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Gospel sur la Colline (Critique)

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gospel-sur-la-collineDe Ben­jamin Faleyras.
Mise en scène : Jean-Luc Moreau.
Direc­tion musi­cale : Patrice Peyriéras.
Avec : Firmine Richard, Dominique Magloire, Myra Maud, Ilan Evans, Car­la Estar­que, Jean-Michel Vaubi­en, Marc Thomas, Jean-Luc Guizonne, Manu Vince, Sharon Glo­ry, Olivi­er Constantin,

Gospel sur la colline c’est le Sud des Etats-Unis dans les années 50 et la vie facétieuse d’une petite église haute en couleur et rem­plie d’émotion. Dans la plus pure tra­di­tion de la musique noire améri­caine, plus de 40 chanteurs, acteurs, musi­ciens et danseurs vous fer­ont partager la fer­veur, la joie mais aus­si les peines, d’une paroisse tou­jours débor­dante de vie !

Notre avis:
Si Dieu existe, il doit pass­er, chaque soir, un mer­veilleux moment depuis quelques jours, tant il se retrou­ve célébré à out­rance sur la scène des Folies Bergère, depuis la Pre­mière de Gospel sur la Colline. L’amour, la paix, la tolérance… et la musique, cette créa­tion musi­cale présen­tée « en pre­mière mon­di­ale » est un fes­ti­val de louanges passionnées !
Dans cette Louisiane de 1951, où règne encore la ségré­ga­tion –nous sommes dix ans avant le dis­cours mémorable de Mar­tin Luther King– la vie des noirs améri­cains s’organise autour de l’église. Lieu de culte, elle est aus­si et surtout un lieu social où se retrou­ve une com­mu­nauté, unie par sa foi et sa couleur de peau. S’y croisent autant de per­son­nages que de des­tins: les futurs mar­iés, dont les familles se chamail­lent, le jeune John qui ne vit que pour le rock’n’roll, Suzy, la fille de mau­vaise vie, ou le Révérend Gédéon bien décidé à bâtir une nou­velle église sur la colline, où s’assiéraient ensem­ble noirs et blancs.
Après un démar­rage bien lent, où chaque tableau est inutile­ment ponc­tué d’une tran­si­tion par­lée de Firmine Richard, le spec­ta­cle monte peu à peu en puis­sance. Des offices religieux aux champs de coton, en pas­sant par le cabaret l’Alcazar, les voix s’élèvent –si ce n’est vers Dieu, du moins vers le pub­lic– et les per­son­nages se livrent : rêves, souf­frances, remords et espoirs, chaque sen­ti­ment est pré­texte à louer Dieu, dans l’exubérance, la chaleur, et par­fois l’émotion. L’intrigue finit alors enfin par pren­dre forme et le rythme par s’accélérer. Se déroulant en qua­si-total­ité dans l’église (les décors sont des images incrustées sur écran), le deux­ième acte est, en revanche, beau­coup plus proche du con­cert, par­fois inter­ac­t­if. Après un ser­mon déli­rant du pas­teur (Ilan Evans), dans une frénésie et une euphorie élec­trique, bal­lades et gospels déchainés alter­nent mais sans réelles intrigues, si ce n’est des rebondisse­ments instan­ta­nés à la facil­ité décon­cer­tante. Le tal­ent vocal des artistes, leur charisme, leur réel ent­hou­si­asme, pal­lient, cepen­dant à cette absence totale d’actions. Car c’est bien sur cette troupe inédite que repose la force de ce musi­cal. Autour de Dominique Magloire, de Jean-Luc Guizonne (inou­bli­able Mufasa du Roi Lion) ou de Jean-Michel Vaubi­en (Avenue Q, Swing­ing Life, D.I.S.C.O.) une trentaine de chanteurs assure le show. Par­mi eux, Car­la Estar­que, Man Vince ou le croon­er Marc Thomas sont d’étonnantes sur­pris­es. Tous don­nent vie aux musiques orig­i­nales signées Ben­jamin Faleyras, un gospel mod­erne très jazzy voire rock’n’roll. Sig­nalons d’ailleurs pour s’en féliciter l’absence totale de bande-son. Neuf musi­ciens présents sur scène, inter­prè­tent en direct tous les titres. C’est rare et appréciable.
En bas­ant leur spec­ta­cle sur un genre musi­cal, les équipes de Gospel sur la Colline ont assuré­ment atteint leur but musi­cale­ment, mais ils ont nég­ligé, et c’est dom­mage, dia­logues et intrigue. Face à un thème général grave, on aurait aimé un réc­it plus tra­vail­lé, un scé­nario moins sim­pliste et des per­son­nages moins car­i­cat­u­raux. Restent une vraie énergie, large­ment com­mu­nica­tive, une troupe de chanteurs-danseurs aux per­for­mances (et aux corps !) impec­ca­bles, et une vraie célébra­tion du Gospel, partagée avec toute la salle. Au final, l’amour tri­om­phe et les cuiv­res explosent. Alléluia ! Dieu existe, je l’ai ren­con­tré aux Folies Bergère.