a pro­posé le pre­mier rôle dans une pièce de théâtre écrite par Michaël Cohen, qui est aus­si comé­di­en. C’est une très jolie pièce qui a pour titre Le soleil est rare. On fait des lec­tures fin jan­vi­er au Théâtre de l’Oeu­vre pour trou­ver des pro­duc­teurs. Cet été, je serai à Mon­treux, en Suisse, pour jouer dans une comédie musi­cale, plutôt opéra rock, écrite par Antoine Her­bez et Jakob Vinge, un com­pos­i­teur alle­mand dont les har­monies me font penser un peu à du Kurt Weill. Ca s’ap­pelle Piz­za, pierre et poésie et ce sera mis en scène par Pierre-Loup Rajot. On com­mence les répéti­tions le 15 juil­let et on joue une dizaine de fois à par­tir de fin août. Côté ciné­ma, le film Grande Ecole de Robert Salis, que j’ai tourné il y a un an et demi, sort enfin le 4 févri­er. De mon côté, j’écris le scé­nario d’un long métrage que j’aimerais bien réalis­er. Je voudrais bien pro­pos­er le pre­mier rôle à Jean Rochefort. Vous voyez, je n’ai pas le temps de m’ennuyer !