De naissance modeste, le jeune Verdi montre des dons exceptionnels pour la musique, ce qui lui amène un protecteur pour financer ses études musicales. Il épouse d’ailleurs la fille de celui-ci. Sans aucune référence, il présente son premier opéra Oberto, Comte de Bonifacio (1839) à la Scala de Milan. Grâce au soutien d’une jeune soprano Giuseppina Strepponi, la partition est acceptée et les représentations connaissent un succès qui permet au jeune compositeur de s’installer dans le métier avec de grands espoirs.
Des débuts laborieux
Les années qui suivent le voient composer des opéras inégaux au kilomètre. Le pire moment de sa vie survient en 1840–42 lorsque ses deux enfants et sa femme meurent successivement et qu’il doit néanmoins honorer la commande d’un opéra-bouffe (!) qui se révèle d’ailleurs être un échec ! Cet épisode funeste le fera renoncer pour longtemps au comique. Ses autres oeuvres sont inspirées de personnages et d’événements historiques. Il marque une préférence pour la situation de l’opprimé contre le dominateur, ce qui prend une signification particulière quand on se rappelle que l’Italie est à l’époque morcelée en une constellation d’états dont la plupart sous le joug autrichien.. Le public ne s’y trompe pas et reconnaît sa situation dans un pays occupé. Le chant des juifs persécutés « Va pensiero », extrait de Nabucco, devient ainsi un hymne de l’aspiration à la liberté. D’ailleurs, sur tous les murs du pays, fleurissent alors de mystérieuses inscriptions ? Viva VERDI ! ? qui signifient en fait Vive Victor Emmanuel Roi D’Italie (le prétendant au trône d’une Italie unie face à l’opresseur) !
L’autre aspect remarquable de ces années de galère réside dans l’attirance de Verdi pour les grands textes de théâtre dans lesquels il recherche des personnages forts. Il rompt ainsi avec les livrets médiocres uniquement prétextes à des acrobaties verbales, en vigueur à cette époque. Il trouve dans Victor Hugo, Schiller et surtout Shakespeare la matière à satisfaire son sens dramatique. Enfin, il affirme la prééminence de la mélodie: quelle que soit la gravité de la situation, la musique restera belle.
Le succès est enfin au rendez-vous
A force de persévérance, Verdi connaît coup sur coup trois succès fracassants avec ce qui devient sa trilogie vériste : Rigoletto (1851), Le Trouvère (1853) et La Traviata (1853). Il compose ce dernier en pensant à la femme qui lui a mis le pied à l’étrier et qui est devenue sa compagne pour la vie, Giuseppina Strepponi. Le compositeur s’installe pour un demi-siècle au sommet de l’opéra italien. Libérés des contraintes matérielles, il peut composer avec plus de sérénité, et il espace ses créations. Avec un métier sûr, des opéras comme Les vêpres siciliennes (1855) Un bal masqué (1859), La force du destin (1862), Don Carlos (1867), Aïda (1871) naissent sous sa plume pour entrer directement au répertoire.
L’apothéose finale
L’homme public parcourt l’Europe où il est partout demandé et célébré. Après l’unification italienne, il est élu au Sénat où il exerce un mandat de cinq ans. Il crée Don Carlos à Paris. Aïda résulte d’une commande du vice roi d’Egypte à l’occasion de l’inauguration de l’Opéra du Caire. Après tant de succès et de reconnaissance, sa vie d’artiste, déjà bien remplie, connaît un final exceptionnel. Il croise un jeune librettiste Arrigo Boïto, avec lequel il réarrange Simon Boccanegra, opéra dont il était peu satisfait. Ensuite les deux collaborateurs livrent au public ébloui les magnifiques Otello (1887) et Falstaff (1893) d’après les oeuvres du grand Shakespeare tant vénéré. C’est avec ces opéras que Verdi termine sa carrière.
Le compositeur s’éteint en 1901, et l’Italie entière pleure sa disparition, tout comme les amateurs d’opéra du monde entier. Le grand chef d’orchestre Arturo Toscanini dirige l’hommage musical. Aujourd’hui, ses oeuvres vivent encore nombreuses dans le répertoire. Pour leur puissance dramatique alliée à la beauté incomparable de la musique, les opéras de Verdi resteront à jamais parmi les grands favoris du public.