Accueil Grands auteurs Giuseppe Verdi 1813 — 1901 — La force du destin

Giuseppe Verdi 1813 — 1901 — La force du destin

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Giuseppe Verdi ©DR
Giuseppe Ver­di ©DR

De nais­sance mod­este, le jeune Ver­di mon­tre des dons excep­tion­nels pour la musique, ce qui lui amène un pro­tecteur pour financer ses études musi­cales. Il épouse d’ailleurs la fille de celui-ci. Sans aucune référence, il présente son pre­mier opéra Ober­to, Comte de Boni­fa­cio (1839) à la Scala de Milan. Grâce au sou­tien d’une jeune sopra­no Giusep­pina Strep­poni, la par­ti­tion est accep­tée et les représen­ta­tions con­nais­sent un suc­cès qui per­met au jeune com­pos­i­teur de s’in­staller dans le méti­er avec de grands espoirs.

Des débuts laborieux 
Les années qui suiv­ent le voient com­pos­er des opéras iné­gaux au kilo­mètre. Le pire moment de sa vie survient en 1840–42 lorsque ses deux enfants et sa femme meurent suc­ces­sive­ment et qu’il doit néan­moins hon­or­er la com­mande d’un opéra-bouffe (!) qui se révèle d’ailleurs être un échec ! Cet épisode funeste le fera renon­cer pour longtemps au comique. Ses autres oeu­vres sont inspirées de per­son­nages et d’événe­ments his­toriques. Il mar­que une préférence pour la sit­u­a­tion de l’op­primé con­tre le dom­i­na­teur, ce qui prend une sig­ni­fi­ca­tion par­ti­c­ulière quand on se rap­pelle que l’I­tal­ie est à l’époque morcelée en une con­stel­la­tion d’é­tats dont la plu­part sous le joug autrichien.. Le pub­lic ne s’y trompe pas et recon­naît sa sit­u­a­tion dans un pays occupé. Le chant des juifs per­sé­cutés « Va pen­siero », extrait de Nabuc­co, devient ain­si un hymne de l’aspi­ra­tion à la lib­erté. D’ailleurs, sur tous les murs du pays, fleuris­sent alors de mys­térieuses inscrip­tions ? Viva VERDI ! ? qui sig­ni­fient en fait Vive Vic­tor Emmanuel Roi D’I­tal­ie (le pré­ten­dant au trône d’une Ital­ie unie face à l’opresseur) !

L’autre aspect remar­quable de ces années de galère réside dans l’at­ti­rance de Ver­di pour les grands textes de théâtre dans lesquels il recherche des per­son­nages forts. Il rompt ain­si avec les livrets médiocres unique­ment pré­textes à des acro­baties ver­bales, en vigueur à cette époque. Il trou­ve dans Vic­tor Hugo, Schiller et surtout Shake­speare la matière à sat­is­faire son sens dra­ma­tique. Enfin, il affirme la préémi­nence de la mélodie: quelle que soit la grav­ité de la sit­u­a­tion, la musique restera belle.

Le suc­cès est enfin au rendez-vous
A force de per­sévérance, Ver­di con­naît coup sur coup trois suc­cès fra­cas­sants avec ce qui devient sa trilo­gie vériste : Rigo­let­to (1851), Le Trou­vère (1853) et La Travi­a­ta (1853). Il com­pose ce dernier en pen­sant à la femme qui lui a mis le pied à l’étri­er et qui est dev­enue sa com­pagne pour la vie, Giusep­pina Strep­poni. Le com­pos­i­teur s’in­stalle pour un demi-siè­cle au som­met de l’opéra ital­ien. Libérés des con­traintes matérielles, il peut com­pos­er avec plus de sérénité, et il espace ses créa­tions. Avec un méti­er sûr, des opéras comme Les vêpres sicili­ennes (1855) Un bal masqué (1859), La force du des­tin (1862), Don Car­los (1867), Aïda (1871) nais­sent sous sa plume pour entr­er directe­ment au répertoire.

L’apothéose finale
L’homme pub­lic par­court l’Eu­rope où il est partout demandé et célébré. Après l’u­ni­fi­ca­tion ital­i­enne, il est élu au Sénat où il exerce un man­dat de cinq ans. Il crée Don Car­los à Paris. Aïda résulte d’une com­mande du vice roi d’E­gypte à l’oc­ca­sion de l’in­au­gu­ra­tion de l’Opéra du Caire. Après tant de suc­cès et de recon­nais­sance, sa vie d’artiste, déjà bien rem­plie, con­naît un final excep­tion­nel. Il croise un jeune libret­tiste Arri­go Boï­to, avec lequel il réarrange Simon Boc­cane­gra, opéra dont il était peu sat­is­fait. Ensuite les deux col­lab­o­ra­teurs livrent au pub­lic ébloui les mag­nifiques Otel­lo (1887) et Fal­staff (1893) d’après les oeu­vres du grand Shake­speare tant vénéré. C’est avec ces opéras que Ver­di ter­mine sa carrière.

Le com­pos­i­teur s’éteint en 1901, et l’I­tal­ie entière pleure sa dis­pari­tion, tout comme les ama­teurs d’opéra du monde entier. Le grand chef d’orchestre Arturo Toscani­ni dirige l’hom­mage musi­cal. Aujour­d’hui, ses oeu­vres vivent encore nom­breuses dans le réper­toire. Pour leur puis­sance dra­ma­tique alliée à la beauté incom­pa­ra­ble de la musique, les opéras de Ver­di res­teront à jamais par­mi les grands favoris du public.